«Le projet contre Ghaza est une autre colonisation»

16/02/2025 mis à jour: 01:05
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Ses concitoyens l’avaient surnommé, dès le départ, avec un mélange d’affection et d’ironie «Le Donald», comme un personnage de dessins animés, confortant leur confiance en cet homme extravagant, dont le discours plaisait parce qu’il écorchait les convenances et les règles établies, et était bien loin de celui aseptisé de ses concurrents.

Aussi, Trump a compris que cette manière de faire était pour lui la plus efficace, en tapant dans le mille, en jouant sur les émotions puissantes et plaisantes à la fois, enrobées toujours de colère et d’anxiété. Pour leur dire qu’il est là, pour les effacer à jamais de leur quotidien inquiet et impardonnable, impliquant toujours avec férocité le legs de ses devanciers. Il leur a dit : «Quand on vous gruge sans arrêt, ce que vous pouvez faire de pire, c’est de l’accepter. Il faut vous battre.» Ces paroles sont hélas inaudibles chez ses amis et donateurs arabes, dont certains, toujours les mêmes, ne semblent pas connaître le mot dignité.

Dès le début de son second mandat, Trump s’est attaqué au politiquement correct. Selon les sondages, les 3/4 des Américains se plaignent de l’absence d’une véritable liberté d’expression. Pour ceux-là, Trump, qui dégaine à tout va, est devenu un exutoire de choix. «Nous devions faire attention à chaque mot qui sortait de notre bouche, parce que nous avions toujours peur d’offenser quelqu'un, mais personne n’avait peur de m’offenser moi», avait déclaré Trump dans un de ses brûlants et imprévisibles discours, réceptacle de frustrations, en vrac, des Americains «réduits à laisser tout le monde nous dicter ce que nous sommes censés penser et faire».

Le président de la plus grande puissance mondiale les y a invités à se libérer car, selon lui, «le grand problème de ce pays est le politiquement correct». Alors Trump emprunte sans ciller les voies de l’incorrect, en se laissant aller à des outrances et des excentricités qui laissent pantois les psychanalystes. «Ce qui est drôle, c’est que je ne m’entends pas avec les gros riches. Je m’entends mieux avec la classe moyenne ou les pauvres.»

On lui connaît aussi cette sentence : «J’ai découvert pour la première fois et pas la dernière que pour les politiciens, le coût des choses a peu d’importance. Ce n’est pas leur argent.» Malgré quelques frictions et écarts, Donald doit quand même reconnaissance à son père Fred, un des 13 enfants d’un couple d’immigrés allemands, qui était charpentier avant d’opter pour l’immobilier, où il a fait fortune. Il a lancé son rejeton Donald dans la même filière avec le succès qu'on connaît.

Mais avant cela, le fils a eu maille à partir avec son paternel, réputé radin et intransigeant côté disciplinaire. C'est pourquoi il a envoyé son fils dans une école militaire où Donald ne s'est pas beaucoup ennuyé, selon ses propres dires. Cela ne l'a pas empêché de faire le pont sur son incorporation pour le Vietnam, au même titre d'ailleurs que Clinton.

A 80 ans, Trump, grisé par les sommets et sans doute conseillé par les mauvais génies génocidaires, s'est attribué des prérogatives qui, visiblement, le dépassent, en s'alliant au diable pour casser la paix et vivifier le syndrome de la guerre. Ignorant le sage avertissement de George Washington, emblématique président américain, auteur de ce conseil : «Notre véritable politique doit être d’éviter des alliances permanentes avec quelque partie que ce soit du reste du monde.» En attendant, la presse mondiale n’est pas tombée dans le piège de la diversion et du détournement à la suite de son étonnant projet relatif à Ghaza en ruines et ses habitants éperdus.

«On est heureusement sorti de la confusion délibérément entretenue pour tenter de détourner l’attention du monde et lui faire oublier l’essentiel, à savoir le génocide, le nettoyage ethnique, la défaite de Tsahal, la déportation des Ghazaouis», résume Riyad Mansour, ambassadeur de Palestine à l’ONU.

Evoquant le projet de Trump de délocaliser la population ghazaouie, l’essayiste français Pierre Conseca a eu ces mots pour Trump : «On a eu rarement un individu qui puisse délirer autant.» Dans le monde entier, ce projet ahurissant et irréalisable est fortement dénoncé. «La prise de contrôle de Ghaza par les Américains est une autre colonisation», a également tempêté l’ambassadeur de Palestine à l’ONU.

«Elle relève tout simplement d’un fantasme qui défie le bon sens.» Le même ambassadeur palestinien a fait une déclaration sans équivoque : «Laissez les Palestiniens retourner dans leurs foyers d’origine en Israël. Il y a de beaux endroits là-bas.»
 

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