Nouvelle circulaire sur l’immigration : Retailleau sous les feux de la critique

27/01/2025 mis à jour: 08:08
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Photo : D. R.

La circulaire adressée vendredi aux préfets français durcit les conditions de régularisation des sans-papiers par rapport à la précédente circulaire Valls.

La nouvelle circulaire sur l’immigration du ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau, abrogeant la circulaire dite de Valls de 2012, continue de susciter moult réactions, notamment au sein de la droite et l’extrême droite. Le Rassemblement national l’a d’ailleurs rejetée, samedi, qualifiant l’ancien sénateur vendéen de «faux dur», rapportent des médias français.

«Il ne faut quand même pas être dupe. Ce que nous fait Bruno Retailleau, c’est finalement ni plus ni moins que décaler de deux ans le temps nécessaire à la régularisation, c’est-à-dire passer de 5 à 7 ans», a déclaré sur France Info le député de la Moselle et porte-parole du RN Laurent Jacobelli.

La circulaire adressée vendredi aux préfets français durcit les conditions de régularisation des sans-papiers par rapport à la précédente circulaire Valls.

Elle exige, notamment, une durée de résidence de 7 ans contre 5 ans pour la circulaire de 2012 qui encadrait jusqu’ici les régularisations. «Monsieur Retailleau, c’est un faux dur, mais c’est un vrai mou, parce qu’il est LR, parce que depuis des années, ils ont accompagné l’immigration», a accusé Jacobelli.

«Ce qu’il faut, c’est dire clairement à tous ceux qui veulent arriver en France : si vous arrivez en France illégalement, vous ne serez jamais régularisés. Sinon on va continuer avec les pompes aspirantes des clandestins», a-t-il dit, prônant le chiffre de «zéro» régularisation.

La présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, appartenant au camp macroniste, a elle aussi critiqué la circulaire Retailleau. Elle a affirmé que celle-ci «supprime les critères de régularisation exceptionnelle et systématise les OQTF (obligation de quitter le territoire français)». «Cela risque de maintenir dans l’illégalité de nombreux étrangers parfaitement intégrés et respectueux des valeurs de la République», a-t-elle regretté dans un entretien au Parisien.

«Retailleau a rapidement imposé un style»

«Il faut que nous soyons cohérents et équilibrés […] ne pas décourager des personnes qui travaillent, s’intègrent et ne posent aucune difficulté», a-t-elle ajouté. Dans les médias français proches de l’extrême droite, la méthode Retailleau est qualifiée d’homme politique «ferme». «Retailleau a rapidement imposé un style qui tranche avec celui de ses prédécesseurs.

Figure emblématique de la droite française, il affiche une détermination sans concession (…)», s’enorgueillit presque Valeurs Actuelles. D’autres médias, de même tendance, ouvrent, de plus en plus ces derniers temps, leurs colonnes à Retailleau qui ne ratet aucune occasion pour s’attaquer essentiellement à l’Algérie.

Pour d’aucuns, le durcissement des conditions de régulation ciblent surtout les Maghrébins et en particulier les Algériens. Retailleau avait clairement appelé à utiliser tous les moyens dont dispose la France vis-à-vis de l’Algérie, se focalisant notamment sur l’accord de 1968.

Précisons que la nouvelle circulaire sur l’immigration a, selon son initiateur, pour objectif de maîtriser les flux migratoires et de lutter contre l’immigration irrégulière. Elle énonce que l’Admission exceptionnelle au séjour (AES) – procédure qui permet à un étranger sans-papier d’obtenir un titre de séjour – n’est pas la voie normale d’immigration en France. Elle doit donc être comme exceptionnelle, d’après la circulaire.

En 2023, les AES représentaient un peu moins de 35 000 régularisations, soit 10% des premiers titres de séjour remis cette année-là. Les 90% restants étant obtenus par voie classique et légale. La circulaire insiste sur l’importance des preuves d’intégration des étrangers qui font des demandes d’AES. Elle appelle à une attention particulière à la maîtrise de la langue. Se débrouiller à l’oral ne suffit plus désormais. 
 

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