Adaptation cinématographique de Meursault contre-enquête, de Kamel Daoud : Le tournage reprendra-t-il en mai ?

18/03/2023 mis à jour: 06:41
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Ahmed Benaïssa et Nabil Asli dans une séquence du film

Hiam Abbas, Romane Bohringer, Nabil Asli et Ahmed Benaïssa se partageront la vedette dans l’adaptation cinématographique de Meursault contre-enquête, de Kamel Daoud. Après deux arrêts, le tournage de l’adaptation devrait reprendre au mois de mai dans la wilaya de Témouchent, selon le calendrier du tournage arrêté.
 Ce sera la dernière apparition de Benaïssa dans ce qui constituera le premier film de fiction de Malek Bensmaïl. Cela ne nous changera pas de sa thématique habituelle, à savoir l’actualité et le passé, toujours présent, de son pays, l’Algérie. 

C’est l’angle d’attaque du propos qui n’est plus le même, celui de la fiction. Pour réussir l’adaptation du roman de Kamel Daoud, il a choisi pour coscénariste une grosse pointure, Jacques Fieschi qui possède la quadruple casquette de critique de cinéma, scénariste, réalisateur et écrivain. Fieschi, que nous avons rencontré à l’œuvre dans le travail de repérage en compagnie de Bensmaïl pour écrire au plus près du sujet, s’est illustré en 2021 par son travail de scénariste sur Illusions perdues qui lui a valu un Oscar alors que le film a décroché celui de la meilleure œuvre. 

A ce propos, on ne peut que vous recommander vivement de voir cette œuvre prenante qui passe actuellement sur une des télés françaises cryptées. Le roman a été adapté au théâtre à notre connaissance, par deux fois, l’une par le Français Philippe Berling et l’autre par l’Allemand Nicolas Stemann. La première dont nous avons vu le spectacle qui en a été tiré, nous a peu convaincus par son statisme et son caractère verbeux du fait du choix de la forme d’un théâtre-récit et d’une mise en scène s’appuyant sur un huis clos mettant aux prises deux personnages. 

Cet écueil a été pris en compte par le scénario qui apparemment a choisi la force de l’image sur celle du verbe, le roman étant un récit à une voix. 

A cet égard, au regard de la distribution annoncée, ce sont quatre personnages principaux qui auront à faire de façon que l’action soit le pouls battant du film. Quant à l’intrigue, elle tourne autour d’un fonctionnaire retraité, Haroun qui mène une vie de reclus jusqu’au jour où, dans un bar, il rencontre un journaliste à qui il raconte une troublante histoire remontant à l’été 1942 : il est le frère de l’Arabe tué dans L’Étranger d’Albert Camus, rien moins ! Cependant une sérieuse inconnue plane sur le tournage de ce film où il sera question de fantômes, d’identité, de langue, d’amour et de colonisation. 

Il bute sur des difficultés à boucler son budget. Interrogé, Hachemi Zertal indique que Malek Bensmaïl est en prospection auprès de producteurs et des distributeurs potentiels en France, sauf que la tendance en ce pays est en faveur d’autres genres de film que celui qu’il porte, des films avec des têtes d’affiche ainsi que des comédies qui dérident. 

Or, la gageure pour Bensmaïl est donc de réussir un film qui trouve preneur sans difficulté, l’écueil pour un film d’époque, car c’en est un, est de réussir à la restituer, ce qui nécessite un coût conséquent avec la reconstitution des décors (meubles, immeubles, véhicules et costumes) et la contribution de techniciens étrangers aguerris dans ce genre.

 Soutenu par le ministère de la Culture et des Arts, le financement reste insuffisant, le budget ayant été alourdi par la perte de Ahmed Benaïssa, ce qui a nécessité la reprise de certaines séquences où il figure. La production table sur la concrétisation d’une promesse de rallonge donnée par le ministère.

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