Après plus de deux ans de vacance de l’institution présidentielle, le Parlement libanais est parvenu enfin à élire jeudi un président pour le Liban. L’heureux élu n’est autre que le patron de l’armée, le général Joseph Aoun. Ce dernier hérite d’un pays à genoux, lourdement éprouvé par la guerre dévastatrice déclenchée par Israël contre le Hezbollah, et qui a conduit à l’assassinat de Hassan Nasrallah.
Dans une interview accordée à la chaîne Al Arabiya, Ahmad Al Sharaa a indiqué qu’il faudrait quatre ans pour organiser des élections crédibles en Syrie. En attendant, une Conférence de dialogue national inclusive devrait se tenir dans les prochains jours pour s’entendre sur la conduite de la période de transition.
«Les combats sont très violents dans le sud et le sud-est de Manbij. Les avions de guerre turcs y participent pour tenter d’empêcher l’avancée des Forces démocratiques syriennes (kurdes) et d’ouvrir la voie aux factions pro-turques», indique l’Observatoire syrien des droits de l’homme.
Le célèbre journaliste syrien Ahmad Fakhouri, figure emblématique d’Al Jazeera qui a fait ses classes à la BBC et qui est longtemps resté en exil, fuyant la dictature d’Al Assad, dit dans une vidéo sur son compte Instagram : «Ne prêtez pas attention aux petites querelles de clocher qui déchirent les réseaux sociaux.
Une jeune Syrienne résume le sentiment général en déclarant au site asharq.com : «En 2025, les gens seront heureux. Il y a de la liberté. Tout le monde a envie de donner quelque chose à ce pays, contrairement à ce qui se passait avant lorsque nous n’avions pas le droit de faire quoi que ce soit et qu’il n’y avait pas de joie dans les yeux des gens.»
Les nouvelles autorités syriennes incarnées par Ahmad Al Sharaa, le chef de Hayat Tahrir Al Sham (HTS), l’organisation paramilitaire qui a été derrière la chute du régime de Bachar Al Assad, poursuivent avec détermination la reconfiguration du paysage institutionnel à Damas.
Le nouveau pouvoir en Syrie a fixé une date limite aux membres des corps de sécurité de l’ancien régime, les exhortant à rendre leurs armes. Ceux qui refusent de se conformer à cette procédure sont considérés comme des hors-la-loi et seront arrêtés.
The Pager Plot.» Littéralement : «Le complot au bipeur.» C’est comme ça que l’émission phare de la chaîne américaine CBS, «60 Minutes Overtime» (60 minutes supplémentaires) a appelé cette affaire.
Lorsque la coalition armée dirigée par Hayat Tahrir Al Sham (HTS) avait lancé son offensive contre le régime de Bachar Al Assad le 27 novembre en partant à la conquête d’Alep, cette opération a soulevé de vives craintes.
C’est un secret de polichinelle : la Turquie a joué un rôle-clé dans la chute du régime de Bachar Al Assad grâce au soutien apporté par Ankara à l’opposition syrienne. La Turquie entretenait des liens directs avec Hayat Tahrir Al Sham (HTS), le groupe islamiste qui était à la tête de la coalition armée qui a fait tomber Al Assad. Qui plus est, elle a accueilli plusieurs opposants et nombre d’organisations politiques syriennes qui ont été contraints à l’exil durant la guerre civile pour fuir les exactions du régime syrien.
Le ballet diplomatique dans la capitale syrienne se poursuit. Après les chancelleries européennes, principalement le Royaume-Uni, l’Allemagne et la France, qui ont envoyé chacune, ces derniers jours, une délégation à Damas, c’est au tour des Américains de faire le pas vers les nouvelles autorités syriennes incarnées par Hayat Tahrir Al Sham (HTS) et son chef Ahmad Al Sharaa.
Même si les Occidentaux continuent à se montrer prudents à l’égard d’Ahmad Al Sharaa, ce chef islamiste timide et réservé qui a fait tomber Al Assad, en répétant qu’ils le jugeront sur les actes, on assiste ces derniers jours à un véritable ballet diplomatique dans la capitale syrienne.
Après avoir porté les armes contre le régime d’Al Assad jusqu’à le faire tomber au bout de 13 ans de guerre civile, les insurgés syriens troquent leur uniforme de guérilleros contre une tenue civile comme l’a fait leur chef, Ahmad Al Sharaa, et s’évertuent maintenant à remettre «le politique» en marche. Ils le savent, la tâche de la restauration (voire de la refondation) de l’Etat syrien est extraordinairement complexe.
Alors que les langues se délient et que les témoignages se multiplient sur les circonstances dans lesquelles Bachar Al Assad a fui la Syrie suite à la chute de Damas aux mains des insurgés, le président déchu est sorti pour la première fois du silence qu’il s’est imposé depuis sa fuite.
Huit jours après la chute du dictateur syrien Bachar Al Assad, les langues se délient peu à peu, livrant des détails précis sur la façon dont le Président déchu a réussi à se faire exfiltrer de Damas.
Les Syriens ont fêté hier dans une formidable communion le premier vendredi sans le dictateur Bachar Al Assad et son armée de tortionnaires l Les images diffusées de ces rassemblements populaires donnaient à voir des foules impressionnantes à Damas, à Halab, à Hama, à Homs, à Lattaquié, à Souaida, à Deraa… l Partout était célébrée avec ardeur l’unité retrouvée du peuple syrien.
On assiste depuis la chute de Bachar Al Assad à des scènes inquiétantes de violence vengeresse en Syrie : pendaisons sur la place publique, exécutions sommaires de membres de l’armée syrienne filmées et diffusées sur les réseaux sociaux ou encore l’incendie, mardi soir, du tombeau de Hafez Al Assad. Des scènes qui montrent que le rétablissement de la sécurité, la démilitarisation des milices et la mise en œuvre d’une justice transitionnelle sont l’un des grands défis qui attendent le premier gouvernement post-Al Assad.
Le tout premier chef de gouvernement de l’ère post-Al Assad, Mohammad Al Bashir, avait déjà été désigné en janvier 2024 pour diriger le gouvernement autonome d’Idleb appelé «Houkoumat al Inqadh» (Gouvernement du salut). Cette administration autonome avait été mise en place en 2017 alors que ce gouvernorat du Nord s’était complètement détaché du pouvoir central de Damas. C’est donc fort de cette expérience que cet ingénieur électronicien de formation a été choisi pour diriger la transition en Syrie.
Après l’émotion, un voile d’inquiétude. Car, comme souvent, la question est de savoir qui mettre à la place du dictateur supprimé, et comment trouver une «recette constitutionnelle» qui contente tout le monde, avec un calendrier, une feuille de route, un agenda clair l En parlant d’agenda, l’histoire des «printemps arabes» a démontré combien ce mot d’agenda peut être plein d’équivoque. Car, souvent, il fait penser à des factions servant un «agenda étranger». C’est d’ailleurs l’un des gros tests sur lesquels sont attendus Hayat Tahrir Al Sham et ses alliés : comment éviter que la Syrie soit mise sous «tutelle».
Au bout de 13 ans de guerre civile et de 12 jours d’une offensive fulgurante, le régime de Bachar Al Assad est tombé ce dimanche 8 décembre à Damas. Cette fois, le président syrien n’a guère pu compter sur ses alliés traditionnels. La Russie est embourbée dans le conflit ukrainien. Et l’Iran et le Hezbollah ont laissé beaucoup de force sur le front de la résistance contre Israël.