Un vent de panique a soufflé sur les Bourses mondiales suite à une offensive commerciale sans précédent de Donald Trump mercredi dernier, qui a imposé des droits de douanes massifs.
Certains indices ont été au plus bas, des niveaux jamais atteints, selon les experts, depuis des mois, voire des années. A Wall Street jeudi, a rapporté l’AFP, le Dow Jones a clôturé en perte de 3,98%, l’indice Nasdaq a terminé à -5,97%, au plus bas depuis mars 2020, et l’indice élargi S&P 500 a reculé de 4,84%, sa plus forte baisse, également en clôture, depuis juin 2020.
En Europe aussi, les investisseurs se sont détournés des actions. Paris a cédé 3,31%, son plus fort recul quotidien depuis la séance du 15 mars 2023, et Francfort a perdu 3,01%, Milan 3,60% et Londres 1,55%. C’est dire si l’offensive de Trump a désarçonné les marchés mondiaux.
Les nouveaux droits de douane sont particulièrement punitifs pour la Chine (qui, précédemment visée, verra au total les taxes sur ses produits augmenter de 54%), le Cambodge (+49%), le Vietnam (+46%) ou encore le Bangladesh (+37%).
L’offensive de la Maison-Blanche, prenant le contre-pied des politiques de libre-échange promues tambour battant durant des décennies, prévoit ainsi un droit de douane plancher supplémentaire de 10% et des majorations pour certains pays: 20% de taxes pour l’Union européenne, 34% pour la Chine, 24% pour le Japon, ou encore 31% pour la Suisse. L’Algérie, faisant partie de la liste des pays touchés par l’augmentation des droits de douane, se verra ainsi appliquer désormais un taux de 30% sur les produits destinés à l’exportation au marché américain.
Les Etats-Unis viennent donc d’inaugurer une nouvelle page dans l’histoire des échanges commerciaux mondiaux. Inédit. Cela va-t-il instaurer de nouvelles règles en la matière, de nouveaux réflexes ? Trump vient en tout cas de créer un précédent.
Des droits de douane imposés à la Chine ont, par ailleurs, été attaqués en justice jeudi aux Etats-Unis, selon l’AFP, par une organisation qui affirme que sa plainte est la «première» à être déposée contre la politique commerciale du président américain. Selon la même source, la New Civil Liberties Alliance (NCLA) remet en cause des droits de douane de 10% appliqués sur les produits chinois à partir du 1er février, puis doublés un mois plus tard, avant la grande offensive mondiale de Donald Trump mercredi.
L’organisation estime que ce dernier n’était pas en droit, pour imposer ces droits de douane à la Chine, d’invoquer une loi de 1977, l’IEEPA (International Economic Emergency Power Act), qui accorde des pouvoirs élargis au Président pour réglementer le commerce en cas de situation d’urgence nationale. «Le Congrès a adopté l’IEEPA pour faire face à des menaces extérieures, pas pour signer un chèque en blanc aux Présidents afin qu’ils puissent décider de leur politique économique intérieure», affirme-t-on.
Commentant la réaction des marchés, le président américain a, pour sa part, balayé les inquiétudes jeudi. «L’économie avait beaucoup de problèmes... C’était un patient malade, (elle) va finir en pleine forme», a-t-il assuré devant la presse.
La Chine dépose une plainte
Le Fonds monétaire international (FMI) a néanmoins fait part de son inquiétude. Les annonces de Donald Trump «constituent manifestement un risque important pour les perspectives mondiales, dans une période de croissance molle», a averti sa directrice, Kristalina Georgieva, appelant à «éviter des gestes qui pourraient heurter encore davantage l’économie mondiale».
Symptôme des fortes inquiétudes sur un ralentissement économique à venir, le pétrole a reculé de plus de 6% et l’or, actif refuge, a connu de nouveaux sommets. Nul ne sait pour l’instant comment va évoluer le marché pétrolier, même si tout le monde redoute le rétrécissement de la croissance mondiale et le retour de l’inflation.
Les partenaires commerciaux des Etats-Unis ont en effet déjà fait savoir leur volonté de répondre par la réciproque. «Pour toutes les marchandises importées en provenance des Etats-Unis, un droit de douane supplémentaire de 34% sera imposé en plus du taux des droits de douane actuellement applicables», a, selon l’AFP, déclaré le ministère chinois des Finances.
Le ministère chinois du Commerce a, par ailleurs, annoncé des contrôles à l’exportation sur sept éléments de terres rares, y compris le gadolinium, utilisé notamment en imagerie par résonance magnétique, et l’yttrium, utilisé dans l’électronique grand public.
En outre, «La Chine a déposé une plainte dans le cadre du mécanisme de règlement des différends de l’OMC», selon le ministère chinois du Commerce. Les perspectives de l’économie mondiales sont plus que jamais incertaines. A. Benyahia