«Pour inciter le public à revenir dans les salles de cinéma, il est primordial de proposer une expérience immersive qu’il ne peut pas reproduire chez lui»
L’aide au cinéma a été débloquée pour une partie des films déposés, ce qui représente environ 40 ou 50% du budget de ces œuvres. Avec ça, comment produire son film, où, comment, quand et surtout pourquoi ?
Après des années de sécheresse sans budgets et donc sans films, 63 milliards d’aides viennent d’être débloqués par la commission «secrète» du ministère de la Culture. La liste est (presque) officielle, alors que le monde du cinéma est en effervescence, attendant les résultats définitifs comme on attend ceux du bac.
-L’ex-Fdatic, le FNDATICPAL, vient de délibérer et accorder un financement pour quelques films et documentaires pour un montant global de 63 milliards. C’est beaucoup, peu, pas assez, comment voyez-vous cette aide vu que vous aviez sonné l’alerte l’année dernière dans le cadre de l’APAC pour la relance du cinéma ?
Pour la guerre du feu version DZ, il faut aller chercher loin dans les archives, à l’époque des feuilletons hors ramadhan où il ne fallait pas attendre le sponsoring de Coca-cola pour produire une série. El Harik (L’incendie) de Mustapha Badie, adapté de la trilogie de Mohamed Dib, avait ému les téléspectateurs dans un cinéma en interne sans paillettes, en 10 épisodes, précurseur des miniséries d’aujourd’hui.
-Le cinéma du réel, ça signifie quoi pour vous ? C’est juste un slogan ou une vraie question ? Le slogan appartient aux politiciens et à aux publicitaires. Non, le cinéma du réel a la capacité de traduire la réalité sociale, politique, culturelle, d’un territoire, d’un pays. Le cinéma du réel révèle, plus que la fiction, le fossé (ou les failles) entre la réalité sociale et le mythe. Le documentaire questionne ainsi les mythes avec des personnages du réel qui sont souvent magnifiques, généreux, sincères et parfois affreux et méchants. Une société a besoin de se regarder, de se voir à l’écran, sans prisme. Nous avons besoin de comprendre nos failles et de produire des images nous-mêmes, sur nous-mêmes. Enregistrer le réel, c’est créer une sorte d’album de famille, un imaginaire aussi et dans le même temps, une mémoire audiovisuelle.
A part ceux qui vivent dans un congélateur, tout le monde aura remarqué qu’il fait très chaud. Solutions, émigrer au Groenland, s’équiper de climatiseurs très chers ou aller à la plage, ou pour les plus fainéants, regarder des films de plage pour se rafraichir. Mais où sont-ils ?
Artiste underground, comédien et acteur de théâtre, il vient de mettre en scène son deuxième «one man show» qui devrait tourner bientôt dans tout le pays et continue sa déjà longue carrière. Pièces, performances, séries TV et films, on l’aura surtout remarqué dans le saisissant «Soula» de Salah Issaad (2021), l’une des œuvres les plus réussies de ces dernières années.
Comme dans la littérature où la nouvelle est souvent vue comme un genre mineur, le court métrage n’est pas toujours considéré comme du cinéma, vu comme un simple ticket d’entrée au cinéma long, plus noble. Pourtant, de célèbres auteurs, comme l’Argentin Borgès, ont écrit des nouvelles toute leur vie et le cinéma court a une place entière en salle.
Dentiste né en 1983 et enfant de la célèbre Khengat Sidi Naji, il est le scénariste le plus en vue actuellement. Lauréat du concours de scénario organisé par l’Institut du film de Doha, scénariste de la série TV Djemai family, de Ki nsa ki rjal et de Madame Chibania entre autres, il a surtout écrit Aïn el djenna, la série ramadan réalisée par Karim Moussaoui en 2023. Oussama Benhassine termine son court métrage, Desert Rose, fiction très personnelle autour de l’explosion atomique de Reggane en 1960.
Un genre à part entière, le film de guerre met en scène l’héroïsme algérien, et ce 5 juillet aura encore été l’occasion de revisiter le glorieux récit national par le cinéma. Mais qu’en est-il de sa qualité cinématographique ?
Producteur et réalisateur diplômé de l’Institut national des arts dramatiques de Bordj El Kiffan, il a produit plusieurs films dont L’Autre monde de Merzak Allouache ou The Murdered sun et Voyage à Alger de Abdelkrim Bahloul et a surtout réalisé et produit Ben M’Hidi, biopic sur le révolutionnaire, qui n’est toujours pas sorti.
Après un long sommeil, le CADC a décidé d’ouvrir ses tiroirs, La dernière reine et La cinquième saison d’Ahmed Benkemla, puis Abou Leila de Amin Sidi Boumediène à la Cinémathèque d’Alger. Déstabilisant et stressant, comme une séquence intérieur-nuit des années terrorisme.
Réalisateur et scénariste, Amin Sidi Boumediène s’est fait connaître par l’étrange avec Al Jazira, en 2012, étrange court métrage avec l’étrange Kader Affak. Après d’autres courts métrages dont Serial K. (2014) avec toujours l’excellent Samir El Hakim, où il ébauche déjà le mouton, il réaliste Abou Leïla en 2019 qui atterrit directement en Sélection officielle à la Semaine de la critique à Cannes. Il ne parle pas beaucoup mais répond.
Réalisateur, notamment de Fi rassi rond-point (Dans ma tête un rond-point) et surtout de 143 rue du désert, prix du meilleur réalisateur émergent à Locarno, prix du public au Festival des trois continents, mention spécial du jury au film arabe de Fameck ou encore grand prix du Festival du film méditerranéen de Bastia, Hassan Ferhani travaille toujours sur la frontière entre la fiction et le documentaire. Il s’explique.
Rares sont les films qui montrent Alger, les cinéastes algériens préférant le désert, les campagnes ou les montagnes. Retour sur la projection de La dernière reine à la salle Afrique, restaurée au cœur d’Alger.
Comédienne aux nombreux prix d’interprétation, notamment dans Parfums d’Alger , de Rachid Benhadj ou Les terrasses, Normal et Le Repenti, de Merzak Allouache, elle est aussi femme de théâtre et d’Opéra, productrice, scénariste et réalisatrice. Après Kindil el bahri (La méduse) qu’elle produit, elle revient avec Akhira («La dernière reine»), coréalisé avec son mari Damien Ounouri et où elle joue le rôle principal.
L’Algérie produit des films avec peu de salles où les voir, mais il y a des festivals, comme le FICA (Alger, festival du film engagé), le FIFO, festival d’Oran, les RCB, rencontres cinématographiques de Béjaïa ou le récent festival méditerranéen de Annaba, tous annulés depuis plusieurs années à cause du Covid et autres, mais qui reprennent doucement. Etat des lieux.
Journaliste, critique et réalisateur de films, Tahar Houchi quitte le pays dans les années terrorisme après une licence en lettres et linguistique obtenue à Alger, et poursuit ses études DES en études du développement, DEA de langue, littérature et civilisation françaises, pour finir par fonder le festival de Genève.
C’est probablement cette citation de Khalil Jibran qui convient le mieux au FIFOG, Festival international du film oriental de Genève, cofondé par deux Algéro-Suisses et qui tient là sa 18e édition sous le thème du rêve, avec 4 films algériens au programme.