Guerre contre Ghaza : Wake Up Mister Khan !

16/04/2024 mis à jour: 00:00
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Des Palestiniens déplacés tentent de retourner chez eux dans le nord de la bande de Ghaza

Les crimes de guerre commis par l’armée israélienne d’occupation contre les Palestiniens de la bande de Ghaza se suivent et malheureusement ne se ressemblent pas. 

Le degré de l’horreur et de l’effroi qu’ils suscitent les uns après les autres sont autant révélateurs de l’ampleur de ce génocide programmé par le gouvernement sioniste de Tel Aviv. Après plus de six mois de guerre contre une population civile, le décombre macabre ne cesse de s’alourdir. Plus de 33 000 morts, 45 000 blessés dont 70% sont des femmes et des enfants.

L’objectif de cet ethnocide, car c’est bien de cela qu’il s’agit, devient de plus en plus évident, à savoir chasser les survivants non sans les avoir affamés, après les avoir bombardés et massacrés pour faire de leurs territoires ravagés, des terres dépeuplées, des terres sans Palestiniens et les annexer définitivement. Le dernier épisode tragique de l’hôpital Al Shifa en est un des plus horribles et sans doute pas le dernier, quand on voit le degré d’inhumanité et de barbarie dont font preuve Netanyahu et les sbires suprémacistes de son gouvernement.

En effet, Al Shifa avait déjà été la cible de la folie ethnocidaire sioniste, entre la mi-octobre et le début du mois de novembre de l’année dernière, en même temps que plusieurs autres structures sanitaires dont l’hôpital indonésien de la bande de Ghaza. La propagande de l’armée israélienne avait prétendu que ce dernier aurait servi de base de commandement et de repli au Hamas sans apporter la moindre preuve à ses allégations. Mensonge éhonté, puisque les organisations humanitaires indonésiennes, qui gèrent l’hôpital et même le gouvernement de Djakarta, ont très vite démenti. Plusieurs jours de bombardement intensifs ont causé là aussi des centaines de victimes parmi la population civile. 
 

Effacer les traces du génocide 

Cette stratégie macabre de prendre les hôpitaux pour cible avait pour but dans l’esprit des criminels sionistes de terroriser la population civile palestinienne du nord de la bande Ghaza et la pousser à trouver refuge plus au sud vers la localité bande Rafah frontalière avec l’Egypte. Un million et demi de personnes ont rejoint cette localité, point d’entrée avec le pays voisin étroitement surveillé par les militaires égyptiens et sous surveillance étroite de l’armée sioniste.

Trois mois plus tard, Al Shifa est de nouveau pris pour cible par la vindicte sioniste assoiffée de vengeance. Jusqu’à ces derniers jours et deux semaines après l’annonce cynique de la fin des opérations militaires israéliennes contre ce qui était jusqu’alors le plus grand complexe hospitalier de bande de Ghaza, on continue toujours de retirer des cadavres de dessous les décombres de l’hôpital et des habitations des quartiers environnants. 

Les images retransmises par notamment la chaîne de télévision qatarie Al Jazeera et les innombrables vidéos diffusées sur les réseaux par les journalistes et les citoyens montrent la sauvagerie des attaques quotidiennes israéliennes, les pertes humaines et les dégâts matériels, causés dans la bande de Ghaza. Des centaines de corps extraits chaque jour des ruines, comme preuve de ce crime de guerre rarement égalé dans un conflit de ce début du XXIe siècle témoignent de l’ampleur du massacre causé par le pilonnage et les bombardements pendant quinze jours d’affilée par ces «dumbsbombs» d’une tonne de fabrication américaine, conçus pour causer un maximum de dégâts autour de leur point d’impact. 

Les corps sans vie de dizaines de malades ont été exhumés, alors que dans un mensonge éhonté, l’armée israélienne avait annoncé que tout l’hôpital avait été évacué et que tous ses occupants étaient sains et saufs. Affirmation vite démentie, chiffres à l’appui, par l’Organisation mondiale de la santé. 

Des centaines d’autres corps ont été retirés tout autour de l’enceinte hospitalière, ceux des nombreux Palestiniens réfugiés à proximité avant les bombardements, pensant être à l’abri des bombes, près d’une infrastructure censée être protégée par les Conventions de Genève. Horreur inégalée aussi, celle de corps de civils palestiniens ensevelis sciemment aubulldozer par les Israéliens aux abords d’Al Shifa, tout comme le feraient des criminels avec les cadavres de leurs victimes pour effacer toute trace de leur forfait. L’armée sioniste d’occupation n’a pas hésité un instant à profaner toujours aux bulldozers les cimetières, creusés autour de l’hôpital palestinien, afin de rendre pratiquement impossible toute identification des corps et par-la même, toute possibilité d’accumulation de preuves contre ce qui se présente comme le pire crime de guerre de ce début du siècle. Dès lors, tout travail d’une commission d’enquête s’avère matériellement difficile, voire impossible à mener dans un futur plus ou moins proche.

La Cour internationale de justice (CIJ) avait raison dans son premier arrêt du 25 janvier d’ordonner à Israël de ne pas détruire tout indice ou preuve matérielle qui viendrait corroborer les accusations, d’avoir planifié et mené un génocide à son terme ultime. Malheureusement, Tel-Aviv, à travers ces actes ignobles, continue d’ignorer les recommandations des institutions internationales comme la CIJ ou les Nations unies et bafoue le droit humanitaire international en toute impunité sans la moindre condamnation occidentale.


Double standard à la CPI

Tandis que du côté de la Cour pénale internationale on reste convaincu qu’il n’y rien à voir, à la l’instar de son Pprocureur général, le Britannique Karim Khan. Plus grave encore, ne s’est-il pas dit convaincu, au début de l’année, au summum des offensives sionistes aériennes et terrestres, qu’il était «confiant dans l’armée israélienne – eu égard au professionnalisme et ses attachements à l’éthique – qu’elle saura respecter le Droit international humanitaire et les Conventions de Genève». Une attitude qui ne ressemble en rien avec celle qu’il a eue en Ukraine, à la suite d’accusations ukrainiennes contre la Russie d’avoir procédé à la déportation d’enfants vers le territoire russe. 

Sans attendre les résultats d’une commission internationale indépendante d’enquête en Ukraine et en Russie, ce qui aurait demandé sans doute de longues investigations. Et surtout, face à l’émotion générale suscitée en Occident, il s’est empressé de faire en sorte que l’institution où il officie de manière partiale, délivre un mandat d’arrêt international à l’encontre de Vladimir Poutine et une de ses ministres avec une célérité surprenante, d’ailleurs vite applaudie par les dirigeants occidentaux, y compris ceux dont les pays ne sont pas signataires de la Convention de 1998 portant la création de la CPI. Comme le président américain Joe Biden par exemple, les USA ne reconnaissent pas jusqu’à présent la Cour pénale internationale. 

Ce n’est pas tout. M. Khan est allé encore plus loin, il a déclaré à partir d’Ukraine et au moment où des femmes et des enfants palestiniens tombaient sous les bombes israéliennes qu’il n’est rien de plus grave crime que celui de s’en prendre à des enfants et que le ou les auteurs devraient être traduits devant les tribunaux à vocation universelle… Ces propos et bien d’autres de même nature, que l’on peut d’ailleurs lire sur le bulletin de la CPI, ont de quoi susciter incompréhension et colère à Ghaza ou ailleurs. Il semblerait a priori que «l’honorable procureur» oublie que depuis sept mois plus de 14 000 enfants sont morts sous les bombes israéliennes, les mêmes que celles qui ont tué les 7 humanitaires de l’organisation américaine WKC, soit un enfant palestinien toutes les quatre heures ! Alors, dans ces conditions que M. Kan dise combien de vies d’enfants palestiniens valent celle d’un seul petit Ukrainien pour qu’il en vienne à condamner l’assassinat par Israël de civils sans défense dans les territoires occupés de Palestine ?

Suite à de tels crimes de guerre et au regard de la bienveillance occidentale manifeste jusque dans les institutions internationales, à l’égard de ceux qui ont ordonné un tel génocide, en l’occurrence Benyamin Netanyahu et de ses ministres, ne sommes-nous pas dans la situation, «deux poids, deux mesures», en matière de justice et d’application du droit international à laquelle les pays occidentaux se disent très attachés ? 

Pour l’heure, Netanyahu et ses ministres extrémistes et racistes n’ont sans doute rien à craindre de la CPI dont Israël comme son grand protecteur américain n’est pas signataire de la Convention de Rome qui a donné naissance à la cour internationale. Sinon, alors, «réveillez-vous, Mister Khan !»

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