L’un des faits marquants de ce 271e jour de la guerre faite au peuple palestinien, c’est ce pilonnage intensif de la ville de Ghaza. La capitale de l’enclave se trouve visée par des bombardements acharnés, comme aux premiers jours de la campagne militaire israélienne. Les raids aériens auxquels s’ajoutent des tirs d’artillerie ciblent plusieurs zones d’habitation densément peuplées à Al Shoujaïya, Tell El Hawa, Haï Al Zaytoun, Haï Ettoufah, Al Daraj ou encore Cheikh Radwan.
L’armée d’occupation israélienne a poursuivi hier ses bombardements sur la bande de Ghaza au 271e jour de la campagne militaire sioniste, tandis qu’un nouvel exode massif est observé au sud de l’enclave avec ces milliers de Palestiniens désemparés, fuyant Khan Younès. «Par des températures proches de 30°C, les déplacés fuyaient à pied ou entassés sur des remorques surchargées, au milieu des ruines poussiéreuses de Khan Younès, la plus grande ville du sud de la bande de Ghaza d’où l’armée israélienne s’était retirée début avril après une bataille de plusieurs mois», écrit l’AFP.
Selon l’ONU, quelque 250 000 personnes ont été forcées de quitter la région de Khan Younès après un nouvel ordre d’évacuation émis lundi par l’armée israélienne. Cet ordre concerne un territoire de 117 kilomètres carrés, soit un tiers de la bande de Ghaza. «C’est le plus important depuis octobre, quand les habitants du nord de Ghaza avaient reçu l’ordre d’évacuer (la région)», souligne le bureau des affaires humanitaires de l’ONU.
Louise Wateridge, porte-parole de l’UNRWA, déclare au site ONU-Info : «C’est un nouveau coup dur pour la réponse humanitaire ici, c’est un nouveau coup dévastateur pour les gens, les familles sur le terrain. Il semble qu’ils aient été déplacés de force encore et encore.»
Même les hôpitaux sont évacués
L’OMS a annoncé mardi que l’Hôpital européen de Khan Younès est quasiment vide, le personnel médical et les patients ayant fui l’établissement par crainte d’une offensive israélienne après le dernier ordre d’évacuation. «Le personnel de l’hôpital et les patients ont décidé d’évacuer eux-mêmes», a affirmé Rik Peeperkorn, représentant de l’OMS pour les Territoires palestiniens occupés, précisant qu’«il ne restait plus que trois patients dans cet hôpital».
En tout 270 patients ont évacué les lieux, avec le personnel médical, et ce, dès lundi, note le site d’information des Nations unies. Mardi matin, «d’autres patients ont été évacués et seuls trois patients sont restés à l’Hôpital européen de Ghaza et trois à l’hôpital de campagne de la Croix-Rouge internationale (CICR)», révèle la même source.
«Comme nous l’avons vu à plusieurs reprises pendant la guerre en cours, l’insécurité à proximité d’un hôpital et le manque d’accès des patients, du personnel de santé et des humanitaires pour se réapprovisionner en carburant, en fournitures médicales, en eau et en nourriture peuvent très rapidement mettre les hôpitaux hors d’état de fonctionner», explique l’OMS.
L’un des faits marquants, hier, c’est ce pilonnage intensif de plusieurs quartiers de la ville de Ghaza. La capitale de l’enclave se trouve ciblée par des bombardements acharnés comme aux premiers jours de la campagne militaire israélienne. L’un des quartiers qui concentre les frappes sionistes est celui d’Al Shoujaïya, à l’est de Ghaza-ville.
Les forces d’occupation y mènent une vaste offensive depuis le 27 juin. Elles soutiennent y avoir frappé «plus de 50 infrastructures» abritant prétendument des combattants du Hamas. Cette grande offensive a encore fait des morts et des blessés hier.
L’agence Wafa rapporte que quatre personnes ont été tuées et 17 autres blessées ce 3 juillet à Al Shoujaïya suite à un bombardement ayant ciblé un groupe de citoyens qui tentaient simplement de retourner dans leurs maisons. De violentes explosions et des pilonnages d’artillerie retentissent dans les faubourgs d’Al Shoujaïya tandis que des hélicoptères de guerre Apache et des drones de type Quadcopter crachent du feu sur les habitants encerclés.
38 000 morts depuis le 7 octobre
Toujours à Ghaza-ville, cette fois à Tell El Hawa, au sud de l’agglomération, trois civils ont été tués par des tirs de drone. En outre, deux dépouilles ont été retirées des décombres, ainsi que 7 blessés, après un bombardement aérien qui a ciblé un appartement où vit la famille Zard, près de Haï Daraj, détaille l’agence palestinienne.
La même source ajoute que des secouristes ont exhumé 7 corps de civils tués, ensevelis sous les décombres, ainsi que plusieurs blessés coincés sous les gravats, après le bombardement d’une maison appartenant à la famille Mekat, au quartier Cheikh Radwan, au nord de la ville de Ghaza.
Des engins d’artillerie ont également lancé des salves de tirs en direction de plusieurs maisons à Haï Al Zaytoun, toujours à l’intérieur de la capitale de l’enclave. Dans un autre secteur de Ghaza-city, précisément à Haï Ettoufah, des avions de combat ont largué des missiles, causant de nouveaux dommages. Au quartier Al Zarqa, les opérations de recherche se poursuivent pour essayer de retrouver des disparus dans les carcasses des bâtiments pulvérisés suite à un bombardement qui a ciblé un lotissement résidentiel.
Au centre de la bande de Ghaza, trois personnes ont trouvé la mort après des tirs de drone qui ont visé un véhicule civil au camp d’Al Maghazi, indique l’agence d’information palestinienne. A Noussairat, deux femmes ont été mortellement touchées lors d’une frappe aérienne contre un immeuble résidentiel. Au sud de l’enclave dévastée, les équipes de secours ont retiré les corps de 7 martyrs des décombres «dont 5 cadavres carbonisés», à Tell Essoltane, à l’ouest de la ville de Rafah, fait savoir l’agence Wafa.
Le bilan de la guerre contre Ghaza jusqu’au 3 juillet frôle désormais les 38 000 morts, auxquels s’ajoutent 87 266 blessés, d’après les autorités sanitaires palestiniennes. 28 morts et 125 blessés ont été enregistrés en 24 heures, entre mardi et hier, précise la même source.
La gale, les poux et risque de choléra
Outre les bombardements aériens, les tirs de drones et les pilonnages d’artillerie, les Palestiniens sont exposés aux dangers des minutions non explosées. Selon l’ONU, il existe «des tonnes de débris qui pourraient contenir des engins non explosés». Selon le Service d’action contre les mines des Nations unies (UNMAS), «au moins 10% des munitions sont potentiellement inopérantes, ce qui signifie qu’une grande partie des centaines de milliers de tonnes de débris de guerre à Ghaza contiennent des explosifs».
A cela s’ajoute les ordures qui s’accumulent et les eaux usées qui se déversent dans les camps surpeuplés sous une chaleur torride. Devant la manque d’assainissement et d’hygiène, la pénurie d’eau potable et la chaleur extrême, la population ghazaouie est exposée à une «propagation des maladies infectieuses».
L’OMS signale que «les taux d’infections diarrhéiques sont déjà 25 fois plus élevés qu’avant le conflit». Et «au fur et à mesure que la situation s’aggrave, on craint de plus en plus que le choléra ne se répande», alerte l’organisation onusienne. Depuis le début de la guerre contre Ghaza, «plus de 150 000 personnes ont contracté des maladies de peau en raison des mauvaises conditions d’hygiène», affirme l’OMS.
Le ministère de la Santé dans la bande de Ghaza a annoncé dimanche que 10 000 cas d’hépatite A ont été recensés, auxquels s’ajoutent 880 000 cas de maladies respiratoires, ainsi que des infections cutanées et des épidémies de poux. «Nous dormons à même le sol, sur du sable, d’où les vers sortent», se plaint à l’AFP une mère de sept enfants végétant dans un camp de déplacés à Deir El Balah.
«Mon fils n’arrive pas à dormir de la nuit parce qu’il n’arrête pas de se gratter», soupire-t-elle. «Nous ne donnons plus le bain à nos enfants comme avant. Les produits d’hygiène et les désinfectants ne sont pas disponibles pour que nous puissions nettoyer nos espaces», témoigne cette dame. Même la mer ne lave plus. «La mer n’est qu’égouts.
Des ordures et des couches y sont directement jetées», peste-t-elle. Selon des chiffres de l’OMS cités par l’AFP, il a été recensé 96 417 cas de gale et de poux parmi la population ghazaouie, 9274 personnes infectées par la varicelle et 10 038 par l’impétigo, une infection bactérienne de la peau.