Position de Biden et de Macron sur le génocide commis par Israél à Ghaza : Le tollé des diplomates français et américains

16/11/2023 mis à jour: 03:17
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Les présidents français et américains sont critiqués par des diplomates et fonctionnaires des deux pays , ils leur reprochent leur soutien franc à la politique d’agression menée par l’Etat hébreu dans la Bande de Ghaza.

Les positions de soutien à Israël sont vivement critiquées, y compris par les diplomates, notamment en France et aux Etats-Unis. Le malaise au sein de la diplomatie française au Moyen-Orient est désormais public, marquant une rupture historique. 

Un groupe d’environ dix ambassadeurs de France dans la région, dont certains au Maghreb, a récemment rédigé une déclaration commune exprimant des regrets et des inquiétudes quant à la position pro-israélienne adoptée par le président français, Emmanuel Macron, sur la guerre à Ghaza, selon des informations du journal français Le Figaro.

 Cette note, adressée au Quai d’Orsay avec des copies destinées à l’Elysée, souligne que la position initiale en faveur d’Israël est mal comprise au Moyen-Orient, rompant avec la tradition française d’équilibre entre Israéliens et Palestiniens depuis la mise en place de la Ve République.

 Les diplomates signataires craignent que cette prise de position puisse avoir des répercussions profondes sur l’image et la sécurité de la France, entraînant une perte de crédibilité et d’influence du pays dans la région. Ils déplorent que la France soit souvent critiquée aux côtés des Etats-Unis et du Royaume-Uni lors de manifestations dans plusieurs pays du Moyen-Orient et du Maghreb, allant parfois jusqu’à être accusée de complicité de génocide.

 Les diplomates soulignent une crise de confiance «grave» et potentiellement «durable» entre la France et le Moyen-Orient. Ils estiment que la défiance envers la France risque d’être persistante, remettant en question la voix alternative du pays dans la région. «Nous sommes parfois accusés de complicité de génocide», confie un jeune diplomate en poste au Moyen-Orient au journal Le Figaro. 

«La défiance vis-à-vis de nous est profonde et risque d’être persistante», est-il souligné. Nos interlocuteurs trouvent que l’«on se trahit nous-mêmes», ils estiment que «notre discours, basé sur l’humanisme, est en contradiction avec notre nouvelle approche». Pour eux, «la France, avec sa voix alternative, n’existe plus». 

Les ambassadeurs regrettent une «perte de crédibilité» et une «mauvaise image» de la France au Moyen-Orient, attribuant cette situation aux prises de position du président Macron. Ils considèrent que la défiance actuelle est plus problématique que celle découlant des caricatures du Prophète en France.

 Le fait est que le président français a très tôt montré à Israël son «soutien inconditionnel» et donné du «cher Bibi» au Premier ministre israélien, Benyamin Natanyahu, et il est allé jusqu’à proposer de mobiliser la coalition internationale anti-Daech pour – selon ses mots – «détruire le Hamas». Un mois après le massacre perpétré à Ghaza, il a tenté de rectifier le tir à travers l’organisation d’une Conférence humanitaire internationale et l’appel à un cessez-le-feu à Israël, dans une récente interview avec la BBC, dont se félicitent les ambassadeurs frondeurs.

 Il est à remarquer néanmoins que la position française reste timorée et qu’immédiatement après s’être démarqué avec des propos sur le bombardement de civils, Emmanuel Macron a contacté le président israélien pour lui dire qu’il «n’accusait pas Israël de porter atteinte intentionnellement aux civils». Bien que le Quai d’Orsay minimise l’impact de la note, les diplomates de carrière estiment être «marginalisés» par l’Elysée sur le dossier du Proche-Orient. 

«Liens étroits»

De son côté, le président américain, Joe Biden, est sous le feu des critiques à cause de sa politique de soutien sans ambages à Israël. Dans une démarche inédite, plus de 400 fonctionnaires du gouvernement américain, représentant 40 agences gouvernementales, ont adressé une lettre au président Joe Biden pour exprimer leur désapprobation quant à son soutien à Israël dans la guerre à Ghaza. Cette lettre, révélée par le New York Times, émane de responsables politiques et de membres du personnel de diverses agences, telles que le département d’Etat, la Maison-Blanche, le Conseil de sécurité nationale et le ministère de la Justice.

Les fonctionnaires, dans ce mémorandum, soulignent la nécessité de critiquer publiquement les actions d’Israël, qu’ils considèrent comme des violations des normes internationales, en particulier son utilisation excessive de la force contre les Palestiniens. Ils appellent à une condamnation publique lorsque des violences sont perpétrées par des colons israéliens où des saisies illégales de terres ont lieu. 

Le mémo insiste sur l’importance de rappeler à Israël de respecter les valeurs américaines et de ne pas agir en toute impunité. Le fait est que Joe Biden a soutenu de manière inconditionnelle le gouvernement israélien, renforçant la présence militaire américaine dans la région, notamment par l’envoi d’armes initialement destinées à l’Ukraine. 

Les liens étroits du président avec Israël, qu’il a toujours soutenu au cours de sa carrière, sont mis en évidence, le Président se définissant lui-même comme un «sioniste». Les fonctionnaires demandent un cessez-le-feu immédiat et appellent Biden à mettre fin à l’effusion de sang résultant de l’offensive des forces d’occupation israéliennes à Ghaza. 

Selon un sondage réalisé par Date for Progress en octobre, 66% des Américains, dont 80% des démocrates, estiment que les Etats-Unis devraient faire pression sur Israël pour imposer un cessez-le-feu. 

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