Trump déclare la guerre aux Houthis : Des dizaines de civils tués par les bombardements américains au Yémen

17/03/2025 mis à jour: 01:38
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Des frappes aériennes américain sur Sanaa par la marine américaine lancé depuis l’USS Harry S. Truman en mer Rouge - Photo : D. R.

Le groupe Ansar Allah avait suspendu ses opérations après l’accord de trêve conclu entre Hamas et Israël. Mais après la décision israélienne, effective depuis le 2 mars, de ne plus autoriser les convois d’aide alimentaire à destination de la population de Ghaza. Abdel Malik Al Houthi, le chef du groupe de résistance yéménite, a annoncé le 8 mars qu’il accordait un délai de quatre jours à Israël pour reprendre l’acheminement de l’aide humanitaire dans la bande de Ghaza. Voyant le gouvernement Netanyahu persister dans sa volonté d’affamer Ghaza, les rebelles yéménites ont annoncé le 11 mars leur décision de renouer avec leurs attaques contre les navires de commerce affrétés par Israël et ceux des pays qui le soutiennent, comme les Etats-Unis.

Sur ordre de Donald Trump, les Etats-Unis ont déclenché, dans la nuit de samedi à dimanche, une série de bombardements contre le Yémen qui ont fait des dizaines de morts. D’après un premier bilan du ministère de la Santé houthi, ces raids ont fait 31 morts et 101 blessés, en majorité des civils. Les frappes américaines ont touché «la capitale Sanaa et les gouvernorats de Saada et d’Al Bayda», ainsi que la ville de Radaa, a indiqué la même source.

Les victimes «sont principalement des femmes et des enfants», précisent les rebelles houthis en condamnant le fait que «des civils et des biens de caractère civil aient été pris pour cible». «Il s’agit là d’un véritable crime de guerre et d’une violation flagrante de toutes les lois et de tous les pactes internationaux», dénonce le mouvement chiite yéménite qui fait partie de «l’Axe de la résistance» soutenu par l’Iran.

«Les frappes aériennes et les tirs de missiles des navires de guerre américains en mer Rouge ont commencé samedi soir sur ordre du président américain Donald Trump. Les Houthis ont déclaré que les attaques avaient visé Sanaa, puis s’étaient étendues à Saada, Dhamar, Maarib et Taiz, confirmant plus de 40 frappes», rapportait hier aljazeera.net, le site officiel de la chaîne Al Jazeera.

C’est la première fois depuis son élection que Donald Trump s’engage militairement au Yémen en donnant l’ordre de détruire l’arsenal du groupe de résistance chiite qui, depuis novembre 2023, mène des attaques contre les navires de commerce occidentaux en mer Rouge et dans le golfe d’Aden en soutien aux Palestiniens.

Selon le Pentagone cité par l’AFP, les Houthis ont «attaqué des navires de guerre américains 174 fois et des navires commerciaux 145 fois depuis 2023». Sur le réseau social Truth, le président US s’est félicité de cette opération en se vantant que les Etats-Unis aient mené «une action militaire décisive et puissante» au Yémen.  «Nous utiliserons une force létale écrasante jusqu’à ce que nous ayons atteint notre objectif», a-t-il menacé.

«Nos courageux combattants mènent en ce moment même des attaques aériennes contre les bases, les chefs et les défenses antimissiles des terroristes afin de protéger le transport maritime, aérien et naval des Etats-Unis et de rétablir la liberté de navigation», a-t-il encore martelé, avant d’ajouter : «Aucune force terroriste n’empêchera les navires commerciaux et militaires américains de voguer librement sur les voies navigables du monde.» L’offensive américaine a «été menée en partie par des avions de chasse du porte-avions Harry Truman en mer Rouge», indique Al Jazeera en signalant que les raids US «ont visé des dizaines de sites, notamment des radars, des défenses aériennes, des systèmes de missiles et de drones».

Le groupe Ansar Allah, qui avait suspendu ses opérations après l’accord de trêve conclu entre Hamas et Israël, a déclaré le 11 mars dernier qu’il allait reprendre ses attaques contre les cargos affrétés par Israël et aussi ceux des pays qui soutiennent l’entité sioniste, à leur tête les navires battant pavillon américain. Cette reprise des opérations fut motivée par la décision israélienne effective depuis le 2 mars dernier, de ne plus autoriser les convois d’aide alimentaire à destination de la population de Ghaza.

Abdel Malik Al Houthi, le chef du groupe Ansar Allah, a annoncé le 8 mars qu’il accordait un délai de quatre jours à Israël pour reprendre l’acheminement de l’aide humanitaire dans la bande de Ghaza. Voyant le gouvernement Netanyahu persister dans sa volonté d’affamer Ghaza, les rebelles yéménites ont décidé de renouer avec le combat dès l’expiration de ce délai, soit le 11 mars au soir.

«L’agression américaine ne restera pas sans réponse»

En réaction aux bombardements américains, le bureau politique d’Ansar Allah a prévenu que «l’agression américano-britannique ne restera pas sans réponse» et que les forces houthies «sont entièrement prêtes à répondre à l’escalade par l’escalade». «Ces attaques ne dissuaderont pas le peuple yéménite de continuer à soutenir la Palestine en appuyant le peuple de Ghaza et sa résistance», a souligné l’instance politique du groupe rebelle.

Et d’annoncer : «Les opérations navales yéménites se poursuivront jusqu’à la levée du blocus sur Ghaza et la reprise des aides humanitaires.» Donald Trump s’en est pris également à l’Iran, l’accusant d’être derrière Ansar Allah. «Le soutien aux terroristes houthis doit s’arrêter immédiatement ! Ne menacez pas le peuple américain, leur président (...) ou les routes maritimes mondiales.

Et si vous le faites, attention, parce que l’Amérique vous en tiendra totalement responsable et nous ne vous ferons pas de cadeau !» a fait savoir le président des Etats-Unis via son réseau social de prédilection. Réagissant à cette mise en garde, le chef des Gardiens de la révolution, le général Hossein Salami, a répliqué en avertissant que l’Iran répondra à toute attaque. «L’Iran ne cherche pas la guerre, mais si quelqu’un le menace, il donnera des réponses appropriées, résolues et définitives», a rétorqué le général iranien, selon l’AFP.

Et de préciser : «Les Houthis prennent leurs propres décisions stratégiques et opérationnelles en toute indépendance de l’Iran.» «Les Etats-Unis n’ont nullement le droit de dicter la politique étrangère de l’Iran», assène de son côté le chef de la diplomatie iranienne, Abbas Araghchi, sur la plateforme X. Par ailleurs, l’Iran a qualifié, dans un communiqué, les raids américains de «barbares», déplorant «des dizaines de morts et de blessés», dont des «femmes et enfants yéménites innocents».

Devant cette montée de tensions, la Russie a appelé toutes les parties à la désescalade. Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a échangé samedi soir par téléphone avec son homologue américain Marco Rubio. M. Lavrov a souligné «la nécessité d’un arrêt immédiat de l’usage de la force et l’importance pour toutes les parties de s’engager dans un dialogue politique afin de trouver une solution qui empêche davantage de bain de sang», a indiqué le ministère russe des Affaires étrangères.

UNRWA : Lazzarini appelle à redonner accès à l’éducation aux enfants palestiniens

Le chef de l’Agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), Philippe Lazzarini, a souligné l’urgence de «redonner accès à l’éducation» aux centaines de milliers de filles et de garçons dans la bande de Ghaza et réaffirmé que l’agence onusienne «reste le principal fournisseur d’apprentissage d’urgence» dans l’enclave palestinienne ravagée par plus de 15 mois d’agression sioniste.

«Il est urgent de redonner accès à l’éducation aux centaines de milliers de filles et de garçons qui vivent actuellement dans les décombres (...)», a écrit M. Lazzarini, dans un message publié samedi soir sur les réseaux sociaux. Et de souligner encore que «l’UNRWA reste le principal fournisseur d’apprentissage d’urgence et de soutien psychosocial à Ghaza. L’éducation redonne espoir aux enfants.

Elle les aide à guérir et à renouer progressivement avec leur enfance». Pour le patron de l’UNRWA, «c’est essentiel pour surmonter les traumatismes indicibles qu’ils subissent». Il a, par ailleurs, précisé que «plus de 270 000 garçons et filles sont inscrits au programme éducatif de l’UNRWA. Ils bénéficient d’un apprentissage de base en arabe, anglais, mathématiques et sciences».

«Nos équipes ont récemment ouvert 130 espaces d’apprentissage temporaires supplémentaires dans des écoles et des centres d’accueil», a-t-il poursuivi. «A Ghaza, nous offrons un apprentissage en présentiel à environ 47 000 enfants», a-t-il encore dit, ajoutant, cependant, qu’«il reste un long chemin à parcourir pour permettre à toujours plus d’enfants d’accéder à l’éducation». «L’objectif est d’éviter une génération perdue d’enfants palestiniens. L’enjeu est de taille, il n’y a pas de temps à perdre», a conclu Lazzarini dans son message.

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