Une surprise pour les médias français

23/03/2024 mis à jour: 02:43
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Photo : D. R.

En France, les réseaux sociaux et certains médias avançaient plutôt l’idée d’un report du scrutin présidentiel de décembre prochain. L’annonce au contraire d’une élection anticipée en septembre a donc surpris. Signe patent : peu de médias ont pris le temps d’une analyse à chaud de l’annonce faite jeudi soir.

Quand une information ne va pas dans le sens du vent dominant, elle étonne. Ainsi, jusque-là dans l’imagerie médiatique occidentale, la rumeur d’une élection présidentielle reportée se faisait insistante. A tel point qu’en France, l’information sur l’anticipation de l’élection présidentielle au 7 septembre a surpris les médias.

Si bien que peu d’analyses ont été publiées entre jeudi soir et vendredi après-midi. Elles arriveront bien sûr, mais une fois l’étonnement digéré. La plupart se sont contentés de faire du copier-coller avec les dépêches d’agence.

Parmi les rares commentaires, celui d’Euronews, dont le siège est à Lyon (France), qui estime que «ce calendrier donnera au président sortant Abdelmadjid Tebboune plus de cinq mois pour faire campagne pour sa réélection. Même si le chef d’Etat algérien n’a pas officiellement annoncé son intention de briguer un second mandat à la tête du pays».

La chaîne européenne se risque à une prospective politique, alors que rien n’est vraiment éclairci sur l’échiquier politique algérien. Ainsi lit-on sur le site en ligne : «Seule Zoubida Assoul, avocate défenseuse de prisonniers politiques et membre de l’Union pour le changement et le progrès, s’est présentée pour défier M. Tebboune, si toutefois il se présenterait.» Euronews parle d’un pays confronté «à des défis politiques et économiques de plus en plus importants».

Et tente une analyse socioéconomique : «Les dépenses de l’Etat et l’économie en général restent fortement tributaires du pétrole et du gaz, tandis que l’inflation, le chômage et les pénuries alimentaires continuent d’affliger l’économie, malgré l’augmentation des recettes tirées du gaz naturel dont elle a bénéficié au début de la guerre en Ukraine.»

Timing resserré

Parlant de «surprise», le quotidien Libération rappelle, pour sa part, que le communiqué «ne précise pas les motifs qui justifient le changement de date du scrutin». Libération projette aussi que «sauf gros rebondissement, le chef de l’Etat âgé de 78 ans devrait se porter candidat à sa propre succession».

Le même quotidien souligne que cette annonce d’un scrutin vient contredire «des spéculations dans des médias français» ces dernières semaines «sur un possible report du scrutin».

Citant l’APS, qui avait affirmé le 24 février que «les élections auront lieu en temps tel que prévu par la Constitution»… Libération s’interroge enfin sur l’annonce, ces derniers jours, de la contradiction apparente entre l’annonce du scrutin le 7 septembre et celle divulguée le 11 mars de la visite d’Etat du président Tebboune «fin septembre-début octobre» en France.

Pour le site en ligne oumma.com, le président Tebboune «peut se targuer de créer la surprise en Algérie, mais aussi de l’autre côté de la Méditerranée», et pose la question : «Les supputations vont bon train sur les raisons qui ont poussé le président algérien à avancer l’organisation de l’élection suprême.

Envisage-t-il, à 78 ans, de tirer sa révérence pour passer le flambeau à un renouveau politique et générationnel, ou au contraire brigue-t-il un second mandat ?

L’avenir proche le dira…» Enfin, le site Afric.com rappelle que «l’Algérie a connu une période d’instabilité politique ces dernières années, marquée par le mouvement de protestation hirak et la démission du président Abdelaziz Bouteflika en 2019.

Si aucune précision n’a été donnée pour justifier cette anticipation, l’élection présidentielle anticipée pourrait contribuer à stabiliser le pays et à apaiser les tensions».

Le site suppute sur la participation de «certains leaders de l’opposition» et estime que «pour l’heure, beaucoup d’incertitudes planent sur l’élection présidentielle anticipée en Algérie. La participation de l’opposition, le contexte économique et le déroulement du processus électoral seront des paramètres à surveiller dans les mois à venir». 
 

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