HISTOIRE DU VIZIR DU ROI IOUNANE ET DU MÉDECIN ROUIANE
HISTOIRE DU VIZIR DU ROI IOUNANE ET DU MÉDECIN ROUIANE Le roi fut accompagné par ses émirs, ses chambellans, ses vizirs et les chefs du royaume. A peine s’était-il rendu au meïdane que le médecin Rouiane arriva et lui remit le maillet, disant : «Prends ce maillet et empoigne-le de cette façon-ci ; frappes-en le sol du meïdane et la balle, de toute ta force, et fais en sorte que tu arrives à transpirer de la paume et de tout le corps.
L e pêcheur dit : «Sache, ô toi l’éfrit, qu’il y avait, en l’antiquité du temps et le passé de l’âge et du moment, dans la ville de Fars, au pays des Roumann, un roi nommé Iounane. Il était riche et puissant, maître d’armées, de forces considérables et d’alliés de toutes les espèces d’hommes.
Mais l’éfrit lui dit : «Assez abuser des paroles ! Sache qu’il me faut absolument ta mort !» Alors le pêcheur se dit en lui-même : «Moi, je ne suis qu’un homme, et lui est un genni ; mais Allah m’a donné une raison bien assise ; aussi, je vais arranger une combinaison pour le perdre, un stratagème de ma finesse. Et je verrai bien si lui, à son tour, pourra combiner quelque chose avec sa malice et son astuce.»
Lorsque l’éfrit vit le pêcheur, il s’écria : «Il n’y a point d’autre Dieu qu’Allah et Soleïman est le prophète d’Allah !» et, s’adressant au pêcheur, il lui dit : «Et toi, ô grand Soleïman, prophète d’Allah, ne me tue pas, car jamais plus je ne te désobéirai et ne me mutinerai contre tes ordres !» Alors, le pêcheur lui dit : «Ô géant rebelle et audacieux, tu oses dire que Soleïman est le prophète d’Allah !
Mais, de nouveau, mes frères résolurent de partir, et ils voulurent me faire partir avec eux. Mais je n’acceptais point, et leur dis : «Qu’avez-vous donc gagné, vous autres, à voya ger, pour que je sois tenté de vous imiter ?» Alors ils se mirent à me faire des reproches ; mais sans fruit, car je ne leur obéis point.
Lorsque, ô puissant genni, continua le cheikh, j’entendis les paroles de ce berger, je sortis à la hâte avec lui, et je me sentais ivre sans vin, par la quantité de joie et de félicité qui m’advenaient de revoir mon fils. Quand donc j’arrivais à la maison du berger, la jeune fille me souhaita la bienvenue et me baisa la main. Puis le veau vint à moi et se roula à mes pieds. Alors, je dis à la fille du berger : «Est-ce vrai, ce que tu racontes sur ce veau ?»
HISTOIRE DU ROI SCHAHRIAR ET DE SON FRÈRE, LE ROI SCHAHZAMAN Il dit. Et lorsque Schahrazade, la fille du vizir, eut entendu ce récit de son père, elle dit : «Ô père, je veux tout de même que tu fasses ce que je te demande !» Alors, le vizir, sans plus insister, fit préparer le trousseau de sa fille Schahrazade, puis monta prévenir le roi Schahriar.
HISTOIRE DU ROI SCHAHRIAR ET DE SON FRÈRE, LE ROI SCHAHZAMAN Le lendemain, le semeur vint et prit l’âne et le fit labourer jusqu’à la fin du jour. Et l’âne ne retourna que le cou écorché et exténué de fatigue. Et le bœuf, l’ayant vu dans cet état, se mit à le remercier avec effusion et à le glorifier de louanges. Alors l’âne lui dit : «J’étais bien tranquille auparavant : or, rien ne me nuisit que mes bienfaits.»
HISTOIRE DU ROI SCHAHRIAR ET DE SON FRÈRE, LE ROI SCHAHZAMAN Quand le roi Schahriar entra dans son palais, il fit couper le cou à son épouse, et de la même façon le cou des esclaves femmes et des esclaves hommes. Puis il ordonna à son vizir de lui amener chaque nuit une jeune fille vierge. Et chaque nuit, il prenait une jeune fille vierge et lui ravissait sa virginité. Et la nuit écoulée, il la tuait. Et il ne cessa d’agir de la sorte durant la longueur de trois années. Aussi, les humains furent dans les cris de douleur et le tumulte de la terreur, et ils s’enfuirent avec ce qui leur restait de filles. Et il ne resta dans la ville aucune fille en état de servir à l’assaut du monteur.
HISTOIRE DU ROI SCHAHRIAR ET DE SON FRÈRE, LE ROI SCHAHZAMAN Il mit pied à terre et vint vers l’arbre sur lequel ils étaient et se tint au-dessous. Il enleva alors le couvercle de la caisse et en tira une grande boîte qu’il ouvrit, et aussitôt apparut une jeune fille désirable, éclatante de beauté, lumineuse à l’égal du soleil – comme dit le poète :
HISTOIRE DU ROI SCHAHRIARET DE SON FRÈRE, LE ROI SCHAHZAMAN A cette vue, le frère du Roi dit en son âme : «Par Allah ! ma calamité est bien plus légère que cette calamité-ci !» Et aussitôt, il laissa s’évanouir son affliction et son chagrin, en se disant : «En vérité, cela est plus énorme que tout ce qui m’advint !»
Il est raconté – mais Allah est plus savant et plus sage et plus puissant et plus bienfaisant – qu’il y avait – dans ce qui s’écoula et se présenta en l’antiquité du temps et le passé de l’âge et du moment – un roi d’entre les rois de Sassan, dans les îles de l’Inde et de la Chine. Il était maître d’armées d’auxiliaires de serviteurs et d’une nombreuse suite.