La pression internationale monte contre Israël : «Le monde doit empêcher l’invasion de Rafah»

21/02/2024 mis à jour: 04:23
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Photo : D. R.

«Rafah est devenue un réservoir explosif et son invasion signifierait des milliers de morts», alerte le Premier ministre palestinien, Mohammad Shtayyeh.

Ghaza, jour 137. Alors que la Cour internationale de justice poursuit à La Haye ses audiences dans le cadre de la «demande d’avis consultatif sur les conséquences juridiques découlant des politiques et pratiques d’Israël» en Palestine occupée, émise par l’Assemblée générale des Nations unies, l’occupant sioniste persiste dans sa campagne dévastatrice.

103 Palestiniens ont ainsi péri en vingt-quatre heures, au cours d’une nouvelle série de bombardements, entre lundi soir et hier matin, dans divers secteurs de la Bande de Ghaza. Cela porte à 29 165 le nombre de morts enregistré dans l’enclave palestinienne, selon le département de la Santé du gouvernement de Ghaza.

Le nombre de blessés a grimpé lui aussi pour atteindre 69170. Des chiffres qui doivent être revus à la hausse, sachant, comme le rappellent régulièrement les autorités palestiniennes, qu’un nombre assez important de victimes se trouve encore enseveli sous les décombres.

Tandis qu’on parle beaucoup de Rafah en ce moment, l’évolution de la situation sur le terrain montre un regain de tension à Ghaza-ville. Selon l’agence Wafa, une opération d’envergure est menée depuis lundi par l’armée israélienne dans plusieurs quartiers de la capitale de l’enclave palestinienne, faisant de nombreuses victimes.

Vaste opération dans la ville de Ghaza

Des attaques massives par avions, par drones et par des unités d’artillerie ont ciblé Haï Al Zaytoun, au sud-est de la ville de Ghaza, où les combats font rage. «Des engins blindés ont pénétré Haï Al Zaytoun à partir de Tell Al Hawa, à l’ouest, et la rue Salah Eddine, au sud, et se sont postés à l’intersection entre la rue 8 et la rue Salah Eddine, tandis que l’aviation bombardait et des unités d’artillerie pilonnaient un certain nombre d’habitations, tuant au moins 15 personnes et en blessant des dizaines d’autres», rapporte l’agence Wafa.

Les forces d’occupation ont par ailleurs ouvert le feu et largué des obus en direction de groupes de civils qui ne faisaient qu’attendre de recevoir des lots d’aide humanitaire à l’ouest de la ville de Ghaza, affirme le média palestinien. Lundi soir, des tirs d’artillerie ont ciblé le secteur d’Al Shaaf à l’est d’Al Shuja’iya, tandis que des navires de guerre ont pilonné la bande côtière de la région.

Dans le centre de la Bande de Ghaza, «des avions militaires israéliens ont bombardé plusieurs maisons dans les camps de Nuseirat, Al Bureij et Al Maghazi, ainsi qu’à Deir Al Balah, tuant 4 citoyens et en blessant une dizaine d’autres», informe l’agence de presse officielle. Le Croissant-Rouge palestinien a indiqué que 18 personnes ont été blessées par des raids ayant visé différents secteurs de Deir Al Balah.

Au centre de l’enclave toujours, trois civils ont péri dans le bombardement d’une habitation pendant la nuit de lundi à hier, dans le camp de Nuseirat. Dans le sud de la Bande de Ghaza, des avions de combat israéliens soutenus par l’artillerie et des colonnes de chars «ont lancé des raids et tiré des obus sur un certain nombre de quartiers résidentiels de la ville de Khan Younès, faisant 6 martyrs et 15 blessés», écrit Wafa.

L’agence a mis l’accent une nouvelle fois dans son compte-rendu quotidien des opérations meurtrières israéliennes sur la poursuite de l’intervention musclée des forces d’occupation à l’hôpital Al Nasser et l’hôpital Al Amal, à l’ouest de Khan Younès. Toujours au sud de l’enclave martyrisée, cette fois dans la région de Rafah, la machine de guerre israélienne a pilonné le centre et l’ouest de la ville, faisant plusieurs blessés parmi les déplacés.

620 000 élèves palestiniens privés d’école

Du côté de la résistance palestinienne, les Brigades Al Qassam ont affirmé hier avoir ciblé deux chars israéliens de combat de type Merkava par des roquettes «Al Yacine 105» à Haï Al Zaytoun, dans la ville de Ghaza, selon le site aljazeeramubasher.net. Les Brigades Al Qods ont déclaré de leur côté avoir mené en compagnie du groupe Résistance nationale une attaque contre «des rassemblements de soldats ennemis avec des barrages de missiles dans le quartier Al-Zaytoun».

Il y a aussi les Brigades Abu Ali Mustafa, la branche militaire du FPLP, qui ont affirmé avoir bombardé «des positions de soldats et de véhicules ennemis avec des obus de mortier dans les régions orientales de Jabalia et de la ville de Ghaza», rapporte Al Jazeera. L’armée israélienne a annoncé la mort d’un de ses soldats des suites de blessures subies il y a quelques jours lors de combats dans le sud de la Bande de Ghaza.

Cela porte le bilan des pertes humaines enregistrées par l’armée sioniste depuis le 7 octobre à 575 éléments. Le ministère palestinien de l’Education a déclaré hier, à travers un communiqué, que 5260 élèves ont été tués et 8985 ont été blessés depuis le début de l’agression israélienne.

Et de préciser que 5213 élèves ont été tués et 8691 blessés dans la Bande de Ghaza tandis qu’en Cisjordanie, 47 élèves ont été fauchés par les violences israéliennes et 294 autres ont été blessés, à quoi s’ajoutent 94 arrestations. En outre, 251 enseignants et administrateurs ont trouvé la mort et 846 ont été blessés dans la Bande de Ghaza, tandis que 73 cadres pédagogiques et administratifs ont été arrêtés en Cisjordanie depuis le 7 octobre.

A noter également que 286 écoles publiques appartenant à l’Autorité palestinienne et 65 écoles relevant de l’Unrwa ont été touchées par des bombardements à Ghaza, et 57 ont subi des attaques en Cisjordanie occupée. Le ministère palestinien de l’Education nous apprend par ailleurs que 620 000 élèves palestiniens sont privés d’école depuis le 7 octobre. L’Unrwa, l’agence onusienne pour les réfugiés palestiniens, a fait savoir que 153 de ses installations ont été détruites à Ghaza du fait des bombardements intensifs israéliens «et nos écoles sont devenues des abris».

Ismaïl Haniyeh au Caire

Sur le front politique, une délégation du Hamas conduite par Ismaïl Haniyeh est arrivée hier au Caire dans le cadre d’un nouveau cycle de discussions autour d’une trêve.

«M. Haniyeh et sa délégation entendent se prononcer sur une initiative présentée lors d’une réunion à Paris entre le directeur de la CIA, William Burns, et des responsables égyptiens, israéliens et qataris», indique l’AFP avant d’ajouter : «Le mouvement examine une proposition en trois phases, dont la première porte sur une trêve de six semaines durant laquelle Israël devra libérer de 200 à 300 prisonniers palestiniens en échange de 35 à 40 otages retenus à Ghaza, et 200 à 300 camions d’aide pourront entrer chaque jour dans le territoire palestinien.»

Côté israélien, Benyamin Netanyahu s’entête dans son jusqu’au-boutisme destructeur. Anthony Blinken va bientôt repartir en tournée au Moyen-Orient pour tenter de booster les négociations, mais le secrétaire d’Etat américain a très peu de chances de faire entendre raison au boucher de Tel-Aviv.

Alors qu’aucun accord de trêve n’est venu couronner les derniers rounds de discussion et qu’Israël s’accroche à son plan criminel à Rafah, le Premier ministre palestinien, Mohammad Shtayyeh, a exhorté la communauté internationale à stopper la frénésie meurtrière israélienne. «Le monde doit empêcher l’invasion de Rafah. Rafah est devenue un réservoir explosif et son invasion signifierait des milliers de morts», a martelé hier M. Shtayyeh selon des propos cités par l’AFP.

Pour accentuer la pression internationale sur Israël, les Etats membres de l’Union européenne, à l’exception de la Hongrie, ont appelé à une «trêve humanitaire immédiate devant aboutir à un cessez-le-feu durable» à Ghaza.

Le coordonnateur spécial de l’ONU pour le processus de paix au Moyen-Orient, Tor Wennesland, a prévenu hier depuis Ghaza où il était en visite qu’une opération «à grande échelle à Rafah pourrait conduire à une situation encore plus dangereuse». «Vous pouvez facilement voir le désespoir et la peur auxquels les gens sont confrontés.

Il y a environ 1,4 million de personnes qui vivent dans des conditions extrêmement surpeuplées à Rafah, sans ressources, avec à peine un accès aux soins médicaux, sans endroit où aller et dormir», a-t-il alerté. 

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