On pensait naïvemement que depuis le milieu du siècle dernier, la colonisation était inexorablement vouée à l’extinction et que des pouvoirs politiques n’allaient plus être tentés d’accaparer les terres d’autrui et asservir des peuples.
Dans le monde, la liberté d’informer est de nouveau sérieusement malmenée à la faveur de la guerre entre la Russie et l’Ukraine.
Voir ces longues files de réfugiés ukrainiens fuyant les destructions et la mort, ces familles qui ont tout perdu, toute cette détresse humaine, le cœur en est lourdement serré.
On ne sait pour quelles raisons les projets de loi sur l’information et l’audiovisuel ont été rejetés en Conseil des ministres, son communiqué n’ayant pas jugé utile de les évoquer, se limitant à exiger du gouvernement «qu’il enrichisse les deux textes».
Exit le hirak ? Par peur, épuisement ou absence de perspectives, les manifestants d’antan n’ont pas jugé utile de descendre dans la rue, en ce troisième anniversaire du mouvement citoyen, ce qui a arrangé les dirigeants en place n’ayant pas eu à recourir massivement aux forces de l’ordre, comme ce fut le cas auparavant.
Sur une chaîne de télé privée, un député membre de la commission des finances de l’APN a demandé «pardon» à la population pour avoir «manqué de vigilance» en avalisant la batterie d’impôts et de hausses fiscales de divers produits de consommation dans la loi de finances 2022.
Le prochain Conseil des ministres aura, en principe, à examiner la loi sur l’information. On ne sait si c’est la mouture préparée par l’ancien ministre, ou une nouvelle, à l’initiative du titulaire actuel du poste, ou une sorte de synthèse des deux.
Le lourd réquisitoire du ministère public contre l’ancien ministre de l’Energie Chakib Khelil se voulait exemplaire, s’agissant d’un ex-protégé du président défunt, Abdelaziz Bouteflka, qui, en dépit de toutes les preuves flagrantes sur la gestion catastrophique de son secteur, l’avait préservé de toute poursuite judiciaire et de toute sanction politique. Le cas Chakib Khelil fut un des plus grands scandales de l’ancien régime, à la hauteur de ce qu’a été Saïd Bouteflika qui s’était autoproclamé régent du régime, en substitution à son frère malade.
La crise économique et sociale qui frappe notre pays singulièrement depuis 2014 a un autre effet pervers, la décision de bon nombre de jeunes Algériens à annuler ou retarder leur projet de mariage.
Même s’il n’arrive pas à mener l’équipe nationale à la qualification au second tour de la CAN, le coach Djamel Belmadi aura amplement mérité son titre de «ministre du bonheur».
Manifestement, une nouvelle pratique politique est en train de s’installer dans le pays, à contre-courant de celle qui s’observe depuis l’entrée en vigueur des dispositions du multipartisme, il y a de cela plus de trente ans.
Avec l’année 2022 qui démarre, le pays se met-il sur les rails du changement ou va-t-il continuer à naviguer dans les eaux troubles de la crise ? Les dirigeants versent dans l’optimisme et avancent leurs arguments, ce qui n’est pas le cas d’une bonne partie de la population, vaccinée contre les promesses et aujourd’hui plongée dans un état de grande sidération par l’effet des malheurs cumulés.