Massacres, destruction généralisée, déportation, famine, répression… : 100 jours d’atrocités à Ghaza

15/01/2024 mis à jour: 10:33
2020

Près de 24 000 Palestiniens ont été tués dans la Bande de Ghaza, en cent jours d’une campagne militaire d’une incommensurable sauvagerie. 35% des infrastructures urbaines de l’enclave dévastée ont été rasés de la carte.

La guerre féroce déclenchée par Israël contre Ghaza, en représailles à l’opération «Déluge d’Al Aqsa», a bouclé hier son centième jour. Cent jours d’une violence inouïe durant lesquels l’armée sioniste, au prétexte de détruire Hamas, a commis une véritable boucherie dont la majorité écrasante des victimes sont des civils innocents, majoritairement des femmes et des enfants.

En 100 jours de frappes, de pilonnages et de destruction tous azimuts, la cartographie de Ghaza n’est plus que ruines et dévastation. Un incommensurable champ de désolation. L’organisation humanitaire Oxfam indiquait, il y a quelques jours, que le nombre moyen de morts à Ghaza depuis le début des attaques israéliennes dépasse et de loin tous les ratios des derniers conflits, même les plus meurtriers.

«L’armée israélienne tue des Palestiniens à un rythme moyen de 250 personnes par jour, ce qui dépasse largement le nombre de victimes quotidiennes de tout autre conflit majeur de ces dernières années», affirme cette ONG. D’après le dernier bilan communiqué hier par le ministère de la Santé à Ghaza, plus de 23 968 personnes ont perdu la vie dans l’enclave palestinienne durant ces 100 jours apocalyptiques, tandis que 60 582 ont été blessées.

«La mort, la destruction, le déplacement, la faim, la perte et le chagrin massifs de ces 100 derniers jours entachent notre humanité commune», s’est ému le chef de l’Unrwa, Philippe Lazzarini, depuis les entrailles déchiquetées de Ghaza.

Pour le directeur de l’agence onusienne d’aide aux réfugiés palestiniens, une «génération entière» d’enfants à Ghaza vont être «traumatisés» pour la vie. M. Lazzarini a évoqué également les autres fléaux qui accablent la population de l’enclave palestinienne en insistant sur les maladies infectieuses et la famine.

«La famine menace 800 000 Palestiniens»

A propos de ce dernier point, le bureau gouvernemental des médias à Ghaza a alerté samedi, à travers un communiqué, sur le fait que la «famine menace de mort la vie d’environ 800 000 Palestiniens dans la Bande de Ghaza». Il a expliqué que le territoire encerclé «a besoin de 1300 camions de nourriture par jour», mais l’armée sioniste, dénonce-t-il, empêche l’entrée des aides humanitaires.

La même instance accuse l’occupant de «tirer sur les camions qui tentent d’accéder au territoire, de cibler les conduites d’eau potable et les puits, et de perturber tous les aspects de la vie». Dans un article bien documenté publié hier, l’agence d’information palestinienne Wafa est revenue sur ces 100 jours épouvantables avec, à la clé, un inventaire exhaustif des atrocités subies par la population civile de Ghaza.

Outre le chiffre de près de 24 000 morts et de plus de 60 000 blessés enregistrés depuis le début de l’opération militaire israélienne, Wafa précise qu’il a été recensé parmi les victimes plus de 7000 femmes et quelque 10 300 enfants. A ceux-là s’ajoutent au moins 8000 disparus ensevelis sous les décombres des bâtisses détruites par les bombardements.

«Sont tombés aussi en martyrs suite à l’agression sans relâche de l’occupant en 100 jours, plus de 109 journalistes, 373 cadres médicaux, 148 fonctionnaires des Nations unies, 4257 élèves et 227 enseignants et administrateurs scolaires», énumère l’agence de presse palestinienne.

La même source cite également un rapport de l’ONG Save the Children qui affirme qu’«au moins 10 enfants perdent chaque jour leurs jambes dans la Bande de Ghaza». L’ONG déplore le fait que «la plupart des interventions chirurgicales subies par les enfants ont été effectuées sans anesthésie faute de fournitures médicales».

D’autres chiffres du Bureau central palestinien des statistiques relayés par l’agence Wafa donnent un aperçu de l’ampleur des destructions au niveau du tissu urbain et des infrastructures des villes palestiniennes d’El Qita’. «290 000 unités d’habitation ont été endommagées dans la Bande de Ghaza du fait des frappes aériennes, terrestres et maritimes de l’armée d’occupation au long de ces 100 jours», rapporte Wafa.

Et de poursuivre : «Les attaques ont lourdement touché 65 000 logements qui sont devenus inhabitables. 25 010 bâtisses ont été totalement détruites. En outre, 145 mosquées et 3 églises ont été ciblées par les frappes. 30 hôpitaux sont hors service et 26 autres sont partiellement paralysés, à quoi s’ajoutent 121 ambulances détruites.»

Concernant les infrastructures pédagogiques, Wafa souligne que «95 édifices représentant un établissement scolaire ou bien une université ont été entièrement détruits ; 295 écoles et universités ont été partiellement endommagées, et 130 structures de l’Unrwa ont été directement touchées par les frappes».

«35% des zones urbaines ont été rasées à Ghaza»

L’agence de presse palestinienne fait savoir par ailleurs que «35% des zones urbaines ont été rasées de la surface de la terre à Ghaza», chiffre attribué au ministère palestinien des Travaux publics. Le même département assure que «40% des infrastructures ont été totalement pulvérisées, parmi lesquelles des  routes, des réseaux de distribution d’eau potable, d’assainissement, des réseaux de télécommunications et des câbles électriques».

Concernant les personnes déplacées, «selon certaines estimations, 1,93 million de citoyens, soit 85% de la population de Ghaza, ont été déportés de force, et plusieurs d’entre eux ont changé plus d’une fois de refuge en quête de sécurité».

«Il a été enregistré près de 1,4 million de déplacés internes répartis sur 155 abris de l’Unrwa», continue Wafa. Et de faire remarquer : «Le gouvernorat de Rafah est devenu la destination principale des déplacés, le territoire ayant reçu plus de 1 million de personnes. Il détient de ce fait la densité démographique la plus élevée.»

Des indications de l’Unrwa complètent le tableau : «670 000 déplacés sont répartis sur 97 abris de l’Unrwa à Khan Younès et Deir El Balah, et 160 000 autres se sont réfugiés dans 57 abris au nord de la Bande de Ghaza, et ces derniers ne reçoivent pas d’aide humanitaire.»

Depuis plus de trois mois, les Ghazaouis sont ainsi dispersés entre camps de fortune et abris de l’Unrwa surpeuplés, et qui, bien souvent, ne sont pas épargnés par les raids meurtriers. «Avec l’arrivée de l’hiver, de nombreux camps d’hébergement abritant des dizaines de milliers de déplacés, ont été inondés du fait de la pénétration des eaux pluviales mélangées aux eaux usées», note Wafa.

Il convient d’insister sur le volume dérisoire des aides humanitaires qui parviennent à la population de Ghaza, celles-ci entrant au compte-gouttes du fait du blocus implacable imposé à l’enclave dévastée. «80 à 120 camions transportant l’aide humanitaire seulement entrent quotidiennement à Ghaza, selon les estimations d’organisations caritatives, sachant que les besoins au sein de la Bande de Ghaza sont de 600 camions par jour», informe l’agence Wafa.

A signaler enfin, pour clore ce bilan tout à fait partiel et provisoire, l’ampleur de la répression qui s’abat sur le peuple palestinien, et qui a redoublé de terreur durant ces 100 jours infernaux. Selon l’Association des prisonniers palestiniens, pas moins de 5875 personnes ont été arrêtées en Cisjordanie.

Les campagnes d’arrestation ont touché 200 femmes et 355 mineurs, décompte arrêté à la fin décembre 2023, selon Wafa. L’Association des prisonniers palestiniens souligne par ailleurs que le nombre total de prisonniers dans les geôles israéliennes jusqu’à la fin de l’année 2023 est de 8800 personnes, précisant que le nombre de détenus avant le 7 octobre était de 5250. 

 

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