Israël enfonce l’Occident

18/01/2024 mis à jour: 02:24
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Effaré, le monde entier découvre que les autorités israéliennes n’ont aucun but politique à Ghaza et que le seul cap qu’ils maintiennent, plus de 100 jours après leur offensive, est la destruction systématique de l’enclave, population et bâti en même temps. 

Même des alliés les plus fidèles sont conscients de cela, à leur tête les Etats-Unis qui se sont rendu compte qu’Israël n’est pas en posture de «self-défense» mais bel et bien engagé dans une aventure génocidaire relevée sur le terrain et actée par la saisine par l’Afrique du Sud de la Cour internationale de justice (CIJ). L’administration Biden a en plus d’autres calculs. 

Elle redoute l’impact électoral de la guerre, à quelques mois d’une redoutable présidentielle qui fera remettre en selle politique Donald Trump. Certes pro-israélien, celui-ci ne manquera pas de culpabiliser Biden, non pas pour son soutien inconditionnel à Netanyahu, mais par le fait que celui-ci n’a atteint aucun des objectifs affichés au départ, c’est-à-dire la neutralisation des leaders du Hamas et la libération des otages. 

Pis encore, s’est développée une incroyable résistance à Ghaza infligeant des pertes énormes en soldats et en matériel à l’armée israélienne, mettant fin, une seconde fois, au mythe de son invincibilité, la première étant l’attaque du 7 octobre. 

Biden doit mesurer aujourd’hui l’impasse dans laquelle il a mis son parti, son administration et son pays qui subit les foudres du monde entier à travers des condamnations sans équivoque de l’Assemblée générale des Nations unies et par des manifestations imposantes un peu partout dans le monde, y compris à Washington. L’entrée dans le conflit des Houtis yéménites et du Hezbollah libanais est venue aggraver la chose à travers l’internationalisation de la guerre, perspective redoutée également par les Etats-Unis. 

Ces derniers n’ont pas su, dès le départ, canaliser Netanyahu et son équipe et surtout n’ont pas saisi leur posture et leur idéologie. Biden pensait naïvement que les dirigeants de Tel-Aviv ne cherchaient qu’à neutraliser Hamas, alors que ces derniers étaient mus par une farouche volonté d’éradiquer les habitants de Ghaza, de s’emparer de la Cisjordanie et de chasser tous les Palestiniens vers des pays étrangers qu’ils n’arrivent même pas à identifier.

 Il s’agirait du Congo ou de divers pays arabes et européens, dit-on à Tel-Aviv. Washington a sous-estimé le poids des extrémistes sionistes qui mènent la danse à Tel-Aviv et qui ont réussi à infiltrer y compris des centres de décision sensibles américains, à leur tête le Congrès qui débloque régulièrement des aides financières
et militaires aux Israéliens, à leur demande ou pas. 

Washington est donc à la croisée des chemins : le drame terrifiant de Ghaza servira-t-il d’électrochoc pour qu’elle révise sa position aussi insensée qu’injuste et dangereuse ? Il est temps pour l’administration américaine de ne plus
considérer Israël comme son enfant gâté, comme c’est aussi le moment pour les pays européens de mettre à profit ce terrible moment historique pour s’extirper du syndrome de la Shoah.

 L’Occident tout entier ne devra plus aussi s’enfermer dans l’idée qu’Israël est une citadelle de défense de ses
intérêts stratégiques dans une contrée arabo-islamique considérée comme foncièrement antidémocratique. 

Il s’agit de se rendre à l’évidence que l’histoire qui s’écrit aujourd’hui au Proche-Orient n’est pas celle de la défense
coûte que coûte d’Israël et des colons juifs, ni de la légitimation de leur recours aux guerres et à la répression. 

C’est une toute autre histoire, celle de la lutte contre la colonisation avec ses ingrédients naturels que sont le racisme et le génocide. 

Une lutte dans laquelle s’est insérée tout naturellement l’Afrique du Sud, terre de Mandela, en portant la
cause des Palestiniens auprès de la CIJ. D’autres peuples et pays portent ce combat, chacun à sa façon et avec ses
moyens, dans une dynamique nouvelle en train de changer la face du monde.

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