La solidarité qui entre en action pendant le Ramadhan est déjà mise à rude épreuve par la crise économique et financière qui secoue sévèrement le pays, aggravée par celle de la Covid-19.
Contrairement aux mois de jeûne des années passées, celui de cette année est marqué par l’indisponibilité de certains produits, dont l’huile de table qui se fait rare depuis environ un mois et le lait en sachet que les revendeurs distribuent parcimonieusement avec en sus un sachet de petit lait ou de sorbet.
Il y a un manque en marchés de proximité qui influe négativement sur les prix. Pour Akli Moussouni, expert agronome, cette situation va encore perdurer et rien ne semble l’arrêter. Selon lui, les intervenants dans ce secteur ne sont identifiés qu’à travers les aides de l’Etat mais jamais organisés en filières autour de leurs productions. Le marché national n’est pas normalisé et n’est pas planifié. Il y a absence d’un circuit de distribution qui puisse servir de plateforme de réception et de programmation annuelle des productions.
Les images des grandes files d’attente pour l’achat d’un sachet de lait, un sac de semoule ou un bidon d’huile, ne cessent de faire le tour de la toile. Ceci à un moment où certains responsables du secteur tentent, pour la énième fois, de rassurer quant à la disponibilité de ces produits de large consommation.
Comme chaque année, le mois de Ramadhan reste la période durant laquelle les Algériens s’aperçoivent plus que d’habitude de l’évolution des prix des produits alimentaires qui ne riment qu’avec l’augmentation.
Lancé la semaine dernière pour alerter sur la rupture de certains médicaments au service d’oncologie du Centre de lutte contre le cancer (CLCC) de la wilaya de Annaba, l’appel de détresse des cancéreux de la région de Annaba a été entendu.
Jeudi dernier, le directeur du commerce et de la promotion des exportations de Mascara, Nadjib Beldjenna, a tenu à souligner au sujet du phénomène de la disparition, ces derniers jours, de l’huile de table des étagères des commerces à travers les différentes communes de la wilaya que «la quantité de l’huile de table réservée quotidiennement à la wilaya de Mascara est presque le double des besoins réels des citoyens».
La baisse du pouvoir d’achat qui pousse les ménages à faible revenus à consommer davantage les produits subventionnés et le manque d’approvisionnement sont parmi les raisons de ces pénuries.
Aux importations agricoles qui coûtent (représentent) le quart du commerce extérieur et à la faible évolution de la production entre 2017 et 2019 (suivie d’une baisse en 2020 et 2021), viennent s’ajouter les dysfonctionnements dans la distribution des denrées alimentaires de base. Des dysfonctionnements qui sont à l’origine des perturbations enregistrées de manière récurrente sur le marché concernant la disponibilité de certains produits.
Certains médicaments anticancéreux manquent au service d’oncologie du Centre de lutte contre le cancer (CLCC) de la wilaya de Annaba. En effet, depuis près deux mois, la liste des molécules manquantes ne fait que s’allonger. Pis, elle touche actuellement des médicaments indispensables et de base, tels que les antiémétiques.
Une nouvelle tension sur certains produits de large consommation est constatée ces derniers jours. «Les magasins d’alimentation générale ont des stocks qui leur suffisent pour une bonne dizaine de jours. Sous l’effet des rumeurs, ces stocks sont vite épuisés au point de créer des tensions sans qu’il y ait réellement de pénurie nationale», affirme El Hadj Tahar Boulenouar, président de l’anca.
Le président de la mission d’information parlementaire chargée de l’enquête sur la pénurie de l’huile de table et d’autres produits de large consommation, Ismail Kouadria, devait animer une conférence de presse pour rendre publics les détails du rapport d’investigation mais, selon nos sources, il n’a pas eu le quitus du président de l’Assemblée populaire nationale (APN).
Contrebande, bureaucratie, corruption, absence totale de contrôle ainsi que pratiques illicites seraient à l’origine de la pénurie et de la spéculation sur les produits de large consommation subventionnés par l’Etat.
Les commissions d’enquête parlementaires créées par le Conseil de la Nation et l’Assemblée populaire nationale (APN) ont achevé la première phase de leur travail d’investigation.
Certains médicaments utilisés dans le protocole sanitaire contre la Covid-19 se font de plus en plus rares dans les pharmacies de plusieurs wilayas du pays. Après les anticoagulants, tels que le Lovenox et son générique le Varinox, la tension touche désormais le Paracétamol et les antibiotiques, comme Azithromycine et Augmentin.
La pénurie de lait en sachet pasteurisé (LSP) subventionné persiste dans la wilaya de Mascara. Trouver un sachet de lait de 25 DA, après 7h du matin, chez les épiciers n’est pas une mince affaire.
Pour le président de la commission, Smail Kouadria, la virée sétifienne a été fructueuse. Il a sans nul doute consigné les innombrables remarques et préoccupations des commerçants qui en ont gros sur le cœur.
Cette crise est tombée au pire moment, c’est-à-dire dans une conjoncture d’indisponibilité de la matière première et d’une explosion de ses prix sur le marché international.
Cette commission «entamera son travail à partir du 16 janvier 2022 en se rendant dans les wilayas frontalières». Il s’agit notamment de Tébessa, Souk Ahras, El Tarf, Naâma, Tlemcen, Béchar, Adrar, Bordj Badji Mokhtar, Tamanrasset, In Guezzam, Ouargla, El Oued, Illizi et Djanet.