Le monde arabe, bouc émissaire et complice

22/02/2024 mis à jour: 22:56
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Le président égyptien Al-Sissi, le Premier ministre israélien Bennett et le prince héritier des Émirats arabes unis, Cheikh Mohamed ben Zayed, le 22 mars 2022 à Sharm El Sheikh en Égypte

L’histoire et la géographie placent fatalement et cycliquement «le monde arabe», sa composante moyen-orientale notamment, au centre d’événements géopolitiques majeurs, avec cette plaie de fixation permanente dénommée Israël.

 L’épisode explosif qui se joue depuis cinq mois dans la Bande de Ghaza, son onde de choc étendue et les grandes recompositions dont il ne manquera pas d’accoucher, en sont la énième démonstration. Et une nouvelle fois, l’ensemble géopolitique, aux contours toujours aussi flous et volontaristes, semble bien parti pour encaisser à ses dépens les développements en cours et leurs prolongements. 

Plus de 75 ans après la greffe forcée de ce corps étranger qu’est l’Etat d’Israël en Palestine, soit dans le cœur symbolique et géographique de la «nation» léguée dans l’imaginaire collectif par l’ancien empire arabo-musulman et son ultime avatar ottoman, la confrontation reste la règle. 

Après des épisodes de guerres chaotiques, suivis d’initiatives de paix isolées, aussi mal négociées que mal vécues, le Moyen-Orient arabe en est encore à se chercher des compromis structurants à défaut de solution globale et viable, passant  par la fin de l’occupation et par un accès inaliénable à la souveraineté au profit des Palestiniens.

Au delà des bravades et témérités sans lendemains stratégiques tentées à ses apogées par le nationalisme arabe, et des tapages idéologiques à résonance religieuses ou civilisationnelles, l’ensemble arabe peine à faire le bilan et s’avouer que la «centralité» de la cause palestinienne dépasse l’expression d’une loyauté filiale, identitaire ou communautaire à une certaine idée de la «Oumma». 

Ces positions ont valu d’ailleurs plus de torts à la cause qu’elles n’ont participé à renforcer les rangs de ses soutiens dans le monde, et à surtout mettre en avant la légitimité de l’aspiration du peuple palestinien à disposer d’un Etat souverain conformément au Droit international. De même que la posture a de tout temps nourri l’unité du bloc occidental, parrain historique de l’Etat hébreu, autour de son «devoir» surjoué de soustraire le filleul israélien aux charges «antisémites» existentielles d’un voisinage arabe et musulman par essence hostiles. 

Le traitement politique et médiatique de la guerre de Ghaza depuis cinq mois, en Europe et aux Etats-Unis, n’a pas dérogé à ce raccourci vicieux en tentant d’imposer, par le matraquage et la manipulation, un narratif condamnant comme «terroriste» toute velléité de résistance palestinienne.

En plus de sa légitimité évidente, la question palestinienne est aussi une question de sécurité nationale pour un chapelet d’Etats entourant cet épicentre endémique de tension. 

L'Egypte, la Jordanie, le Liban, pour ne citer que les quelques pays du premier cercle frontalier, en savent bien évidemment quelque chose. Les répliques militaires du conflit actuel, en Irak, en Syrie, au Yémen… disent aussi que les pays du voisinage ont pour leur part de sérieux motifs de s’inquiéter de l’absence de tout horizon de règlement politique au conflit, indépendamment des paramètres idéologiques ou communautaires qui peuvent être convoqués. 

L’Etat hébreu introduit en cheval de Troie dans la région juste après la fin de la Seconde Guerre mondiale, en plein processus de décolonisation et à l’aube de la naissance des monarchies pétrolières du Golfe, a finalement tenu ses promesses d’instrument de nuisance géopolitique et militaire, «un poste avancé», comme disent les spécialistes, aux mains des Etats-Unis et de l’Occident pour contrôler une région du monde hautement stratégique, riche en ressources énergétiques et vouée à être le carrefour inévitable pour les grands échanges commerciaux. L’arène des luttes acharnées pour le leadership mondial, aussi. 
 

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