Amin Sidi Boumediène : «Il y a pas mal de choses très personnelles cachées dans Abou Leila»

02/07/2023 mis à jour: 06:21
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Réalisateur et scénariste, Amin Sidi Boumediène s’est fait connaître par l’étrange avec Al Jazira, en 2012, étrange court métrage avec l’étrange Kader Affak. Après d’autres courts métrages dont Serial K. (2014) avec toujours l’excellent Samir El Hakim, où il ébauche déjà le mouton, il réaliste Abou Leïla en 2019 qui atterrit directement en Sélection officielle à la Semaine de la critique à Cannes. Il ne parle pas beaucoup mais répond. 

Propos recueillis par  Chawki Amari

  • Votre film se déroule pendant la décennie noire.  Est-ce que le terrorisme est une cause de la folie ou sa conséquence ? 
    Excellente et difficile question. Comme pour toute chose, la conséquence est la cause et la cause est la conséquence. Le film parle exactement de ça, de ce déterminisme en cercle vicieux qui se termine en queue de serpent. La violence nous contamine et nous rend «fou», la folie engendre la violence qui contamine à nouveau. Briser ce cycle infernal est ce qu’il y a de plus compliqué, mais ce n’est pas impossible, du moins pour un temps. 
     
  • Avez-vous visionné d’autres films sur le terrorisme des années 90 avant de faire le votre ? 

Non, j’ai plutôt LU pas mal sur la période mais aussi et surtout sur la question de la violence. J’ai aussi rencontré des ex-flics, traumatisés et jamais pris en charge. Concernant les films sur le terrorisme, ils ne m’ont jamais vraiment convaincu, même si je ne pourrais jamais détester Bab El Oued City, car c’est le premier à évoquer la question et que je l’avais vu adolescent (Le repenti avait aussi ses qualités). L’autre film essentiel est Aliénations mais je l’ai vu après la sortie d’Abou Leila et il ne parle pas que de terrorisme. En y pensant, je n’en ai pas vu tant que ça, des films sur le terrorisme. Je ne sais même pas vraiment si Abou Leila est un film sur le terrorisme. Oui et non, comme pour tout. 

  • Vous aviez 10 ans en 1992, date officielle du déclenchement du terrorisme, votre perception est-elle vue de l’enfance ou avec le recul au stade adulte ? 

Les deux. Mais surtout le point de vue de l’adolescent jugé et «ordonné» par l’adulte (mais, d’ailleurs, l’Algérien peut-il être adulte?). Il y a pas mal de choses très personnelles «cachées» dans Abou Leila. Mais comme je les ai cachées, je n’ai pas le droit d’en parler. Smahli. 

  • Quel est votre prochain film ? 

Mon prochain film sera celui qu’on me laissera faire, et, comme d’habitude, ce n’est pas gagné. Donc je ne peux pas vraiment répondre. Peut-être que mon prochain film sera un roman? Ça coûte moins cher et je peux faire long sans qu’on me le reproche. 

  • Est-ce que vous avez consulté un psy avant de faire le film ? 

Non, jamais vu ou consulté de psy, ni pour moi ni pour mon film (un film peut aller voir un psy?). Par contre, j’invite les psy à venir voir le film et à me faire un compte-rendu après. Un psy gratis quoi, ou mieux encore, qui paye pour me psychanalyser. Le rêve !

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