Israël détruit méthodiquement toutes les infrastructures à Ghaza : La politique de la terre brûlée

07/03/2024 mis à jour: 04:55
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Photo : D. R.

Israël a intensifié ses efforts pour renforcer son contrôle sur Ghaza en construisant un corridor de sept kilomètres de long, coupant l’enclave en deux, selon des sources militaires israéliennes. Ce corridor est équipé de routes pour les véhicules militaires appelé «route 749».

La politique de la terre brûlée pratiquée par Israël à Ghaza atteint des proportions jamais vues.  Israël a méthodiquement  détruit l’administration et les infrastructures de l’enclave assiégée : les cimetières sont endommagés, les universités réduites en ruines, les routes effondrées, les canalisations d’eau fracassées, et le  réseau électrique est en lambeaux.

Les attaques systématiques de l’armée d’occupation israélienne ont laissé derrière elles un paysage de désolation et chaotique, privant les habitants de Ghaza de leurs moyens de subsistance et de l’espoir d’un avenir meilleur.

Quel pourrait être le sort de Ghaza après la guerre ? Il apparaît clair aujourd’hui qu’Israël a intensifié ses efforts pour renforcer son contrôle sur la région en construisant un corridor de sept kilomètres de long, coupant l’enclave en deux, selon des sources militaires israéliennes.

Ce corridor, équipé de routes pour les véhicules militaires appelé «route 749», vise à renforcer le siège de Ghaza et à faciliter les opérations militaires israéliennes dans la région. Des postes de contrôle sont érigés le long du corridor pour trier les déplacés et arrêter toute personne soupçonnée d’être affiliée au Hamas.

Dans ce contexte, l’avenir de Ghaza semble plus sombre que jamais. Les conséquences de cette politique destructrice sont particulièrement graves dans le secteur de l’enseignement supérieur.

Selon Euro-Med Human Rights Monitor, les attaques israéliennes ont causé des dommages estimés à plus de 200 millions d’euros dans les universités de Ghaza. Des milliers d’étudiants ont été contraints d’interrompre leurs études, tandis que des centaines de professeurs et de responsables universitaires ont été tués ou blessés.

Cette politique délibérée avait été annoncé dès les premières semaines de la guerre. «Quiconque reviendra ici, s’ils reviennent ensuite, trouvera une terre brûlée. Pas de maisons, pas d’agriculture, rien. Ils n’ont pas d’avenir», indiquait ainsi le 4 novembre le colonel Yogev Bar-Shesht, un responsable de l’administration civile chargée des territoires palestiniens.

Les conséquences de cette politique de la terre brûlée se font sentir non seulement sur le plan matériel, mais aussi sur le plan humain. Les pertes en vies humaines, les souffrances endurées par la population civile et les traumatismes psychologiques infligés aux enfants de Ghaza sont autant de cicatrices qui marqueront cette génération des Palestiniens de Ghaza pour des décennies à venir.

Le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations unies a prévenu hier que la faim atteignait des «niveaux catastrophiques» dans le nord du territoire palestinien, rendu difficilement accessible par les destructions, les combats, les pillages…

Pour tenter de soulager la population, huit avions de transport jordaniens, américains, français et égyptien ont procédé mardi à des parachutages d’aide sur le nord de Ghaza, a annoncé l’armée jordanienne, lors de la «plus grande opération de ce type» depuis le début de la guerre. «Les parachutages sont une solution de dernier recours et ne permettront pas d’éviter la famine», a souligné Carl Skau, le directeur exécutif adjoint du PAM.

«Une foule désespérée»

«Nous avons besoin de points d’entrée dans le nord de Ghaza afin de livrer suffisamment de nourriture pour un demi-million de personnes qui en ont désespérément besoin», a-t-il ajouté. Le PAM a annoncé qu’un de ses convois transportant 200 tonnes de nourriture, son premier à destination du nord de Ghaza depuis 15 jours, avait été pillé par «une foule désespérée» après avoir été bloqué par l’armée israélienne.

Dans le nord de l’enclave, la situation est particulièrement critique, car l’acheminement de l’aide par voie terrestre depuis son principal point d'entrée, la ville de Rafah dans le sud, est rendu difficile par l’armée d’occupation.

Le PAM dit explorer tous les moyens d'acheminer de l'aide dans cette zone, mais souligne que la route est le seul moyen de transporter de la nourriture en quantité suffisante pour éviter la famine qui menace la population.

L’ONU a également exhorté le monde à «inonder» Ghaza d’aide. «Les enfants qui commencent à mourir de faim (...) cela devrait être une alarme pas comme les autres», a déclaré mardi Jens Laerke, le porte-parole du Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (Ocha).

Pendant que la bande est livrée aux bombardements impitoyables et à la famine, les négociations piétinent. L’Egypte, les Etats-Unis et le Qatar tentent d’arracher un compromis aux deux camps, afin d’obtenir un accord portant sur une trêve de six semaines associée à la libération d’otages retenus à Ghaza en échange de prisonniers palestiniens détenus par Israël, ainsi que l’entrée d’une quantité accrue d’aide humanitaire à Ghaza.

Les discussions «difficiles» se sont poursuivies hier  entre des représentants des trois pays médiateurs et du Hamas, mais sans représentant israélien, a annoncé la chaîne AlQahera News, proche du renseignement égyptien, citant un haut responsable. D’ores et déjà un responsable du Hamas basé à Beyrouth a mis en garde que la voie des négociations «ne sera pas ouverte indéfiniment».

Le mouvement palestinien réclame, avant tout accord sur les otages, un cessez-le-feu définitif, un retrait des troupes israéliennes de Ghaza, la reconstruction du territoire et le retour dans leurs foyers des centaines de milliers de civils déplacés par la guerre. Israël rejette ces conditions et assure que l’offensive se poursuivra jusqu’à «l’élimination du Hamas».

Hier, plus de 40 frappes israéliennes, selon le service de presse du gouvernement à Ghaza, ont visé les secteurs de Khan Younès, de Deir El Balah, dans le centre, et de Ghaza-ville. Le bilan de la guerre menée contre les Palestiniens de Ghaza s’élève désormais à 30 717 martyrs et 72 156 blessés.  
 

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