L ’Amérique vient de se distinguer pour la quatrième fois par son peu de scrupule, son soutien absolu à l’arbitraire et au crime, son alignement total sur l’injustice et son appui aux ennemis de la liberté et des droits de l’homme. Au Conseil de sécurité de l’ONU, Washington a opposé son veto à une résolution qui appelait à un cessez-le-feu immédiat à Ghaza et à la libération des otages israéliens détenus par Hamas.
C’est-à-dire une exigence pour laquelle se battait l’administration américaine depuis plus d’un an. 14 pays sur 15 ont voté pour le texte. Seul contre tous, Washington a voté contre. Pourquoi ? Parce que la résolution n’était pas assez claire sur la libération des otages, a dit son ambassadeur. La France, qui n’est pas connue pour une quelconque antipathie pour Israël, a répondu, par la voix de son ambassadeur, qu’au contraire que le texte était très clair sur ce point précis.
Le même jour, les Etats-Unis se sont trouvés nommément à soutenir les criminels israéliens. La Cour internationale de justice a lancé des mandats d’arrêt internationaux contre Benyamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, puis Mohamed Deif, chef militaire du Hamas pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Seuls les Etats-Unis et l’homme à la tronçonneuse argentin ont violemment protesté contre le verdict, alors que l’Union européenne l’a trouvé juste. Pourtant, les Etats-Unis avaient toutes les raisons du monde de punir Israël. Le 10 octobre dernier, ils ont ordonné à Tel-Aviv de laisser entrer quotidiennement et durant un mois 750 camions par jour dans Ghaza. Netanyahu a humilié, une nouvelle fois, Biden et son administration en refusant d’obtempérer. Dans un tel cas, la loi américaine impose à Washington d’infliger des sanctions militaires au contrevenant pour «entrave à l’acheminement de l’aide alimentaire».
L’ultimatum américain a expiré il y a 10 jours, mais rien n’a été fait. Netanyahu a encore défié la main nourricière et n’a même pas reçu un petit blâme. Bien sûr, l’aide militaire n’a pas été suspendue. Biden a violé les lois américaines pour ne pas déplaire à des criminels de guerre. La Maison-Blanche accepte toutes les humiliations quand elles viennent d’Israël. Pourquoi l’Amérique se comporte-t-elle de façon si injustice à l’égard des opprimés du monde ? Pourquoi vote-t-elle contre une résolution qui demande tout simplement l’arrêt des massacres d’enfants et de femmes palestiniens ? Est-elle si indifférente face aux malheurs des autres ? Porte-t-elle toujours en elle les stigmates de la vente des esclaves africains et des indiens d’Amérique au point de devenir totalement insensibles aux malheurs des autres ?
Elle préfère être au côté des fanatiques extrémistes israéliens qui veulent la «solution finale» chère à Israël pour le peuple palestinien afin de lui voler ce qui lui reste comme terre et édifier le «Grand Israël». Le débat est, aujourd’hui, ouvert chez les Israéliens, du moins chez les jusqu’au-boutistes.
La guerre se poursuivra jusqu’à l’annexion officielle de la Cisjordanie, Ghaza et aussi du Sud-Liban. La guerre et l’extermination des Palestiniens, des Libanais, auxquels s’ajoutent désormais les Syriens, sont devenus des objectifs à atteindre pour Netanyahu et son armée. Il est devenu tellement arrogant au point de friser la folie jusqu’à vouloir imposer sa loi à l’humanité entière. A croire que l’ONU a été créée pour être au service du fanatisme israélien.
Malheureusement, Washington est lui aussi en train de perdre son âme dans ce compagnonnage criminel avec les Israéliens. Lorsqu’il y a eu les attentats au World Center, le 11 septembre 2001, l’Amérique s’était demandée pourquoi on lui veut tant de mal ? Pourquoi Ben Laden s’était acharné sur elle avec tant de violence ? Elle ne se rend pas compte qu’elle persiste dans le déni des droits des peuples, qu’elle fait très mal aux opprimés de la terre pour s’aplatir devant des fanatiques.
Elle ne se rend pas compte qu’elle provoque elle-même la haine et la colère de ceux qui ne vivent même pas d’espoir et qui ne cherchent qu’à se venger. Le veto américain à une résolution qui «cherche à préserver la vie des innocents, à mettre fin à un génocide organisé, à des crimes contre l’humanité», est impardonnable. Washington a fait d’Israël un monstre inégalable au point que Netanyahu se permet de dire qu’il accepte une trêve au Liban à condition qu’on reconnaisse à son armée le droit de pénétrer dans ce pays à chaque fois qu’elle le juge nécessaire.
Moralement, M. Biden et son équipe peuvent être considérés comme co-coupables des crimes à Ghaza et au Liban. Le sang des enfants et des femmes continuera de couler parce que le chef de la Maison-Blanche le veut. Qu’est-ce que ça va être avec Trump ? Les extrémistes israéliens, et à leur tête Netanyahu, l’attendent avec impatience. Le chaos mondial est-il pour demain ?
Par Tayeb Belghiche