Israël s’apprête à lancer une opération d’envergure dans le dernier refuge des déplacés de l’enclave : Horreur et désolation à Ghaza

11/02/2024 mis à jour: 02:56
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Photo : D. R.

Le Dr Santosh Kumar, directeur médical de l’organisation ActionAid, revenu de Ghaza la semaine dernière, a déclaré : «Les gens meurent de faim et ne sont pas traités avec dignité... Ils m’ont dit que les morts étaient plus heureux que les vivants.»

Dans un tourbillon d’horreur et de désolation, l’offensive israélienne sur la Bande de Ghaza se poursuit avec une férocité croissante, laissant derrière elle un bilan macabre qui s’alourdit d’heure en heure. Terre, mer et air sont tous des théâtres d’opérations dans cette escalade de violence qui a déjà causé le martyre de 28 064 victimes et 67 611 blessés.

L’horreur s’est encore intensifiée lorsque l’armée israélienne a bombardé, hier et avant-hier, la ville de Rafah, dernier refuge des populations déplacées de la Bande de Ghaza. Les rapports du ministère palestinien de la Santé font état de 110 morts signalés dans la seule nuit d’hier, dont 28 dans les frappes à Rafah. La violence aveugle s’est abattue sur des maisons, des hôpitaux et des infrastructures civiles, sapant tout espoir de sécurité pour les réfugiés déjà éprouvés.

La menace d’une offensive terrestre imminente plane désormais sur Rafah, augmentant les craintes d’un carnage encore plus horrible. «Nous mettons en garde contre une catastrophe et un massacre qui pourraient aboutir à des dizaines de milliers de martyrs et de blessés», a prévenu le Hamas dans un communiqué. La responsabilité de ces futures atrocités est attribuée par le mouvement islamiste à l’administration américaine, à la communauté internationale et à l’occupation israélienne, soulignant l’urgence d’une intervention pour éviter un désastre humanitaire sans précédent.

De son côté, le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, a ordonné à son armée de préparer une offensive sur Rafah, demandant de lui soumettre un «plan combiné» d’«évacuation» des civils. Il feint d’ignorer ainsi qu’il n’y a aucun lieu sûr où les civils de Ghaza peuvent se réfugier.

«Forcer plus d’un million de déplacés à Rafah à évacuer à nouveau sans trouver un endroit sûr où aller serait illégal et aurait des conséquences catastrophiques», a déclaré Nadia Hardman, spécialiste des droits des migrants et des réfugiés pour Human Rights Watch.

Et le représentant de l’Unrwa, Philippe Lazzarini, de renchérir : «Toute opération militaire à grande échelle parmi cette population ne fera que conduire à davantage de tragédies.» «Il y a, dit-il, un sentiment croissant d’anxiété et de panique à Rafah. Les gens n’ont absolument aucune idée de l’endroit où ils iront.»

Même les Etats-Unis, principal allié d’Israël, préviennent du désastre imminent d’une telle opération dans une zone densément peuplée. John Kirby, porte-parole du conseiller à la Sécurité nationale américaine, sonne l’alerte : «Toute opération à Rafah sera désastreuse en raison du nombre de civils qui s’y trouvent», a-t-il proclamé.

Le président américain, Joe Biden, qui avait jusque-là donné carte blanche à son allié israélien en fournissant armes et munitions, a déclaré que le comportement militaire à Ghaza a dépassé la limite et est devenu une réponse «exagérée». Il a ajouté qu’il travaillait pour parvenir à une trêve durable dans la Bande de Ghaza.

Le secrétaire d’Etat, Antony Blinken, a été encore plus loin : les 136 otages détenus par le Hamas sont «déshumanisés chaque jour, mais cela ne justifie pas de déshumaniser les autres», autrement dit les Palestiniens, a-t-il défendu. Selon le site Axios, le patron de la CIA doit se rendre la semaine prochaine en Egypte pour tenter d’arracher une nouvelle pause dans les combats et la libération des otages à Ghaza.

Il est à noter, par ailleurs, que le Croissant-Rouge palestinien a également signalé des attaques délibérées contre l’hôpital Al Amal, dans la ville de Khan Younès. Les forces d’occupation israéliennes ont violé les sanctuaires médicaux, mettant en danger la vie du personnel médical et des patients. Les rapports indiquent que les réserves vitales d’oxygène ont été épuisées, laissant les blessés et les malades face à une mort certaine sans une aide immédiate de la communauté internationale.

Depuis le début de la guerre en cours dans la Bande de Ghaza, les attaques contre les établissements de santé se multiplient, plongeant la région dans une crise humanitaire sans précédent. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), depuis le 7 octobre dernier, pas moins de 721 attaques ont visé des établissements de santé dans les Territoires palestiniens occupés.

Ces attaques ont eu des conséquences dévastatrices, avec 645 personnes tuées et 818 blessées, selon le porte-parole de l’OMS, Tariq Yasarevic. Dans la Bande de Ghaza seule, 357 attaques ont été recensées, touchant 98 établissements de santé, dont 27 hôpitaux sur 36, et 90 ambulances.

Le ciblage délibéré d’infrastructures médicales, qui constitue un crime de guerre, compromet gravement la capacité des autorités sanitaires à fournir des soins vitaux à une population déjà éprouvée par des années de blocus et de guerre.

Il est important de souligner également que, selon les données préliminaires des Nations unies, reprises par l’agence Wafa, un enfant de moins de cinq ans sur dix souffre de malnutrition aiguë, en raison de l’agression israélienne en cours. Des niveaux d’émaciation apparaissent chez les enfants. L’association caritative 
ActionAid a déclaré que certaines personnes se tournent vers la consommation d’herbe.

Project Hope, une organisation à but non lucratif d’aide et de développement, a déclaré qu’environ 15% des femmes enceintes, dont l’état a été évalué la semaine dernière dans sa clinique de Deir Al Balah, dans le centre de la Bande de Ghaza, souffraient de malnutrition.

Le Dr Santosh Kumar, directeur médical de l’organisation, revenu de Ghaza la semaine dernière, a déclaré à Reuters : «Les gens meurent de faim et ne sont pas traités avec dignité... Ils m’ont dit que les morts étaient plus heureux que les vivants.»

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