Tandis que les épreuves du baccalauréat se déroulent actuellement en Palestine, seule une partie des candidats a passé les examens. «Quelques 40 000 lycéens de diverses filières à Ghaza ne pourront pas participer à la session des examens du bac de cette année, ce qui représente une violation sans précédent qui menace leur avenir et compromet leurs chances de s’inscrire dans les universités et collèges locaux et internationaux», déplore le Bureau gouvernemental des Médias à Ghaza.
Ce samedi, quelques 89 000 élèves palestiniens en classe de terminale devaient entamer leurs épreuves du baccalauréat. Mais seuls 56% d’entre eux étaient en mesure de se présenter devant les centres d’examen, en l’occurrence les candidats de Cisjordanie, tandis que leurs camarades de la bande de Ghaza ont été privés des épreuves fatidiques du bac, ce qui représente 44% de l’ensemble des candidats, selon l’agence Wafa.
Le Bureau gouvernemental des Médias à Ghaza a déclaré à ce propos à travers un communiqué diffusé samedi : «Quelque 40 000 lycéens de diverses filières ne pourront pas participer à la session des examens du bac de cette année, ce qui représente une violation sans précédent qui menace leur avenir et compromet leurs chances de s’inscrire dans les universités et collèges locaux et internationaux».
La même instance a fait savoir que «plus de 800 000 personnes de différents niveaux d’enseignement dans la bande de Ghaza ont été privées de leur droit à l’éducation depuis le 7 octobre de l’année dernière, en raison de la guerre génocidaire menée par l’occupation sioniste criminelle dans la bande de Ghaza».
8000 élèves tués
Le ministère palestinien de l’Education et de l’Enseignement supérieur indique que 430 lycéens ont été tués dans la bande de Ghaza et 20 autres ont trouvé la mort en Cisjordanie, au cours de l’année scolaire 2023-2024. Le même département souligne que la guerre menée depuis près de neuf mois contre la population palestinienne à Ghaza a coûté la vie à 8 000 élèves ainsi que 350 enseignants, ajoutant que plus de 12 500 élèves et étudiants ont été blessés dont 2 500 sont devenus handicapés.
Sadiq Al-Khadour, porte-parole du ministère de l’Education palestinien, cité par l’agence Wafa, a déclaré en outre au premier jour des épreuves qu’«il existe 307 bâtiments scolaires publics dans la bande de Ghaza dont 286 ont subi des dommages», signalant que des dizaines d’établissements scolaires ont été entièrement détruits par l’armée israélienne. «85% des établissements d’enseignement sont hors service à Ghaza», appuie le Bureau des Médias.
Sadiq Al-Khadour fera en outre remarquer que «les dégâts causés aux infrastructures ne se limitent pas aux bâtiments, car il y a les destructions qui ont affecté les réseaux de communication et d’électricité, d’où la difficulté de se tourner vers le e-learning à court terme, même après la fin de l’agression».
Wafa précise que le ministère palestinien de l’Education «a élaboré des plans pour sauver l’année scolaire en utilisant les moyens disponibles à tous les niveaux d’enseignement, dont la mise en œuvre nécessite l’arrêt de l’agression». La bande de Ghaza a besoin d’au moins 4 500 salles de classe d’après les estimations des autorités palestiniennes. Depuis le 7 octobre 2023, «630 000 élèves de la bande de Ghaza sont privés de leur droit à l’éducation», note l’agence de presse palestinienne. A ceux-là s’ajoutent «88 000 étudiants universitaires et 80 000 enfants en âge d’entrer à la maternelle».
«Génocide scolaire»
Wafa parle carrément de «génocide scolaire». Un terme similaire était employé en avril dernier par des experts de l’ONU. Alertant sur l’ampleur de la destruction des infrastructures pédagogiques à Ghaza, ils ont utilisé le mot «scolasticide» pour décrire cette destruction systémique des établissements scolaires.
«Avec plus de 80 % des écoles de Ghaza endommagées ou détruites, écrivaient-il, il est raisonnable de se demander s’il n’existe pas un effort intentionnel visant à détruire complètement le système éducatif palestinien, une action connue sous le nom de ‘scolasticide’».
Cela fait référence, expliquent-ils dans leur communiqué, à «l’anéantissement systémique de l’éducation par l’arrestation, la détention ou le meurtre d’enseignants, d’étudiants et de membres du personnel, ainsi que par la destruction des infrastructures éducatives».
Ils ont avancé d’autres chiffres alarmants pour étayer leur propos : «Plus de 5 479 étudiants, 261 enseignants et 95 professeurs d’université ont été tués à Ghaza depuis le 7 octobre 2023 (jusqu’à la mi-avril, date de la publication de leur rapport, ndlr), et plus de 7 819 étudiants et 756 enseignants ont été blessés.
En outre, au moins 60 % des établissements d’enseignement, dont 13 bibliothèques publiques, ont été endommagés ou détruits et au moins 625 000 étudiants n’ont pas accès à l’éducation». Et d’alerter : «Ces attaques ne sont pas des incidents isolés. Elles présentent un schéma systématique de violence visant à démanteler les fondements mêmes de la société palestinienne».
Ils poursuivent : «Les attaques persistantes et cruelles contre les infrastructures éducatives à Ghaza ont un impact dévastateur à long terme sur les droits fondamentaux des gens à apprendre et à s’exprimer librement, privant ainsi une autre génération de Palestiniens de leur avenir. Lorsque les écoles sont détruites, les espoirs et les rêves le sont aussi».
43 morts à Ghaza-ville
Le bilan de la guerre contre Ghaza a grimpé à 37598 morts et 86032 blessés, selon le ministère de la Santé de Ghaza. D’après la même source, 3 massacres ont été commis en 24 heures, entre samedi et dimanche, faisant 47 morts et 121 blessés. Plusieurs raids ont été menés hier dans la bande de Ghaza, au 261e jour de la campagne militaire israélienne.
Ces nouvelles attaques ont ciblé notamment divers secteurs de la ville de Ghaza ainsi que la ville de Rafah de même que le camp de Nousseirat, au centre de l’enclave.
Selon l’agence Wafa, 8 Palestiniens ont été tués et plusieurs autres ont été blessés ce dimanche suite à des bombardements ayant ciblé le quartier de Sabra, au sud de la ville de Ghaza. Par ailleurs, 5 personnes ont été tuées et 7 ont été blessées, dont des femmes et des enfants, suite au bombardement hier du siège de l’UNRWA à Tall El Hawa, au sud-ouest de la ville de Ghaza.
En outre, 3 civils ont péri dans un raid aérien ce même dimanche, à l’aube, qui a visé un immeuble d’habitation près de Bordj Djawhara, toujours à Ghaza-ville. Deux autres civils ont été fauchés par des frappes sur une maison au camp Al Chati, à l’ouest de Ghaza-city. Au total, les attaques menées par l’armée israélienne dans les seuls quartiers de la ville de Ghaza depuis samedi ont fait 43 morts et des dizaines de blessés, rapporte l’agence Wafa.
Dans le camp de Nousseirat, un drone a lancé des tirs sur un groupe de personnes, faisant deux morts et des blessés. Tout en bas du territoire assiégé, des engins d’artillerie ont pilonné les secteurs ouest et sud de la ville de Rafah. Des raids ont touché également plusieurs habitations du quartier brésilien, dans la banlieue sud de Rafah.