Durant quatre mois, un consortium de médias internationaux regroupant 50 journalistes représentant 13 médias, dont The Guardian, Der Spiegel, Le Monde ou encore l’AFP, a mené une enquête sur les journalistes morts à Ghaza en couvrant l’effroyable guerre faite au peuple palestinien. «Ces investigations révèlent un constat glaçant : nombre d’entre eux ont été ciblés alors même qu’ils étaient identifiables en tant que journalistes», révèle l’organisation Forbiddden Stories qui a coordonné cette enquête.
Je viens de terminer une mission d’une semaine à Ghaza. Ce que j’ai vu défie toute description. Dès que vous entrez au passage de Kerem Shalom et que la clôture se referme derrière vous, vous vous sentez enfermé dans un monde de dévastation.
Tandis que les épreuves du baccalauréat se déroulent actuellement en Palestine, seule une partie des candidats a passé les examens. «Quelques 40 000 lycéens de diverses filières à Ghaza ne pourront pas participer à la session des examens du bac de cette année, ce qui représente une violation sans précédent qui menace leur avenir et compromet leurs chances de s’inscrire dans les universités et collèges locaux et internationaux», déplore le Bureau gouvernemental des Médias à Ghaza.
«Washington craint que l’expansion des combats ne soit suivie d’une intervention de l’Iran pour défendre et soutenir le Hezbollah, ce qui provoquerait une intervention des Etats-Unis en soutien à Israël, si celui-ci se trouvait dans une confrontation armée majeure sur le front nord». «Ainsi, le décor est actuellement planté pour une guerre entre Israël et le Hezbollah dans laquelle Washington pourrait se glisser», résume un spécialiste de la politique étrangère américaine au Moyen-Orient.
Le Haut Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme (HCDH) a enquêté sur six attaques «emblématiques» qui éclairent sur le modus operandi de l’armée israélienne à Ghaza. Ces attaques «ont entraîné un nombre élevé de morts parmi les civils et une destruction généralisée de biens civils, soulevant de sérieuses inquiétudes au regard du droit de la guerre, aux principes de distinction, de proportionnalité et de précaution», relève le HCDH.
Avec son lot de massacres au quotidien, sa population déchirée, déchiquetée, éparpillée, déportée, Ghaza n’avait pas le cœur à la fête. En plein Aïd El Adha, la population palestinienne a continué à compter ses morts lorsqu'une nouvelle salve de raids sauvages est venue s’abattre indistinctement sur plusieurs secteurs d’El Qita’ déjà lourdement endeuillés après huit mois d’une campagne d’une extrême brutalité.
«Les crimes contre l’humanité d’extermination, de meurtre, de persécution fondée sur le genre ciblant les hommes et les garçons palestiniens, de transfert forcé, d’actes de torture et de traitements inhumains et cruels ont été commis par Israël», chargent les enquêteurs onusiens dans leur rapport qui sera présenté le 19 juin à Genève lors de la 56e session du Conseil des droits de l’homme.
«Moins de 100 camions sont entrés dans le sud de la bande de Ghaza depuis le 6 mai», a alerté hier le Programme alimentaire mondial (PAM), soit depuis le début de l’opération militaire israélienne au sud du territoire assiégé. C’est la quantité la plus faible de produits alimentaires entrés à Ghaza depuis décembre, «ce qui rend le risque de famine bien réel», s’alarme l’agence alimentaire onusienne. «Il n’y a pratiquement pas de nourriture, pas de carburant et aucune aide n’est acheminée», martèle le PAM en affirmant n’être plus en mesure d’accéder à son principal entrepôt à Rafah en raison de l’offensive en cours.
La Norvège, l’Irlande et l’Espagne ont annoncé hier, dans une démarche coordonnée, leur reconnaissance officielle de l’Etat de Palestine. Cette reconnaissance entrera en vigueur le 28 mai. L’Autorité Palestinienne, l’OLP et le mouvement Hamas ont salué avec ferveur cette décision en faveur du peuple palestinien et son droit à l’autodétermination, tandis qu’Israël a rappelé ses ambassadeurs à Oslo, Dublin et Madrid.
Les affrontements, qui ont éclaté hier dans le camp de Jénine, en Cisjordanie, après une violente incursion des forces d’occupation israéliennes, ont fait 9 morts et une douzaine de blessés, dont certains sont dans un état critique.
Le directeur de l’hôpital Kamal Adwan, au nord de la bande de Ghaza, a indiqué à l’agence Wafa que son établissement a reçu 60 morts depuis samedi, des femmes et des enfants dans leur écrasante majorité, qui ont péri dans le bombardement d’une zone d’habitation surpeuplée à Jabaliya.
L’armée sioniste a annoncé jeudi une «intensification» imminente de ses «opérations militaires au sol» à Rafah. Et alors que l’Afrique du Sud tente de faire stopper ce bain de sang annoncé en saisissant de nouveau la CIJ, les dirigeants arabes réunis à Manama, au Bahreïn, à l’occasion du 33e Sommet de la Ligue arabe, ont appelé à un «cessez-le-feu immédiat et permanent à Ghaza, l’arrêt de toutes les tentatives de déplacement forcé, la fin de toutes les formes de siège et un accès total et durable à l’aide humanitaire».
Ce 15 mai, les Palestiniens ont commémoré dans la douleur le souvenir de la «Nakba», «catastrophe» en arabe. C’est le 76e anniversaire de cet événement traumatique ancré dans la mémoire collective palestinienne.
Ce 76e anniversaire de la «Nakba» survient dans un contexte qui fait résonner avec fracas les massacres commis par l’Irgoun, la Haganah et autres milices sionistes qui ont intensifié leur action en Palestine dès l’adoption du plan de partage de l’ONU en 1947. Une véritable campagne de nettoyage ethnique qui a présidé à la naissance de l’Etat hébreu, tuant 15 000 Palestiniens et arrachant quelque 800 000 autres à leur terre. La guerre qui ravage Ghaza depuis plus de sept mois maintenant fait tragiquement écho à cet événement traumatique. Près de 70% de la population de Ghaza est constituée de réfugiés de 1948 ou de descendants de réfugiés, et donc des Palestiniens qui portent dans leur chair la mémoire douloureuse de la Nakba.
L’UNRWA a indiqué hier dans une publication sur le réseau X que «près de 360 000 personnes ont fui Rafah depuis le premier ordre d’évacuation il y a une semaine. Pendant ce temps, dans le nord de Ghaza, les bombardements et autres ordres d’évacuation ont créé davantage de déplacements et de peur pour des milliers de familles». Et d’insister : «Il n’y a nulle part où aller. Il n’y a pas de sécurité sans cessez-le-feu.»
Alors que le bilan de la guerre contre Ghaza a franchi, hier, la barre symbolique des 35 000 morts, les négociations reviennent à la case départ. Pourtant, les pourparlers semblaient avoir franchi un cap encourageant, après l’annonce par le Hamas, le lundi 6 mai, de son adhésion à une proposition de cessez-le-feu présentée par l’Egypte et le Qatar.
Lundi, le mouvement Hamas a répondu favorablement à la proposition de cessez-le-feu présentée par le Qatar et l’Egypte. Israël n’a pas tardé à exprimer son rejet de cette offre de paix, et le cabinet de guerre de Netanyahu a approuvé à l’unanimité la poursuite de l’offensive sur Rafah. Toutefois, une délégation israélienne s’est rendue hier au Caire pour poursuivre les discussions autour d’une trêve.
Le plan tant redouté d’une vaste offensive sur Rafah a franchi, hier, un cap opérationnel inquiétant : l’armée sioniste a entamé l’évacuation de la population civile de la région en commençant par les quartiers est de la ville. Cette première évacuation concernerait quelque 100 000 personnes.
Les pays médiateurs ont rencontré une délégation du Hamas pour approfondir les discussions autour d’un accord de trêve. Le mouvement dirigé par Ismaïl Haniyeh continue d’exiger un cessez-le-feu permanent et un retrait de l’armée israélienne de Ghaza, tandis que Netanyahu ne voit dans les négociations qu’un moyen de libérer les otages. Le bourreau de Ghaza n’entend pas mettre un terme au supplice des Palestiniens avant d’avoir lancé sa grande opération sur Rafah.
«Depuis le 7 octobre, 141 journalistes, ciblés directement par des missiles ou des tirs de snipers israéliens, ont été tués, des dizaines se trouvent alités dans des hôpitaux délabrés et menacés de bombardement à chaque instant, d’autres dizaines de journalistes ont été enlevés et arrêtés puis placés dans des centres de détention sans nouvelles sur leur sort», dénonce le Forum des journalistes palestiniens.