Les bureaux d’Al Jazeera fermés en Israël

06/05/2024 mis à jour: 02:15
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Photo : D. R.

Le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, a annoncé, hier, la fermeture des bureaux de la chaîne qatarie Al Jazzera en Israël. Le gouvernement israélien a «décidé à  l’unanimité» de «fermer en Israël» la chaîne Al Jazeera, a-t-il indiqué dans un message sur X (anciennement Twitter), sans autre détail sur les mesures prises.

Le ministre israélien de la Communication, Shlomo Karhi, a également affirmé sur X  avoir «aussitôt signé l’injonction contre Al Jazeera» qui «entre en vigueur  immédiatement».  Selon lui, la chaîne d’information constitue une «menace pour la sécurité», faisant en sorte qu’elle «ne puisse plus opérer depuis  Israël».

Un ordre de saisie du matériel de la chaîne a été publié dans la foulée. Selon ce document, instruction est donnée de saisir «les équipements  servant à diffuser les contenus de la chaîne», détaillés dans une liste sur laquelle figurent notamment les caméras, microphones, tables de montage, serveurs informatiques, ordinateurs, équipements de transmission et téléphones portables. 

Le directeur du bureau d’Al Jazeera en Israël et dans les Territoires palestiniens occupés, Walid Al Omari, a indiqué que la décision  israélienne comprenait «l’arrêt de la diffusion d’Al Jazeera en Israël, en  arabe et en anglais et la fermeture des bureaux de la chaîne à l’intérieur des  frontières d’Israël», ainsi que «la saisie du matériel» et la coupure de l’accès aux sites internet de la chaîne depuis Israël. 

«Cette décision intervient après une campagne (...) des ministres d’extrême  droite» du gouvernement israélien, a-t-il dit. 
Le mouvement de résistante palestinien Hamas a qualifié, hier, la décision de fermer la chaîne Al Jazeera en Israël de «violation flagrante de la liberté de la presse» visant «à cacher la vérité» sur la guerre dans la bande de Ghaza.

La décision est «une mesure de rétorsion contre le rôle (...) que joue Al Jazeera dans la mise en lumière des crimes» de l’armée israélienne dans la bande de Ghaza et en Cisjordanie occupée, a estimé le Hamas dans un communiqué sur Telegram, dénonçant «l’apogée d’une guerre contre les journalistes de la part d’Israël», ayant pour «but de cacher la  vérité». 

La diffusion télévisée d’Al Jazeera en Israël a été coupée hier : les chaînes en arabe et en anglais de ce média affichent un message sur fond noir disant : «Conformément à la décision du gouvernement, la diffusion de la chaîne Al Jazeera a été suspendue en Israël.»

Diffusion coupée

Au moins deux journalistes d’Al Jazeera ont été tués depuis le début de l’agression israélienne contre Ghaza, le 7 octobre 2023, alors que plusieurs autres ont été blessés, forcés à l’exil et menacés de liquidation physique ainsi que leurs familles.

Aussi, le Parlement israélien a, début avril, voté une loi permettant d’interdire la  diffusion en Israël de médias étrangers portant «atteinte» à la «sécurité de l’Etat», un texte visant essentiellement la chaîne qatarie. Netanyahu a, faut-il le préciser, dans le passé, accusé Al Jazeera d’être «un organe de  propagande du Hamas». 

Des organisations internationales ainsi que des collectifs de défense des journalistes ont, pour leur part, mis en évidence les violations permanentes du droit à l’information par Israël et les massacres perpétrées contre les professionnelles des médias pour passer sous silence son entreprise génocidaire dans les Territoires occupés.

Près d’une centaine de journalistes ont perdu la vie depuis le début de l’agression sioniste contre les populations civiles palestiniennes, dont au moins une vingtaine dans l’exercice de leur fonction, selon un décompte réalisé par des médias. Presque tous étaient d’origine palestinienne. 

En janvier 2024, les journalistes Hamza Al Dahdouh et Mustafa Thuraya, travaillant pour Al Jazeera, ont été tués dans ce qu’Israël a reconnu être une attaque ciblée contre la voiture dans laquelle ils voyageaient.

Les proches d’Al Dahdouh ont péri dans une attaque menée ultérieurement par l’armée de l’occupation israélienne, confirmant une volonté manifeste d’éradiquer toute voix libre témoignant de l’horreur de la barbarie israélienne envers le peuple palestinien.

En se référant à des chiffres publiés par le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), le site français Mediapart a pu retracer au moins le parcours de 81 journalistes tués à Ghaza ou dans le sud du Liban depuis le 7 octobre. Et la liste est longue... 
 


 

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