Le destin du monde

29/03/2022 mis à jour: 05:09
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Pour toutes les populations du monde, la guerre entre la Russie et l’Ukraine est le conflit le plus menaçant depuis la Seconde Guerre mondiale. Il est porteur de deux périls, la détérioration des conditions économiques à l’échelle planétaire et une possible confrontation militaire directe entre les Etats-Unis et la Russie, y compris à travers le recours aux armes nucléaires. 

L’élément le plus inquiétant réside dans la détermination de Washington comme de Moscou à ne céder en rien. Comme au temps de la guerre froide, aucun n’est disposé à faire des concessions, tous deux convaincus d’être dans leur bon droit. Ces deux puissances cherchent à rallier derrière elles le maximum d’Etats, les Etats-Unis mettant à profit l’existence de l’OTAN pour impliquer le maximum de nations européennes.

 A des degrés différents, celles-ci ont répondu aux sollicitations américaines soit en s’impliquant dans les sanctions économiques soit en envoyant des aides militaires. Si leurs citoyens ont compati avec les Ukrainiens, contraints de fuir leur pays, en revanche, ils l’ont été moins – et de moins en moins – sur le volet des sanctions économiques. La hantise de la perte du pouvoir d’achat est palpable, voire de subir de sérieuses privations, spécialement en matière de consommation de produits alimentaires et énergétiques. 

L’inquiétude commence à fissurer le large concensus anti-Russie de départ orchestré par les dirigeants et entretenu quotidiennement par les médias mainstream. Après un mois de guerre donc, des deux côtés, les surenchères l’emportent largement sur les gains diplomatiques, ce qui inquiète également les Etats et les populations du monde hors Europe et Etats-Unis. Conscients qu’ils seront davantage affectés que les pays occidentaux par l’escalade meurtrière, leurs dirigeants tentent des attitudes de neutralité, à défaut de proposer des médiations, posture dont, à l’évidence, ni Washington ni Moscou ne veut. 

Le tiers-monde se rend compte une nouvelle fois que le monde fonctionne toujours sans lui, et la plupart du temps contre lui, au gré des intérêts géostratégiques et économiques des grandes puissances et que la fin de la guerre froide n’a pas signifié l’élimination de la force et du diktat. Les termes de paix, de solidarité et de confiance restent des coquilles vides. Si elle est gravissime en raison de ses retombées économiques et éventuellement nucléaires, la guerre actuelle entre la Russie et l’Ukraine n’est en fait que le maillon d’une longue chaîne de désastres historiques. Les plus récents ont concerné, dans le monde arabe, la Syrie, l’Irak, la Libye et, en Afrique, le Rwanda et le Congo. 

En Europe même, ce fut la destruction de la Yougoslavie de Tito, dans la logique de recomposition post-guerre froide de l’Europe, sous l’égide de l’Otan. Plus loin encore, les terribles guerres du Sud-Est asiatique engagées par les Américains et, enfin, les désastres coloniaux. 

On peut citer une multitude d’autres zones de conflit dans le monde, impliquant les puissances de l’argent et de l’influence. Larmes et désespoir pour les uns, argent et arrogance pour une poignée née sous la bonne étoile, il en a toujours été ainsi et ce sera comme ça aussi loin qu’on se projette dans le futur. C’est le destin du monde, loin des rêves des humanistes et des poètes.

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