Une nouvelle tension sur certains produits de large consommation est constatée ces derniers jours. «Les magasins d’alimentation générale ont des stocks qui leur suffisent pour une bonne dizaine de jours. Sous l’effet des rumeurs, ces stocks sont vite épuisés au point de créer des tensions sans qu’il y ait réellement de pénurie nationale», affirme El Hadj Tahar Boulenouar, président de l’anca.
Dans les grandes surfaces, les rayons dédiés aux produits céréaliers et à l’huile de table, notamment, ne sont plus assez fournis comme de coutume. La cause serait la grande affluence des consommateurs sur ces deux produits, spécialement la semoule.
L’épisode de 2020 sur la rareté de la semoule serait en train de se reproduire, selon Kamel, gérant d’une supérette à Bir Mourad Raïs, au cœur de la capitale. «Nous faisons nos provisions généralement chaque semaine. Depuis la semaine dernière, nous renouvelons nos stocks pratiquement tous les deux ou trois jours. Cette cadence est ordinaire pour les derniers jours avant Ramadhan, mais pas à trois semaines. La demande est très importante», déclare notre interlocuteur.
A la caisse, ce sont effectivement la semoule, l’huile, la tomate en conserve, les pâtes et les épices qui sont les plus vendus. Fahima, quinquagénaire, fonctionnaire et maman de 4 jeunes hommes, dit préférer faire ses provisions avant les hausses du Ramadhan. «Déjà que maintenant les prix sont hors de portée, avec l’arrivée du mois sacré, ce sera pire. C’est pourquoi je préfère faire tous mes achats dès maintenant, surtout pour les produits non périssables», confie-t-elle.
Mais qu’en est-il réellement ? Pour El Hadj Tahar Boulenouar, président de l’Association nationale des commerçants et des artisans (Anca), les stocks disponibles sur le marché sont largement suffisants pour les 3 prochains mois et non pas seulement pour le Ramadhan.
«Le problème n’est pas dans la disponibilité des produits mais plutôt dans l’effet rumeur qui crée des tensions inexpliquées et sans motif valable. Les magasins d’alimentation générale ont des stocks qui leur suffisent pour une bonne dizaine de jours. Sous l’effet des rumeurs, ces stocks sont vite épuisés au point de créer des tensions sans qu’il y ait réellement de pénurie nationale.
C’était d’ailleurs le cas de la semoule en 2020, où les ruées interminables sur ce produit se sont vite estompées pour se transformer en offre de revente afin d’éviter la dégradation du produit. C’est la même chose actuellement», estime M. Boulenouar. Pour lui, les stocks de céréales, notamment de blé, suffisent à couvrir les besoins nationaux jusqu’en 2023.
La disponibilité n’est pas affectée
Concernant l’octroi à certains producteurs de pâtes du blé subventionné, il affirme que cela n’affectera pas la disponibilité de la semoule ou la farine. «Nous avons pris attache avec tous les intervenants dans le domaine, à savoir l’OAIC et les représentants des minoteries, et ils nous ont tous rassuré quant à la disponibilité de la matière première pour les prochains mois.
Même la situation en Ukraine ne pourra pas avoir d’impact, étant donné que l’Algérie ne s’approvisionne que principalement du Canada et de la France.
Ceci sans compter notre production nationale qui va renflouer nos stocks à partir des mois de mai et juin», ajoute le président de l’ANCA, qui rassure également sur la disponibilité de la poudre de lait, matière première essentielle dans la production du lait en sachet subventionné. Un produit de très large consommation actuellement en perturbation de distribution.
Scénario classique pour le mois de Ramadhan
Pour les autres produits agricoles, la hausse des prix persistera jusqu’à la deuxième semaine du mois de Ramadhan. Pour M. Boulenouar, l’arrivée des nouvelles récoltes ne se fera que vers la mi-avril.
Cela concerne essentiellement la pomme de terre, vendue actuellement à 130 DA/kilo. Selon les explications du représentant des commerçants, les prix des autres produits agricoles devront également suivre cette tendance baissière durant la même période, non pas par effet de disponibilité, mais par le retour à la normale de la demande.
Dans le dossier pomme de terre, des opérations d’importation de plus de
100 000 tonnes sont déjà en cours afin de pallier le manque et surtout réguler le marché. 30 000 tonnes devraient être sur le marché dans les prochains jours.
Pour les viandes, rouges notamment, M. Boulenouar est très optimiste. Il considère que la décision d’importer 54 000 tonnes de viande rouge contribuera activement à la régulation du marché et surtout des prix. Il est à savoir que le kilo de viande rouge est cédé entre 1400 et 2000 DA.
Les viandes blanches, qui représentent la source principale de protéines pour le consommateur algérien, continuent leur ascension pour atteindre les 400 DA le kilo. Un prix phénoménal par rapport au pouvoir d’achat qui continue sa chute libre.