La récente résolution du Conseil de sécurité de l’ONU appelant à un cessez-le-feu à Ghaza est saluée comme un acquis à dater pour la cause palestinienne, et au-delà pour la lutte globale pour un monde plus juste.
Le texte voté «constitue un acquis important pour la cause palestinienne de par sa teneur, mais aussi du point de vue procédural, car il s’agit de la première résolution présentée par les membres élus conjointement et de manière unifiée dans l’histoire des Nations unies», note le ministre des Affaires étrangères algérien, Ahmed Attaf. Le point de vue résume la fierté partagée par une grande partie de la communauté internationale qui, assiste impuissante depuis des mois, à l’une des démonstrations les plus cruelles de ce que peuvent être les limites pratiques du droit international.
Les représentants des délégations diplomatiques des pays membres non permanents du Conseil de sécurité, initiateurs du projet de la résolution, ont partagé lundi un sentiment commun de victoire à l’issue de l’opération de vote, et il y avait de quoi.
Depuis près de six mois de guerre meurtrière, la plus sanglante et ravageuse de l’histoire des confrontations arabo-israéliennes, de nombreuses tentatives pour mettre en œuvre les dispositions du droit international et ses pendants de droits humanitaires, à travers l’instrument du Conseil de sécurité, ont été avortées.
L’arène est restée, en l’occurrence, le pré carré des Etats-Unis, allié et acteur décisif du conflit aux côtés du belligérant israélien, n’hésitant aucunement à faire usage du veto pour bloquer tout texte qui soit défavorable à ses plans. Ce privilège exorbitant qu’accorde historiquement Washington à Tel-Aviv est une constante dans la maison ONU, tant et si bien que, selon plusieurs analyses sérieuses, le fascisme israélien et sa propension décomplexée pour le crime de guerre et la colonisation prennent solidement racines dans ces nombreuses décennies d’impunité structurelle que lui garantie la configuration des relations internationales sous l’influence de la puissance américaine.
La Charte des Nations unies, un peu la constitution de l’institution internationale et le mode d’emploi des attributions de ses organes, stipule que le Conseil de sécurité est chargé du «maintien de la paix et de la stabilité internationales». Plus loin, le même texte précise en substance que ledit Conseil peut, selon le cas, imposer des sanctions et autoriser l’emploi de la force pour maintenir la paix et rétablir la sécurité.
Ces dispositions théoriques sont bien évidemment dépassées régulièrement par les événements, et pour cause : l’avantage écrasant du droit de veto accordé aux fondateurs de l’ONU, il y a 80 ans, avec la mission implicite, et non moins ferme, de veiller à la «stabilité» du globe à l’exclusion des autres composantes de la société humaine. Près d’un siècle après, le monde a profondément changé alors que les mécanismes de fonctionnement du vaisseau amiral des institutions d’arbitrage international demeurent figés sur les réalités dont ont accouché les lendemains immédiats de la Deuxième Guerre mondiale.
Il y a donc certainement de quoi tirer gloire des points marqués lundi dernier, au moins symboliquement, même s’il est clair que personne n’est dupe des suites compliquées qui s’annoncent pour le dossier palestinien, à commencer par cet exercice d’exégèse partiale auquel s’attellent ces derniers jours les Etats-Unis pour contester le caractère contraignant de la résolution votée.
La résolution est une bonne réalisation pour la diplomatie qui tente de secouer le statu quo dangereux qui condamne l’ONU à l’inertie coupable depuis des décennies.
C’est aussi une chance, une dernière peut-être, pour la communauté internationale de réhabiliter un tant soit peu le droit international, sévèrement malmené par la grande épreuve de Ghaza, en veillant à sa rapide application sur le terrain.