Alors que le Conseil de sécurité exige un cessez-le-feu : Israël poursuit son carnage à Ghaza

27/03/2024 mis à jour: 00:24
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Le bilan du génocide perpétré par l’armée d’occupation israélienne à Ghaza avoisine les 33 000 morts - Photo : D. R.

Selon le ministère de la Santé à Ghaza, 8 massacres ont été commis dans la nuit de lundi à mardi, soit après la proclamation du cessez-le-feu par le Conseil de sécurité de l’ONU. Ces tueries ont fait 81 morts et 93 blessés.

Pour la première fois depuis le début de la guerre contre Ghaza, et qui en est à son 173e jour, le Conseil de sécurité des Nations unies a donc fini par adopter ce lundi une résolution appelant à un cessez-le-feu dans la bande de Ghaza pendant le Ramadhan. Il s’agit de la résolution 2728, approuvée presque à l’unanimité.

Le texte soumis aux 15 membres du Conseil a en effet recueilli 14 voix pour et une abstention, en l’occurrence celle des Etats-Unis qui, pour une fois, n’ont pas opposé leur veto.

Ce texte a été proposé, précise-t-on, par le groupe des «E 10», les dix membres élus du Conseil de sécurité, dont l’Algérie. D’ailleurs, il est important de souligner que l’Algérie a joué un rôle-clé à la fois dans l’élaboration et dans l’adoption de cette résolution. Le texte a été salué par un grand soulagement.

La salle du Conseil a même été secouée par une salve d’applaudissements. C’est dire combien il a été pénible d’arracher ce presque-consensus, et combien le travail en coulisse a été laborieux.

Il faut savoir que c’est le dixième projet de résolution à avoir été soumis au Conseil de sécurité depuis le début de l’offensive israélienne dans la bande de Ghaza, et avant cette résolution, seulement deux textes avaient été validés par le Conseil.

Pour donner un peu plus de détails sur son contenu, la résolution 2728 «exige un cessez-le-feu humanitaire immédiat pendant le mois de Ramadhan qui soit respecté par toutes les parties et mène à un cessez-le-feu durable». Le texte «exige également la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages et la garantie d’un accès humanitaire pour répondre à leurs besoins médicaux et autres besoins humanitaires».

Il «exige en outre des parties qu’elles respectent les obligations que leur impose le droit international à l’égard de toutes les personnes qu’elles détiennent».

Par ailleurs la résolution «insiste sur la nécessité urgente d’étendre l’acheminement de l’aide humanitaire aux civils et de renforcer la protection des civils dans l’ensemble de la bande de Ghaza et exige à nouveau la levée de toutes les entraves à la fourniture d’une aide humanitaire à grande échelle, conformément au droit international humanitaire et aux résolutions 2712 (2023) et 2720 (2023)».

«L’Algérie reviendra bientôt à la charge»

Le représentant permanent de l’Algérie auprès des Nations unies, Amar Bendjama, s’est exprimé peu après l’adoption de la résolution en déclarant : «Je voudrais remercier tous les membres du Conseil pour la flexibilité et le travail constructif qui nous a permis aujourd’hui (hier, ndlr) d’adopter une décision tant attendue.

Une résolution qui exige un cessez-le-feu immédiat à Ghaza pour mettre un terme aux massacres qui se poursuivent depuis plus de cinq mois (…) au cours desquels le peuple palestinien a goûté à toutes les souffrances. Le bain de sang a longtemps persisté, sous des formes atroces. Et il était devenu impératif d’y mettre fin.

Le Conseil de sécurité s’est enfin montré à la hauteur de la mission qui est la sienne en tant que premier responsable de la préservation de la paix et de la sécurité internationales.» M. Bendjama a rappelé les efforts déployés par l’Etat algérien pour soulager les souffrances du peuple palestinien à Ghaza en rappelant le projet de résolution présenté par l’Algérie le 18 février dernier. «Au moment du vote sur le projet de résolution qui a été présenté par l’Algérie le mois passé, nous avions promis que nous ne céderons pas jusqu’à ce que le Conseil de sécurité assume ses responsabilités pleines et entières.

Et nous nous étions engagés à revenir frapper de nouveau aux portes du Conseil de sécurité», a assuré le représentant de l’Algérie à l’ONU, avant de lancer : «Nous voilà revenus avec tous les Etats élus au sein du Conseil pour adresser un message clair au peuple palestinien et lui dire que la communauté internationale, dans ses différentes composantes, ressent vos souffrances et ne vous a pas abandonnés.»

Amar Bendjama insiste sur le fait que «l’adoption de cette résolution n’est que le début du chemin vers la réalisation des aspirations du peuple palestinien». Il a appelé dans la foulée «au respect de cette décision par l’occupant israélien» et «à ce que cesse l’effusion de sang immédiatement et sans conditions».

M. Bendjama a tenu pour finir à souligner que l’Algérie reviendra très bientôt à la charge «pour saisir une nouvelle fois le Conseil de sécurité, conformément aux instructions du président de la République Abdelmadjid Tebboune, jusqu’à ce que l’Etat de Palestine accède à la place naturelle qui lui sied en tant que membre de plein droit des Nations unies».

A noter que «l’Algérie a mené d’intenses négociations ces derniers jours», relève l’APS, «au cours desquels elle a rédigé une proposition succincte traitant des éléments les plus complexes, y compris un cessez-le-feu immédiat conduisant à un cessez-le-feu permanent, la libération de tous les détenus et la garantie de l’acheminement de l’aide humanitaire et des besoins médicaux».

Il faut savoir aussi que depuis l’élection de l’Algérie comme membre non permanent du Conseil de sécurité des Nations unies pour une période de deux ans, et qui a entamé son mandat en janvier dernier, «la mission diplomatique algérienne à l’ONU a convoqué depuis janvier plusieurs réunions au Conseil de sécurité consacrées à la Palestine et en particulier à la situation à Ghaza, et ce, dans le cadre des efforts de l’Algérie pour faire entendre, haut et fort, la voix du peuple palestinien au sein de cet organe central de l’ONU».

30 membres d’une même famille décimés

Malgré cet appel franc et sans ambages de l’organe suprême des Nations unies à suspendre ses opérations militaires dans la bande de Ghaza, l’entité sioniste persiste dans ses crimes. «L’armée israélienne a de nouveau bombardé la bande de Ghaza, faisant ces dernières heures des dizaines de morts malgré un appel du Conseil de sécurité de l’ONU à un cessez-le-feu ‘‘immédiat’’ dans le territoire palestinien dévasté par la guerre et au bord de la famine», rapporte l’AFP.

Selon le ministère de la Santé du gouvernement Hamas à Ghaza, 8 massacres ont été commis dans la nuit de lundi à mardi, soit après la proclamation du cessez-le-feu. Ces tueries ont fait au moins 81 morts et 93 blessés. Avec ces nouvelles victimes, le bilan s’est alourdi à 32 414 morts et 74 787 blessés dans la bande de Ghaza depuis le 7 octobre.

Alors qu’Antonio Guterres a insisté sur la nécessité de l’exécution de cette résolution, considérant que sa non- application serait «impardonnable», Israël a d’emblée exprimé son rejet de la décision onusienne. «Nous n’avons pas le droit moral d’arrêter la guerre tant qu’il y a des otages à Ghaza», s’est ainsi justifié le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, depuis les Etats-Unis.

Parmi les atrocités commises par l’armée israélienne en violation de la résolution de l’ONU, une série de raids meurtriers qui ont continué de s’abattre hier sur le périmètre de l’hôpital Al Shifa, à l’ouest de la ville de Ghaza, lequel hôpital se trouve assiégé depuis maintenant neuf jours.

Selon les autorités sanitaires de Ghaza, 30 membres d’une même famille ont péri ce mardi suite à un bombardement qui a ciblé leur habitation située à proximité d’Al Shifa. Les victimes appartenaient toutes à la famille Abou Hassira.  «Les avions d’occupation ont bombardé des maisons, des immeubles et des appartements résidentiels près de l’hôpital Al Shifa», rapporte l’agence Wafa.

Ces bombardements survenus hier étaient «accompagnés de tirs d’artillerie et de tirs de drones» et ils visaient les zones d’habitation et «tous ceux qui se déplaçaient sur les routes entourant l’hôpital, ce qui a entraîné la mort de dizaines de personnes et causé des blessures à d’autres», poursuit la même source. «Un drone a également ouvert le feu sur des dizaines de citoyens qui tentaient de s’approcher de l’hôpital Al Shifa et de ses environs pour récupérer des martyrs et des blessés», informe le média palestinien.

«Il n’y a pas une minute à perdre»

Au sud de la bande de Ghaza, les forces d’occupation sionistes poursuivent leur encerclement des hôpitaux Al Amal et Al Nasser à Khan Younès. Selon le Croissant-Rouge palestinien, l’hôpital Al Amal est désormais hors service.

Dans un communiqué, le ministère de la Santé à Ghaza fait état d’« opérations violentes aux abords, en préparation d’un assaut contre le personnel médical, technique et administratif et contre les milliers de personnes déplacées encore présentes à l’intérieur».

A Khan Younès toujours, «des sources locales ont rapporté que les forces d’occupation ont bombardé les tentes des déplacés dans la région d’Al Mawasi, ce qui a entraîné la mort d’un certain nombre de citoyens», indique l’agence d’information palestinienne.

Amnesty International a appelé dans un communiqué à la mise en œuvre immédiate de la résolution adoptée ce lundi par le Conseil de sécurité de l’ONU.

«Cette résolution n’a que trop tardé, mais pour réellement atténuer le prix payé par les civils et faire face aux dévastations et aux souffrances massives à Ghaza, il est essentiel qu’elle soit mise en œuvre immédiatement et qu’elle conduise à un cessez-le-feu durable», a déclaré la secrétaire générale d’Amnesty International, Agnès Callamard.

«Il n’y a pas une minute à perdre», a insisté Mme Callamard. « Les autorités israéliennes, appuie-t-elle, doivent immédiatement mettre fin à leur campagne brutale de bombardements à Ghaza et faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire. Israël, le Hamas et d’autres groupes armés doivent également œuvrer pour que le cessez-le-feu soit durable.

Les otages civils doivent être libérés immédiatement. Tous les Palestiniens et Palestiniennes détenus arbitrairement dans des prisons israéliennes, y compris les civil·e·s de Ghaza, doivent également être libérés ».
 

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