Très controversée pour ses déclarations sulfureuses contre la Kabylie, l’ex-députée de la wilaya de Boumerdès, Naïma Salhi, a été auditionnée, hier, par la doyenne des juges d’instruction de la 1re chambre près le tribunal de Chéraga, dans le cadre de la plainte déposée contre elle par deux avocats du barreau de Tizi Ouzou pour propos «racistes» et «haineux» à l’égard de la Kabylie.
En fin de matinée, et alors que le procureur avait requis la mise sous mandat de dépôt de l’ex-députée, celle-ci a été placée sous contrôle judiciaire pour «diffamation» et «atteinte à l’unité nationale» et devra donc remettre tous ses documents de voyage et se présenter régulièrement devant la juge.
Selon des sources judiciaires, le parquet pourrait faire appel auprès de la chambre d’accusation près la cour de Tipasa contre la décision du juge. La plainte des deux avocats, Abdelkader Houali et Sofiane Dekkal, et du militant politique Salim Chaït a été déposée il y a près de deux ans, et n’a pu être enrôlée qu’après l’expiration du mandat de la députée et, de ce fait, de l’immunité parlementaire dont elle jouissait. Pour les deux plaignants, Naïma Salhi, à travers ses nombreuses déclarations publiques publiées sur les réseaux sociaux, est passible de poursuites pour «incitation à la haine raciale», «appel au meurtre» et «atteinte à l’unité nationale».
Dans un communiqué rendu public sur la Toile, les deux avocats avaient fait état de leur audition par les gendarmes, au mois de mars 2020, à la suite de leur plainte contre Naïma Salhi, et expliqué à l’opinion publique avoir rappelé l’objet de leur plainte «suite à ses déclarations racistes à travers des publications et des vidéos sur la page Facebook officielle de son parti». Sur la base de ces enregistrements, les deux avocats ont saisi le tribunal de Chéraga.
Deux ans plus tard, la justice ouvre le dossier et Naïma Salhi se retrouve devant la doyenne des juges. Selon des membres de sa défense, Naïma Salhi a nié les faits qui lui sont reprochés en disant que ses déclarations «visaient principalement les éléments du MAK, considéré par les autorités comme étant une organisation terroriste», et a indiqué qu’elle n’a aucun problème avec les Kabyles, étant elle-même, a-t-elle ajouté, «issue d’une famille dont certains des membres sont mariés à des personnes originaires de cette région». L’ex-députée n’en est pas à sa première plainte.
Promotrice de la «badissia-novembria»
Une seconde action en justice a été engagée contre elle, durant la même période, par un cadre du ministère de l’Intérieur, Mourad Amiri, pour ses déclarations à travers des vidéos, où elle porte de graves accusations sur les conditions d’obtention des postes au sein du ministère mais aussi sur ses activités durant la contestation populaire de 2019. La députée s’est attaquée avec virulence au fonctionnaire, l’accusant gravement et appelant à son licenciement.
Il y a trois semaines, Mme Salhi a été auditionnée par la doyenne des juges du tribunal de Chéraga, une première puis une seconde fois une semaine après, en tant qu’inculpée pour «diffamation», avant qu’elle ne soit laissée en liberté. La décision est contestée par le procureur qui avait réclamé la mise sous mandat de dépôt de l’ex-députée. Il a fait appel devant la chambre d’accusation près la cour de Tipasa, qui l’a débouté en donnant raison au juge d’instruction.
Il faut dire que la campagne que menait cette députée, d’obédience islamiste, dans le cadre de ce concept contre-nature appelé «badissia-novembria», utilisé pour tuer la contestation populaire, avait beaucoup choqué, tant par la haine de l’autre qu’il comportait que par la violence des propos à l’égard de tous ceux qui prônaient des slogans contraires à l’idéologie qui a plongé le pays dans la désolation et la rapine. D’ailleurs, la première plainte dont elle a fait l’objet a été déposée à la suite de ses graves propos, qualifiés par les hommes de loi d’«incitation à la haine raciale» et d’«appel au meurtre» ciblant la Kabylie.
Protégée par l’immunité parlementaire, Naïma Salhi n’a, à aucun moment, été inquiétée. Il a fallu attendre plus d’une année l’expiration de son mandat de députée pour que la justice daigne prendre en charge les plaintes déposées contre elle.