Nouvel ordre d'évacuation israélien à Ghaza : 250 000 Palestiniens contraints de fuir Khan Younès

03/07/2024 mis à jour: 15:01
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A l’est de Ghaza-ville, une zone où les combats font rage, 17 civils ont été tués hier suite à des tirs d’artillerie de l'armée d'occupation israélienne - Photo : D. R.

Le 6 mai dernier, l’armée israélienne avait émis un ordre d’évacuation obligeant les habitants de plusieurs secteurs de la ville de Rafah à quitter la région, avant de lancer une vaste offensive dans le gouvernorat frontalier avec l’Egypte. Lundi, l’occupant sioniste s’est fendu d’un nouvel ordre d’évacuation qui concerne cette fois la ville de Khan Younès, faisant subir à des centaines de milliers de Palestiniens un énième déplacement forcé.

Un nouvel ordre d’évacuation a été émis par l’armée israélienne à l’attention des habitants de la région de Khan Younès, au sud de la bande de Ghaza, les obligeant à quitter la ville. Selon l’UNRWA, cet ordre d’évacuation concerne environ 250 000 personnes. «Quelques semaines seulement après que les gens ont été forcés de retourner dans Khan Younès dévasté, les autorités israéliennes ont émis de nouveaux ordres d'évacuation pour la région.

Une fois de plus, les familles sont confrontées à un déplacement forcé. Nous estimons que 250 000 personnes devront fuir (la ville de Khan Younès) même si aucun endroit n’est sûr à Ghaza», a posté hier l’agence onusienne pour les réfugiés palestiniens sur la plateforme X.

Intervenant en visioconférence depuis Ghaza, la porte-parole de l’UNRWA, Louise Wateridge, a déclaré dans un point de presse organisé à Genève : «Nous avons vu des gens se déplacer, des familles se déplacer, des gens commencer à faire leurs bagages et à essayer de quitter cette zone.» «Nous nous attendons à ce que ces chiffres s’accroissent», a-t-elle souligné, selon des propos rapportés par l’AFP.

«C’est un autre coup dévastateur porté à l’action humanitaire ici», a regretté Mme Wateridge. Pour rappel, le 6 mai dernier, un premier ordre d’évacuation avait été émis par l’armée israélienne, obligeant des centaines de milliers de Palestiniens à quitter la ville de Rafah avant de lancer une vaste offensive le 7 mai.

«Et maintenant, à cause des ordres d’hier soir (lundi, ndlr), les mêmes familles doivent encore déménager», martèle la porte-parole de l’UNRWA. «Où vont-ils aller ? Nous n’avons pas la réponse. Il n’y a absolument aucun endroit sûr dans la bande de Ghaza», a-t-elle déploré. D’après l’AFP, l’ordre israélien «est intervenu après le tir, lundi matin, de 20 projectiles vers le sol israélien depuis la région de Khan Younès».

60 000 à 80 000 personnes ont fui Al Shoujaïya

Sigrid Kaag, coordinatrice principale des affaires humanitaires et de la reconstruction à Ghaza, s’est dite de son côté aussi «vivement préoccupée»  par les nouveaux ordres d’évacuation israéliens. «Plus d’un million de personnes sont une fois encore à nouveau déplacées, en quête d’un abri et de sécurité, (ce qui porte) à 1,9 million le nombre de personnes déplacées à travers Ghaza», s’est émue la responsable onusienne hier au siège de l’ONU. 

Au cours de la journée d’hier, les forces d’occupation sionistes ont bombardé plusieurs secteurs de la bande de Ghaza. L’occupant poursuit notamment son incursion dans le quartier d’Al Shoudjaïya, à l’est de la ville de Ghaza, où il mène une vaste opération militaire depuis le 27 juin. Selon l’ONU, 60 000 à 80 000 personnes ont fui Al Shoujaïya en raison des frappes intensives qui s’abattent sur ce secteur. L’agence Wafa fait savoir que les troupes israéliennes ont encerclé plusieurs maisons à Al Shoujaïya au milieu de tirs nourris, de missiles fusant du ciel et de pilonnages d’artillerie.

Toujours à l’est de Ghaza-ville, une zone où les combats font rage, cette fois dans le quartier de Haï Al Zaytoun, 17 civils ont été tués hier suite à des tirs d’artillerie sur le périmètre de la mosquée Al Shaâma, rapporte Al Jazeera. L’agence d’information palestinienne précise que les victimes ont été ciblées «alors qu’elles remplissaient de l’eau à proximité de la mosquée». A Ghaza-ville encore, un incendie s’est déclaré dans un appartement situé dans un immeuble, rue Al Jala’e, après avoir été visé par un raid israélien. Wafa ajoute qu’un missile est tombé à proximité de la société d’électricité et du pont de Wadi-Ghaza.

Un massacre silencieux à Jérusalem

L’aviation israélienne a déclenché, par ailleurs, une série de raids hier contre plusieurs zones urbaines de la ville de Rafah et de Khan Younès. Wafa affirme que 8 personnes ont été tuées et plus de 30 autres ont été blessées hier par des tirs de missiles qui ont touché plusieurs secteurs densément peuplés à l’intérieur des deux villes.

La même source nous apprend que les bombardements pleuvent sur divers quartiers de Khan Younès : Al Fakhari, Qizane Rashwan, Haï Al Manara, ou encore le bureau des Douanes. Selon le Croissant-Rouge palestinien, l’hôpital Al Amal à Khan Younès a reçu des dizaines de déplacés, dont de nombreux blessés, depuis lundi, après l’ordre d’évacuer la partie est de la ville.

Au centre de la bande de Ghaza, un enfant a été fauché par une frappe meurtrière ayant ciblé une habitation dans le camp de Noussairat, rapporte Wafa. Dans le même secteur, un nombre indéterminé de civils ont été blessés hier dans un raid mené contre une maison appartenant à la famille Abou Djalala. Selon les derniers chiffres du ministère de la Santé à Ghaza, le bilan de la guerre faite au peuple palestinien s’élève désormais à 37 925 morts et 87 141 blessés.

La même source ajoute que l’occupant israélien a commis 3 massacres en 24 heures, entre lundi et hier, qui ont fait 25 morts et 81 blessés. De son côté, l’occupant a informé avoir perdu deux éléments dans des combats au centre de la bande de Ghaza, portant à 319 le nombre de soldats israéliens tués depuis le début de l’opération terrestre le 27 octobre 2023.

En Cisjordanie, 23 Palestiniens, dont une fillette de quatre ans, ont été tués et 79 blessés par les forces de sécurité de l’Etat hébreu durant le premier semestre de l’année 2024. C’est ce qu’a indiqué hier le gouvernorat de la ville d’Al Qods dans un communiqué relayé par l’agence Wafa.

La même autorité précise que «l’occupant détient les dépouilles de 41 martyrs de Jérusalem», ces corps n’ont toujours pas été remis à leurs familles. Les autorités palestiniennes du gouvernorat d’Al Qods indiquent par ailleurs que durant le premier semestre 2024, 708 Palestiniens ont été arrêtés, dont 37 femmes et 73 mineurs. A noter aussi que 205 peines d’emprisonnement ont été prononcées entre janvier et juin 2024 à l’encontre de détenus palestiniens.

Au cours de ce premier semestre 2024, 25 054 colons ont envahi l’Esplanade des mosquées à Al Aqsa. Il a été enregistré en outre 73 actes d’agression commis par des colons israéliens à l’encontre des habitants arabes du gouvernorat d’Al Qods. A cela s’ajoute 127 opérations de démolition de biens appartenant à des Palestiniens à Jérusalem.

Il faut savoir par ailleurs qu’au cours des derniers mois, les autorités israéliennes ont approuvé 13 projets d’implantation de nouvelles colonies. Ces derniers s’ajoutent à 9 autres projets de colonies approuvés précédemment, signale la même instance.

«Les forces d’occupation ont également achevé les travaux au niveau de deux colonies», relève le document. Cette invasion foncière vise à «imposer une nouvelle réalité à la ville occupée de Jérusalem et à la judaïser par la mise en œuvre de projets d’implantation de nouvelles colonies», dénonce le gouvernorat d’Al Qods. 
 

 

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