La faim comme arme de guerre

07/03/2024 mis à jour: 06:57
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La vidéo de quelques minutes que des chaînes de télévision ne cessent de diffuser ces derniers jours, pour être reprise en continu sur YouTube et sur les réseaux sociaux, est inédite dans l’histoire de la Palestine depuis la Nakba de 1948. Elle rappelle étrangement des scènes de famine en Afrique à une époque où les civils innocents payaient le lourd tribut des conflits armés. 

Des milliers de Ghazaouis rassemblés sur la plage sont en train de scruter le ciel. En haut, des avions-cargos larguent des colis d’aide alimentaire par parachutes. 

Le recours à cette solution pour contourner le blocus imposé par l’Etat criminel d’Israël contre les convois stationnés à la frontière avec l’Egypte n’est pas innocent en soi, puisqu’il ne pouvait pas avoir lieu sans le feu vert de ceux qui sont derrière le drame vécu par la population dans la bande de Ghaza. Alors que les camions qui traversaient la frontière avant les attaques du 7 octobre dernier se comptaient par centaines, aujourd’hui, leur nombre ne dépasse pas quelques dizaines par jour, dans le meilleur des cas. 

Après avoir fui les bombardements incessants, des milliers de Palestiniens «entassés» dans le sud de la bande de Ghaza, précisément à Rafah, tentent de survivre à la faim, après avoir échappé à la mort. Ceux qui réussiront à y faire peuvent estimer qu’ils sont en train de réaliser un véritable exploit. 

Celui de rester en vie. Une épreuve que personne parmi ces silhouettes affamées d’hommes, de femmes et d’enfants n’est sûr de pouvoir surmonter dans les prochains jours. 

Pour ces rescapés, les images du carnage du jeudi 29 février et les tueries qui l’ont suivi sont encore présentes dans les esprits. Comme tous les massacres commis à ce jour contre des civils innocents, la famine est également un crime de guerre, dont le droit international humanitaire interdit l’utilisation. 

Une arme redoutable et redoutée que l’Etat d’Israël avait déjà commencé à utiliser dans sa guerre d’extermination, lorsqu’il s’était attaqué au mois de décembre dernier à l’Unrwa, seul organisme de Nations unies qui assure la distribution de l’aide aux réfugiés palestiniens depuis 1949. 

Des accusations d’implication de certains de ses employés dans les attaques du 7 octobre, que l’organisme humanitaire vient de récuser après une longue enquête ayant révélé que ces informations ont été obtenues par Israël auprès de détenus sous la torture. 

Malheureusement, les Palestiniens payent chèrement les frais de cette campagne en conséquence de ces aides livrées au compte-gouttes de la part de pays complices d’un génocide multidimensionnel. Ce crime de guerre, interdit par les protocoles d’accord aux conventions de Genève et par le Statut de la Cour pénale internationale de 1998, mais que l’Etat sioniste continue de pratiquer en toute impunité pour affamer les Palestiniens dans la bande de Ghaza, ne se limite pas uniquement à ce blocus digne des guerres du Moyen Age, qui entame déjà son sixième mois. Il se manifeste aussi dans les graves conséquences de la destruction des terres agricoles, des récoltes et des ressources en eau devenues inexploitables. 

A quelques jours du Ramadhan, plus de la moitié de la population de Ghaza est condamnée à subir, en ce dur hiver, l’une des pires famines jamais connues depuis 1948, en plus des horreurs des bombardements quotidiens, sans bénéficier de la moindre compassion d’un monde se comportant en spectateur face aux images effroyables des enfants morts de malnutrition, qui ne semblent plus émouvoir.

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