Boualem Ziani. Président de l’APAC, Association des producteurs algériens : «Pour inciter le public à revenir dans les salles de cinéma, il est primordial de proposer une expérience immersive qu’il ne peut pas reproduire chez lui»

13/08/2023 mis à jour: 03:07
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-Après ce timide redémarrage, comment financer, réguler et organiser maintenant l’activité cinématographique ?
 

Il est nécessaire d’adopter une philosophie cinématographique dotée d’objectifs clairs. La création d’un nouveau fonds ne devrait pas être perçue comme un acte politique répréhensible. La mise en place d’une instance plus dynamique et efficace en remplacement de l’ancienne est envisageable. Une commission de lecture, composée de professionnels et d’intellectuels, appliquant un système de collèges, pourrait favoriser l’émergence d’une nouvelle génération de cinéastes. 

Un suivi rigoureux du développement des projets serait indispensable pour surmonter les faiblesses scénaristiques, ainsi que pour assurer le respect des contrats et exclure les non-professionnels du domaine cinématographique. Face à la situation actuelle complexe, comment peut-on continuer à soutenir le cinéma au moyen du budget annuel du ministère, tout en tenant compte des particularités de la production cinématographique, notamment en termes de temps ? Par ailleurs, comment peut-on garantir que le ministère respecte les règles de la loi de finances en restituant les montants non dépensés en fin d’année ?
 

-La création d’un centre cinématographique en plus des centres déjà existants (CADC, CNCA, CNC, CAC), est souhaitable... 
 

Je crois que la création d’un centre cinématographique est désormais indispensable, il est d'ailleurs actuellement en cours de création, car cela allégerait les charges du ministère en matière d’organisation et de financement du cinéma, tout en diversifiant les sources de financement. 

Des initiatives, telles que l’établissement d’un mécénat avec Sonatrach, la création d’un guichet de l’ONDA pour les redevances sur la copie privée (qui a encaissé à titre d’exemple pas moins de 20 millions de dollars en 2017 au titre des redevances sur la copie privée), l’implication obligatoire des chaînes de télévision dans la production cinématographique, la mise en place de fonds régionaux de financement, la désignation d’une banque nationale spécialisée dans le cinéma, l’imposition d’une taxe sur le chiffre d’affaires des entreprises de télécommunication et l’introduction d’un crédit d’impôt pour les sociétés investissant dans le cinéma sont autant d’idées qui pourraient revitaliser l’industrie cinématographique. 
 

-Comment attirer à nouveau le public dans les salles de cinéma ?


Pour inciter le public à revenir dans les salles de cinéma, il est primordial de proposer une expérience immersive qu’il ne peut pas reproduire chez lui. La création de complexes cinématographiques modernes comprenant plusieurs salles, diffusant une large variété de films répondant aux besoins culturels de toutes les générations et des familles, est une approche essentielle. 

Actuellement, la création de «triplexes» dans les grandes villes est une étape positive, mais elle est insuffisante pour susciter un réel engouement. Encourager les investisseurs à développer de véritables multiplexes modernes est nécessaire, car les salles de cinéma sont le principal moteur de financement de l’industrie cinématographique. 

Malgré les conditions parfois inconfortables, les jeunes se rendent aux projections, démontrant un enthousiasme tangible, notamment lors de sorties mondiales simultanées de films américains à Alger ou à Oran. Cette expérience partagée leur permet de se connecter à une réalité internationale et de ressentir une appartenance mondiale. Le cinéma a le pouvoir de transcender les frontières. Les pays développés sont ceux qui ont concrétisé leurs rêves à travers des projets.

 

Propos recueillis par Chawki Amari
 

 

A suivre, 3e et dernière partie. 
 

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