«Nous réaffirmons notre conviction selon laquelle un dialogue inclusif entre tous les Syriens, avec l’appui de la communauté internationale, reste la seule solution viable et juste pour régler cette crise qui n’a que trop duré», a souligné Nassim Gaouaoui, représentant permanent adjoint de l’Algérie auprès des Nations unies, au cours d’une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU consacrée à la situation en Syrie.
Mardi après-midi, la situation en Syrie a fait l’objet d’une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU, suite aux récents développements qu’a connus le pays et à l’offensive des forces rebelles qui a conduit à la chute d’Alep. Au cours de cette réunion, le groupe A3+ du Conseil de sécurité qui compte l’Algérie, le Mozambique, la Sierra Leone et le Guyana a mis l’accent sur le fait que la seule solution viable à la crise syrienne ne peut être que politique.
«De toute évidence, il n’y a pas de solution militaire à la crise syrienne. La seule voie possible est celle d’une solution politique préservant l’unité, la souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale de la Syrie», a déclaré le représentant permanent adjoint de l’Algérie auprès des Nations unies, Nassim Gaouaoui, cité par l’APS.
M. Gaouaoui intervenait au nom du groupe A3+ lors de cette réunion d'urgence du Conseil de sécurité à laquelle avait appelé le gouvernement syrien avec l'appui de l’Algérie et de ses partenaires du groupe A3+. «Nous réaffirmons notre conviction selon laquelle un dialogue inclusif entre tous les Syriens, avec l’appui de la communauté internationale, reste la seule solution viable et juste pour régler cette crise qui n’a que trop duré», a insisté M. Gaouaoui.
Et d’ajouter : «Les Syriens doivent mettre de côté leurs différends et faire front commun pour créer un avenir radieux. Un avenir où le pays sera débarrassé du terrorisme et où tous les Syriens pourront réaliser leurs aspirations légitimes de paix, de dignité et d’espoir.»
«Il faut donner un nouveau souffle au processus politique syrien»
Le représentant de l’Algérie a exprimé en outre l’inquiétude du groupe A3+ face à la récente escalade de violences armées en Syrie, «incluant des attaques dont celle du groupe Hayat Tahrir al-Cham, désigné comme groupe terroriste par le Conseil de sécurité». «Ces attaques ont provoqué des pertes tragiques en vies humaines, y compris celles de femmes et d’enfants, en plus de dommages causés à des infrastructures civiles et la suspension des services essentiels», a déploré M. Gaouaoui.
«Le groupe A3+ n’a cessé de tirer la sonnette d’alarme (quant à la situation en Syrie). Hélas, ces avertissements ont maintenant montré leur pertinence», fera remarquer le diplomate algérien. «L’escalade tragique de la violence nous rappelle la fragilité et la gravité de la situation en Syrie, près de 14 ans après le début de la crise.
Elle souligne aussi le besoin pressant d’améliorer la coordination pour combattre le terrorisme avec efficacité», a-t-il encore souligné. «Nous appelons de nouveau à appuyer les efforts de l’envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU en Syrie. Nous soulignons également l’importance de convoquer de nouveau les réunions du Comité constitutionnel syrien et de donner un nouveau souffle au processus politique par et pour les Syriens conformément à la résolution 2254 du Conseil de sécurité», a conclu Nassim Gaouaoui.
Sur le terrain, la situation est toujours aussi critique une semaine après l’assaut donné par une coalition de milices armées contre la ville d'Alep. Après avoir conquis plusieurs localités du nord et du nord-ouest du pays, la coalition dominée par le groupe terroriste Hayat Tahrir al-Cham est à présent aux portes de la ville-clé de Hama.
«Des unités de l’armée arabe syrienne sont engagées dans des affrontements violents avec des organisations terroristes sur l’axe de Jabal Zain al-Abidin, au nord-est de la ville de Hama, et sur l’axe de la campagne nord-ouest de la ville, tuant et blessant des terroristes», rapportait hier l’agence officielle Sana. L’armée syrienne, soutenue par l’aviation russe et d’«importants renforts», mène des «combats féroces» contre les groupes armés, indique Sana.
«Des nuages de fumée noire s’élevaient de la ville de Souran, à une vingtaine de kilomètres au nord de Hama», affirme l’AFP, ajoutant que «des civils fuyaient, entassés dans des camions et des remorques, pendant que des combattants rebelles, brandissant leurs armes, patrouillaient à bord de pickups». «A Halfaya, une localité voisine, des rebelles tiraient au lance-roquettes. D’autres, à mobylettes, faisaient le V de la victoire en passant près des chars abandonnés par l’armée syrienne», poursuit l’agence française.
Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), les combats aux abords de Hama ont provoqué «une importante vague de déplacements». «Ces combats, qui ont fait 602 morts en une semaine, dont 104 civils, selon l’OSDH, sont les premiers de cette ampleur depuis 2020 dans ce pays meurtri par la guerre civile», précise l’AFP. L’ONU a fait état mardi «de nombreuses victimes civiles, dont un grand nombre de femmes et d’enfants, dans des attaques des deux camps, et de la destruction d’établissements de santé, d’écoles et de marchés».
La Russie, l’Iran et la Turquie «en contact étroit»
Alors que la situation en Syrie ne fait que s’envenimer, la Russie, l’Iran et la Turquie multiplient les contacts afin de trouver une issue à la crise. Les chefs de la diplomatie de ces trois pays sont «en contact étroit», selon Moscou.
«Les ministres des Affaires étrangères des trois pays garants (du processus d’Astana, un format de négociation sur la Syrie), la Russie, l’Iran et la Turquie, sont en contact étroit», a en effet assuré hier la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, citée par l’AFP, lors de son briefing hebdomadaire. «Nous espérons que tous les Etats qui ont une influence sur la situation sur le terrain en Syrie l’utiliseront dans l’intérêt du rétablissement de la sécurité et de la stabilité dans ce pays dès que possible», a-t-elle ajouté.
A noter par ailleurs que la Russie accuse l’Ukraine de soutenir Hayat Tahrir al-Cham, le groupe terroriste qui dirige la coalition anti-Assad. L’accusation a été formulée par l’ambassadeur russe à l’ONU Vassili Nebenzia lors de la réunion du Conseil de sécurité sur la Syrie tenue mardi.
«Nous voulons attirer particulièrement l’attention sur les traces identifiables pointant vers la principale direction du renseignement ukrainien, le GUR, dans l’organisation des hostilités et dans la fourniture d’armes aux combattants dans le nord-ouest de la Syrie», soutient Vassili Nebenzia, selon des propos relayés par l’AFP. «Nous faisons référence à l’identification dans la province d’instructeurs militaires ukrainiens (...) qui entraînaient les combattants du HTS aux opérations de combat», a-t-il détaillé.
«Les combattants du HTS non seulement ne cachent pas le fait qu’ils sont soutenus par l’Ukraine, mais ils en font l’étalage», a-t-il renchéri, accusant l’Ukraine de leur avoir fourni notamment des drones. «La coopération entre les terroristes ukrainiens et syriens motivés par la haine contre la Syrie et la Russie est en cours, pour le recrutement de combattants dans les forces armées ukrainiennes et pour organiser des attaques contre les troupes russes et syriennes en Syrie», a encore révélé l'ambassadeur russe.
Le représentant de la Russie auprès des Nations unies a, par ailleurs, «regretté» que les responsables de l’ONU «n’aient pas eu le courage d’appeler un chat un chat et de condamner ces attaques terroristes» contre la Syrie, lançant la même accusation contre les Etats-Unis.
Un photographe de l’agence allemande DPA tué près de Hama
Un photographe syrien de l’agence allemande DPA a été tué hier suite à une frappe aérienne près de Hama, ville du centre de la Syrie où les combats font rage entre les forces rebelles et l’armée syrienne.
C’est ce qu’a annoncé l’agence allemande dans un communiqué où on peut lire : «Notre photographe Anas Alkharboutli, qui a documenté la guerre civile en Syrie dans un langage visuel unique, a été tué dans une frappe aérienne près de la ville syrienne de Hama. Anas avait juste 32 ans.» M. B.
704 morts en une semaine de combats
Les affrontements qui font rage au nord de la Syrie depuis le lancement de l’offensive de la coalition rebelle, le 27 novembre, aurait fait plus de 704 morts, selon un bilan actualisé hier. C’est ce qu’a annoncé hier l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), une ONG syrienne basée à Londres. L’OSDH précise que sur les 704 morts, 361 sont des membres de la coalition dirigée par Hayat Tahrir al-Cham, 233 soldats de l’armée régulière syrienne ainsi que ses alliés et 110 civils. M. B.