Pour les populations civiles du Liban, ce cessez-le-feu est assurément un immense soulagement après des semaines de bombardements intenses de l’aviation israélienne. Comme à Ghaza, celle-ci a ciblé les villes et les quartiers les plus denses afin de faire le maximum de victimes et de dégâts au niveau des logements et des infrastructures.
Au motif que des combattants du Hezbolalh pourraient se trouver dans ces ensembles urbains, Beyrouth a payé le prix le plus lourd, même les villages les plus reculés n’ont pas été épargnés par la folie israélienne : plus de 4000 morts, des dizaines de milliers de blessés, des millions de réfugiés. Le Liban a payé chèrement une nouvelle fois sa proximité avec Israël, pays qui cherche à régner en maître dans toute la région, utilisant pour cela une armée lourdement équipée par les Etats-Unis et conduite par des génocidaires, dont le Premier ministre Netanyahu, un des plus sanguinaires de l’histoire du pays.
Il n’a pu se résoudre à accepter cet accord que parce qu il lui est favorable. Il lui confère toute latitude de surveiller militairement le Liban avec le concours de l’armée américaine et en même temps il lui permet d’intervenir au Liban quand il juge que c’est nécessaire. Comme calcul politique, Netanyahu cherche à rallier à lui l’opinion publique israélienne pour le protéger des procès pour corruption qui l’attendent dans les semaines à venir. Et bien entendu pousser les Etats signataires du traité de Rome à ne pas honorer la décision de la CPI ordonnant son arrestation ainsi que son ministre de la Défense.
L’administration Biden tire largement profit de cet accord pour redorer quelque peu son blason terni et cela à la veille de son départ de l’Exécutif. C’est donc un nouveau cadeau fait par Washington à Israël qui laisse de côté Ghaza, alors même que c’est là ou se déroule un véritable génocide . Au moment même où était signé l’accord, Ghaza était toujours sous les bombes avec des dizaines de morts et des centaines de blessés.
Et une situation humanitaire catastrophique que vient d’aggraver l’arrivée de l’hiver. Les camps de réfugiés constitués de tentes sont inondés par les pluies. La faim et les maladies sont ravageuses. A l’issue de l’accord, Netanyahu a annoncé qu’ il intensifiera la pression sur Ghaza, faisant fi des otages encore détenus par le Hamas et des pressions de leurs familles, car sa stratégie exprime dès le départ : anéantir au maximum la population de l’enclave, contraindre les survivants à l’exil, coloniser les terres et les remettre à l’extrême droite de son gouvernment. Même si Netanyahu ne sera plus Premier ministre, son successeur trouvera le même appui américain. Donald Trump déteste fondamentalement les Palestiniens qu’ il a tenté de piéger, quand il était déjà au pouvoir par le biais des accords d’Abraham.
Il s’attellera de nouveau à les mettre au goût du jour, notamment par l’ élargissement à l’Arabie Saoudite qui était sur le point de le faire avant le 7 octobre. Pour Washington, quel que soit le Président ou le parti, l’essentiel est qu’Israël demeure le poste avancé de tous les intérêts du monde occidental. L’accord sur le Liban est donc conçu pour venir au secours de ce pays englué dans une guerre particulièrement meurtrière avec le Hezbollah, lequel lui a infligé de sérieux revers et qui l’a discrédité au sein de l’opinion mondiale.
La France est intervenue comme sous-traitant des USA pour redorer un peu son blason terni par une diplomatie calamiteuse dans la région. Paris a définitivement perdu ce qui lui restait comme influence au Liban, tant elle a surtout cherché à ménager Tel-Aviv dans ses expéditions guerrières à Ghaza et dans le pays du Cèdre. En tout état de cause, rien de durable et de sérieux ne se dessine tant que la question de Ghaza n’est pas résolue et d’une manière générale celle de la cause palestinienne.
C’est là le cœur de la crise dans la région du Proche-Orient. Depuis 70 ans, toutes les solutions politiques qui rétabliraient les Palestiniens dans leurs droits légitimes ont été systématiquement ignorées par les dirigeants au pouvoir à Tel-Aviv sous influence des suprémacistes juifs bien implantés au sein du pouvoir à Tel-Aviv. Toujours avec le soutien inconditionnel des pays occidentaux, à leur tête les Etats-Unis soumis à un permanent lobbying sioniste.
Par Ali Bahmane