L’Algérie produit des films avec peu de salles où les voir, mais il y a des festivals, comme le FICA (Alger, festival du film engagé), le FIFO, festival d’Oran, les RCB, rencontres cinématographiques de Béjaïa ou le récent festival méditerranéen de Annaba, tous annulés depuis plusieurs années à cause du Covid et autres, mais qui reprennent doucement. Etat des lieux.
L’équation est simple, des films il y en a, des salles ou des des chaînes TV qui jouent le jeu à cause d’un cahier des charges inexistant, il y en a très peu. Avec la difficulté de les exporter dans des festivals internationaux du fait de la lenteur des autorisations du CADC, centre public du cinéma, premier producteur, il est toujours aussi compliqué de voir les films algériens récents.
Heureusement, il y a des festivals, avec projection gratuite d’œuvres cinématographiques même si ce n’est pas l’époque de Khalida Toumi et sa folie des festivals. Pour des raisons budgétaires, beaucoup ont été annulés et la phase Covid a reporté les derniers survivants mais lentement, les programmations reprennent, même s’il faut noter la disparition du festival du long métrage de Mascara, celui du court métrage de Taghit ou le festival du film Oasis de Ouargla.
En décembre 2022, le FICA, festival international du cinéma d’Alger, déjà reporté, a finalement tenu sa 11e édition, avec à sa tête, Zehira Yahi, autre rescapée en tant que grande amie et chef de cabinet de Khalida Toumi.
A voir
En février dernier, un festival de films d’aventures de Tamanrasset est officiellement annoncé, étrangement placé sous le patronage du ministère de la Transition énergétique et des Énergies renouvelables et le ministère du Tourisme et de l’Artisanat, mais n’a pas eu lieu.
En mai, c’est le festival international d’Imedghassen du court métrage qui s’est tenu à Batna et a rencontré un franc succès pour sa troisième édition, et pour le reste, il y a les projets. D’abord les fameuses RCB, rencontres cinématographiques de Béjaïa, qui renaissent après 3 ans d’absence et sont actuellement dans la phase d’appels à films et de réception des œuvres. Hassan Keraouche, président de l’association Project’heurts qui organise les rencontres avec entre autres le ministère de la Culture comme partenaire, le confirme : «Nous avons bouclé 70% du budget et grâce à des partenariats nous sommes heureux d’annoncer que les rencontres auront bien lieu le 23 septembre.»
Ensuite Annaba et sa 4e édition du film méditerranéen annoncé pour le 3 novembre prochain après une absence de 5 ans et le célèbre FIFO, festival international du film d’Oran arrêté à sa 11e édition en 2018, dont la programmation est en cours depuis la nomination du célèbre comédien, réalisateur et homme de théâtre Abdelkader Djeriou à sa tête en avril dernier. Sauf que comme il le dit lui-même : «On ne fait pas un festival pour faire un festival, il faut y mettre les moyens.» Une date ? «Pas encore», explique-t-il, alors que le FIFO se déroulait généralement en juillet mais sera probablement «reporté à la rentrée», estime encore Abdelkader Djeriou.
L’argent, encore lui
Un festival ça coûte cher, notamment si on doit s’installer à l’échelle internationale, à titre d’exemple, les RCB de Béjaïa prévoient un budget de 7 millions de dinars là où le FIFO d’Oran demande 100 millions de dinars. «Ce qui n’est pas énorme», explique Abdelkader Djeriou, «des festivals de pays voisins s’offrent des pointures comme Tarantino, si on veut du grand il faut penser grand».
De sources sûres d’ailleurs, la programmation du FIFO est bloquée à cause des dettes auprès des hôtels de la précédente édition de 2018 qui n’ont pas été honorées, mais selon les mêmes sources, la ministre de la Culture aurait promis de régler le contentieux dès son retour de Moscou et le FIFO pourrait bien avoir lieu en octobre.
Car tout semble prêt pour l'événement et même le wali d’Oran, le très connu Saïd Sayoud qui avait assumé la construction de murs sur le littoral oranais pour empêcher les harraga de fuir, a annoncé que l’exécutif s’est réuni pour garder les deux salles de cinéma Es-Saâda et Le Maghreb sous l’égide du secteur de la culture, qui a investi dans la rénovation, équipements de projection modernes (DCP), ce qui n’est pas l’avis des fans de cinéma qui expliquent que pour l’instant, les salles n’ont pas été vraiment rénovées.
En bref, en résumé et à venir, Béjaïa en septembre, Annaba sous toutes réserves en novembre, Oran sous toutes réserves aussi à la rentrée et le retour du FICA d’Alger en décembre avec à sa tête Mehdi Benaïssa qui avait goûté de la prison sous Bouteflika à cause de son émission de divertissement «Nass esstah». Dans le lot, on regrette l’annulation du festival du film d’aventures de Tamanrasset annoncé et non tenu. Le cinéma algérien est une grande aventure. Difficile et périlleuse,
bien sûr.
Liens :
www.ficinema.dz/fr/
www.facebook.com/rencontrescinematographiquesdebejaia/?locale=fr_FR
www.facebook.com/annabamedfilms.org/?locale=fr_FR
www.imedghassenfilmfestival.com/