Le Premier ministre répond aux députés : «L'époque de l'importation tous azimuts est révolue»

16/10/2023 mis à jour: 18:25
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Le Premier ministre, hier dans la soirée, à l'hémicycle répondant aux interrogations des députés - Photo : D. R.

En défendant son bilan qu'il qualifie de «positif», Aïmene Benabderrahmane a livré des chiffres et des détails sur les mesures prises à tous les niveaux : économique, social et politique, dans l'unique but, assure-t-il, d'améliorer le pouvoir d'achat des citoyens.

Le Premier ministre, Aïmene Benabderrahmane, a répondu, avant-hier dans la soirée, aux préoccupations et interrogations des députés sur la Déclaration de politique générale du gouvernement. Durant trois heures, le chef de l'Exécutif a tenté de convaincre une assistance qui a axé, quatre jours durant, son intervention sur, notamment, la cherté de la vie et la hausse des prix des produits de large consommation.

En défendant son bilan qu'il qualifie de «positif», le Premier ministre a livré des chiffres et des détails sur les mesures prises à tous les niveaux : économique, social et politique, dans l'unique but, assure-t-il, d'améliorer le pouvoir d'achat des citoyens qui est, selon lui, l'une des grandes priorités du président de la République et, par ricochet, du gouvernement.

«La préservation de la dignité du citoyen et de son pouvoir d'achat est une ligne rouge et constitue notre priorité, quelle que soient les conditions financière et économique du pays», tranche-t-il, estimant, toutefois, incongru de continuer à importer des «lentilles et des haricots secs». «Certains veulent, à tout prix, le retour à l'importation tous azimuts.

Cette époque est révolue. Nous n'importerons plus ce qui peut être cultivé chez nous. La réduction des importations a été décidée pour assainir le secteur et mettre fin aux dépassements enregistrés à ce niveau», a-t-il tranché. A ce titre, il s'est félicité de l'éradication des pénuries, notamment les produits laitiers et la semoule «enregistrées l'année dernière à la même période».

Pour M. Benabderrahmane, la cherté des produits de large consommation est «conjoncturelle», selon lui, toutes ces perturbations seront contenues avant le 31 décembre. Il a insisté, dans ce sens, sur l'impératif d'atteindre l'autosuffisance alimentaire rapidement pour ne plus subir l'impact des fluctuations des prix sur le marché international.

Le Premier ministre est revenu sur les dispositions prises par le gouvernement dans ce sens, rappelant que le budget alloué aux transferts sociaux passera de 2714 milliards de dinars, en 2023, à 2895 milliards de dinars en 2024. Une augmentation de l’ordre de 181 milliards de dinars, ce qui représente 19,7% du budget global de l’Etat.

En vue de lutter plus efficacement contre la spéculation, il a annoncé que le gouvernement a finalisé l’élaboration d’un décret exécutif devant fixer les marges bénéficiaires des produits céréaliers et du riz, et ce, par souci de moraliser davantage les pratiques commerciales et d’éviter les perturbations du marché et l’augmentation des prix.

Pénurie sévère de médicaments

Entre autres mesures introduites dans le cadre de la préservation du pouvoir d’achat du citoyen, il citera les augmentations salariales ayant profité à plus de deux millions de salariés. Il a annoncé également que le gouvernement a décidé de lever, de manière définitive, le gel sur les promotions dans la Fonction publique, ce qui permettra à 280 000 fonctionnaires remplissant les conditions d'ancienneté d'en bénéficier. Il a expliqué que cette opération à laquelle un budget de 29,6 milliards de dinars a été alloué s’échelonnera progressivement sur trois ans (2023 à 2025), à raison de 100 000 promotions par an.

Une décision qui vise à rattraper le retard enregistré depuis 9 ans. Seulement, le retour au processus ordinaire des promotions dans la Fonction publique, selon lui, se fera à l'horizon 2026 et ce, en fonction des plans des ressources humaines. A la question des parlementaires qui ont soulevé le problème de la pénurie sévère de certains médicaments, le Premier ministre ne l'a pas nié.

Bien au contraire, il a reconnu son existence mais en l'imputant à la réaction de «certains laboratoires étrangers» qui, de son avis, n'ont pas apprécié les mesures de régulation du marché prises par l'Etat «favorisant ainsi le produit national». Il a rappelé, en outre, les «instructions fermes» données, à cet effet, pour assurer un stock stratégique permanent de médicaments au niveau de la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH) et activer les mécanismes mis en place pour éviter les pénuries.

Pour ce qui est de l'amélioration de la prise en charge des cancéreux, le Premier ministre a indiqué qu'il sera procédé à «l'acquisition de 29 nouveaux accélérateurs pour la radiothérapie au profit des centres anti-cancer», affirmant que «de nombreuses procédures immédiates ont été mises en place afin d'en assurer la disponibilité des médicaments, pour ne citer que l'accélération des procédures douanières afin de permettre l'acquisition de grandes quantités de ces médicaments dont une partie a été réceptionnée fin septembre dernier tandis que les quantités restantes arriveront en ce mois d’octobre». 

Boughali évoque l’absentéisme des députés

Prenant la parole après les réponses du Premier ministre aux interrogations des députés, le président de l’APN, Brahim Boughali, a évoqué l’absentéisme des députés lors des séances plénières, y compris celle portant sur les débats autour de la Déclaration de politique générale du gouvernement.

Cette remarque, qui n’a pas plu aux parlementaires, a suscité un brouhaha dans l’hémicycle. «Oui, c’est une vérité et le président de la République auquel vous avez envoyé une invitation pour qu’il vous honore de sa présence est au courant de ce phénomène et il est mécontent et pas du tout satisfait. C’est pour cette raison qu’il n’a pas répondu positivement à votre sollicitation», confie Boughali, précisant que le chef de l’Etat «attend beaucoup du Parlement».

De son côté, Aïmene Benabderrahmane, en évoquant l’amélioration de la relation entre le gouvernement et l’Assemblée, s’est engagé à consolider les mécanismes de contrôle parlementaires, quitte à déplacer tout «le staff gouvernemental à l’hémicycle si cela s’avère nécessaire».

Il a annoncé sa décision d’installer une équipe spéciale au niveau des services du Premier ministre, «chargée de suivre les interventions des membres de l’APN concernant la Déclaration de politique générale du gouvernement» et lui soumettre les rapports exhaustifs y afférents pour permettre au gouvernement d’appliquer le contenu des propositions et de corriger les points objet de consensus». N. A.

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