Les commissions d’enquête parlementaires créées par le Conseil de la Nation et l’Assemblée populaire nationale (APN) ont achevé la première phase de leur travail d’investigation.
Des rapports préliminaires sont en phase d’élaboration. Ils seront transmis aux présidents des deux Chambres qui les remettront à leur tour au gouvernement. «Nous avons récolté toutes les données. Nous avons écouté toutes les parties – opérateurs, acteurs civils et les intervenants dans les secteurs public et privé. Chacun y va de son propre argument. Et tous se défendent d’être à l’origine de la pénurie. En ce qui nous concerne, nous avons une idée sur les instigateurs et les parties qui alimentent la crise», explique un sénateur, sans donner plus de détails.
Il précise toutefois que les membres de la commission du Sénat ont eu des réunions avec 14 walis des wilayas frontalières qui se sont attardés dans leur exposé sur le phénomène de la contrebande. «Certains walis ont soulevé le problème de la contrebande qui est une véritable menace pour la sécurité alimentaire des Algériens. Selon eux, les contrebandiers activant à l’Est du pays font perdre à l’Algérie des ressources alimentaires importantes», note notre source.
Le choix de mener des enquêtes d’investigation dans des régions frontalières n’est pas fortuit, affirment les parlementaires. Le but étant de déceler les véritables causes de différentes pénuries des produits alimentaires et de mesurer l’impact du phénomène de la contrebande, notamment vers la Tunisie sur la disponibilité de certains produits.
Ces walis, d’après le sénateur, ont adressé un rapport détaillé dans ce sens au ministre de l’Intérieur. Contacté, Sebouta Fouad, vice-président du Conseil de la nation, affirme que la commission d’enquête va élargir ses investigations pour toucher d’autres wilayas et dans les prochains jours elle va auditionner les quatre ministres concernés par cette crise, à savoir celui du Commerce, de l’Agriculture, de l’Industrie et enfin celui de l’Intérieur et des Collectivités locales.
«Il s’agit là d’une étape, et il y aura probablement d’autres actions avant d’aboutir à un rapport final qui résume les véritables causes de ces pénuries récurrentes et les solutions pour y faire face», dira-t-il. Du côté de l’hémicycle Zighoud Youcef, le député Saadi Mhalbi estime que les membres de la commission ne peuvent pas se limiter aux déclarations d’une personne ou d’un opérateur, mais elle doit analyser minutieusement toutes les données pour aboutir à une conclusion fiable.
Smaïl Kouadria, le président de la commission des Affaires économiques, de développement et du commerce à l’APN, nous a confié qu’un rapport détaillé sur «les vérités» concernant la pénurie d’huile de table sera transmis incessamment aux instances de tutelle. «Nous avons effectué des sorties sur terrain dans 6 wilayas du pays, notamment de l’Est et l’Extrême-Sud, nous avons ciblé des usines, des points de vente et des commerces de gros et de détail, en plus des témoignages de citoyens à ce sujet», explique M. Kouadria.
Entamée le 16 janvier courant, les membres de ces commissions ont achevé cette semaine leur première tournée d’investigation sur les véritables causes de pénurie de certains produits de large consommation et les déficiences sur le marché. Une tournée qui les a menés dans plusieurs wilayas de l’Est et de l’Extrême-Sud, à savoir Tébessa, Souk Ahras, El Tarf, Naâma, Tlemcen, Béchar, Adrar, Bordj Badji Mokhtar, Tamanrasset, In Guezzam, Ouargla, El Oued, Illizi, Djanet, Timimoune, Mascara, Oran, Aïn M’lila, Sétif et Béjaïa. Les membres de ces commissions ont rencontré les acteurs de la société civile, des opérateurs et intervenants dans les secteurs public et privé.