Outil d’influence des instituts français de par le monde, les Choix Goncourt internationaux se déclinent en Algérie. Cette année, la 7e édition (2025) n’aura pas lieu à cause de la «polémique» Daoud. Explications.
Cela fait 20 ans que je lis systématiquement le roman que vous récompensez, par curiosité et par passion de la littérature. Souvent, j’ai été bousculée, admirative, sceptique devant le choix de l’Académie.
Lors de la publication du livre de Kamel Daoud Meurseault contre-enquête, nous avons été quelques-unes à penser que l’idée du roman était très originale, voire décoloniale. Dans la mesure où il réhabilitait, humanisait cet étrange Etranger «dessiné» par le célèbre Albert Camus, mais qui nous laissait à nous, mes amies et moi, un goût amer. Une ombre, sans père ni mère, sans filiation, absent de l’histoire singulière et de l’histoire collective. En fait, la lecture, une odeur planait en l’air, notre propre histoire d’indigènes.
En général, lorsqu’un écrivain ou un universitaire du Tiers-Monde obtient une distinction en Occident, qu’elle soit littéraire ou scientifique, les citoyens de son pays d’origine expriment de la fierté et portent le lauréat dans leur cœur. Ce n’est pas le cas de Kamel Daoud, qui a reçu le prix Goncourt 2024. Comment expliquer le rejet dont il fait l’objet ?
La littérature a toujours flirté avec la frontière entre réalité et fiction. Mais lorsque la réalité invoquée devient une accusation judiciaire, la controverse dépasse les cercles littéraires pour embraser le débat public. Le tribunal d’Oran a accepté deux plaintes déposées contre l’écrivain Kamel Daoud et son épouse, la psychiatre Aïcha Dahdouh.
Ils ne sont pas des «sauvages, mais différents», dira-t-il en parlant des migrants à qui l’on attribue les agressions sexuelles qui se sont déroulées à Cologne en 2016. Sommes-nous singulièrement et exclusivement les seuls désaxés qui germent sur ces territoires hostiles où la femme est constamment en danger, ces «autres qui viennent de ce vaste univers arabo-musulman douloureux et affreux, témoin de la misère sexuelle et du rapport malade à la femme, au corps et au désir ?»
«Je ne suis pas (entièrement) d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous ayez le droit de le dire.» Voltaire
Parti favori dès le départ, malgré les trois autres auteurs candidats, Gaël Faye, Hélène Gaudy et Sandrine Collette, cette distinction lui a été décernée sans conteste par les dix membres composant le jury, réunis au restaurant Drouant à Paris.
D’après les critiques littéraires interrogés par le magazine Livres Hebdo, l’auteur de Houris a de bonnes chances d’inscrire son nom au palmarès du plus prestigieux des prix ce lundi 4 novembre. D’autant que son éditeur, Gallimard, n’a reçu aucune autre récompense importante cet automne.
Ce sera la dernière apparition de Benaïssa dans ce qui constituera le premier film de fiction de Malek Bensmaïl. Cela ne nous changera pas de sa thématique habituelle, à savoir l’actualité et le passé, toujours présent, de son pays, l’Algérie.
Multiples sont les résonances du titre de l’exposition : il évoque pour mieux la détourner l’expression populaire au Maghreb pour conjurer le mauvais sort : «Ma main sur ton œil». «Son œil dans ma main» suggère au contraire la rencontre voire le bonheur de cette rencontre entre un photographe -Raymond Depardon - et un écrivain - Kamel Daoud - : tous deux évoquent l’histoire de l’Algérie, le premier par une série de photographies, le second par des textes qui résonnent avec les photographies.