Israël mène une guerre contre les hôpitaux : Nuit d’horreur à Ghaza

18/01/2024 mis à jour: 00:01
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A Ghaza, les Palestiniens manquent de tout à commencer par les médicaments - Photo : D. R.

Les frappes de l’armée d’occupation israélienne ont provoqué un mouvement de panique chez les centaines de personnes, déplacées par les combats, qui ont trouvé refuge ces dernières semaines dans la vaste enceinte de l’hôpital Nasser de Khan Younès. Les autorités locales palestiniennes ont fait état d’au moins 81 morts dans la nuit de mardi à mercredi à Khan Younès et d’autres secteurs de l’ensemble de Ghaza.

Cent troisième (103e) jour d’horreur. Les Ghazaouis réfugiés à l’hôpital Nasser de Khan Younès ont enduré une nuit cauchemardesque de plus (nuit de mardi à mercredi, ndlr). Cet établissement, l’un des derniers encore en service à Ghaza, est devenu la cible de l’armée d’occupation israélienne.

Face à la menace imminente, les réfugiés palestiniens n’ont eu d’autre choix que de fuir à nouveau de l’hôpital, alors que ses environs étaient soumis à un pilonnage de missiles. La crainte persiste, quant à la possibilité d’un bombardement ou d’une attaque imminente de l’armée sur l’hôpital. Mardi, les forces d’occupation israéliennes avaient pourtant déclaré que la «phase intensive» de leur guerre punitive contre les Palestiniens serait bientôt terminée.

Une vidéo de la journaliste palestinienne très suivie sur les réseaux, publiée hier, montre des dizaines de réfugiés quittant l’hôpital en pleine nuit, qui portant des bébés et qui  des matelas de fortune. Elle commente : «L’hôpital Nasser de Khan Younès est encerclé par l’armée israélienne.

Il y a, partout, des bombardements,  et des dizaines de milliers de personnes se déplacent une énième fois, ne sachant où aller. Je n’ai rien vu de plus horrible de toute ma vie». Selon son témoignage, l’armée d’occupation veut envahir l’hôpital Nasser, le dernier en service à Ghaza avec des milliers de malades, de blessés et de réfugiés. «Ce qui a été fait à l’hôpital El Shifa, Kamel Adwan et l’hôpital indonésien se répète sous nos yeux», dit-elle.

Selon l’agence AFP, ces frappes ont provoqué un mouvement de panique chez les centaines de personnes déplacées par les combats qui ont trouvé refuge ces dernières semaines dans la vaste enceinte de cet hôpital. Les autorités locales palestiniennes ont fait état d’au moins 81 morts dans la nuit à Khan Younès et d’autres secteurs l’ensemble de Ghaza.

D’autres vidéos publiés hier montrent la profanation de tombes dans le quartier Al Namsawi, à proximité de l’hôpital Nasser, et le vol de cadavres par ce qui est décrit par les médias occidentaux comme «l’armée la plus morale du monde».

L’agence palestinienne Wafa confirme que l’artillerie d’occupation, qui a renouvelé ses bombardements sur les places résidentielles et les zones peuplées de Khan Younes, a détruit un cimetière dans le quartier autrichien et a volé un certain nombre de corps.

Les informations nous parviennent au compte-gouttes, car le territoire subit «la plus longue perturbation des télécommunications enregistrée depuis le début du conflit, la plupart des habitants étant incapables de contacter le monde extérieur depuis le 12 janvier», selon NetBloks, un organisme de surveillance du Web.

Pour le sixième jour consécutif, l’interruption totale des communications et des services Internet dans la bande de Ghaza se poursuit en raison de l’agression en cours. Le secteur des communications souffre, selon l’agence Wafa, d’un ciblage constant, puisque l’ampleur des destructions a atteint plus de 80%.

Les équipes techniques sont directement ciblées alors qu’elles effectuent leur travail, malgré une coordination préalable par les institutions internationales. C’est au moins la septième fois que les communications sont complètement coupées depuis la bande de Ghaza depuis le début de l’agression.

Les réseaux et les pylônes de transmission ont été endommagés en raison des destructions massives causées par l’agression des infrastructures et du manque de carburant dû au siège. Cela a entraîné des pannes fréquentes, une pression sur le réseau et une faible transmission dans diverses parties du secteur.

Des centaines de personnes sous les décombres

Le ministère palestinien de la Santé du Hamas a annoncé hier un bilan de 24 448 personnes tuées dans la bande de Ghaza depuis le début de la guerre. Le ministère fait également état de 61 504 blessés et relève que de nombreuses personnes restent sous les décombres.

Si les tentatives de parvenir à un «cessez-le-feu» ou à une seconde trêve comme celle de fin novembre ont échoué, une médiation de la France et du Qatar devait permettre hier l’acheminement d’aide pour les civils palestiniens et de médicaments pour les otages israéliens.

En effet, le Qatar a annoncé mardi un accord entre Israël et le Hamas, à la suite d’une médiation conjointe avec la France, «portant sur l’entrée de médicaments (...) pour les otages en échange d’une cargaison d’aide humanitaire pour les civils dans la bande de Ghaza». Il est à souligner que des sources médicales ont mis en garde contre de graves complications de santé auxquelles sont exposés les patients chroniques, au nombre de 350 000 sans médicaments dans la bande de Ghaza.

Cette guerre exacerbe, par ailleurs, les tensions régionales entre Israël et ses alliés, les Etats-Unis au premier chef et l’«axe de la résistance» établi par l’Iran qui réunit notamment le mouvement libanais Hezbollah et les rebelles yéménites Houthis.

A la frontière israélo-libanaise, où les échanges de tirs entre le Hezbollah et les forces israéliennes sont quotidiens, l’armée israélienne a annoncé mardi de nouvelles frappes contre des positions du mouvement dans le sud du Liban.

L’armée américaine a mené mardi de nouvelles frappes au Yémen, cette fois sur un site depuis lequel les rebelles Houthis, qui menacent le trafic maritime international en mer Rouge en «solidarité» avec les Palestiniens de Gaza, s’apprêtaient à lancer 4 missiles.

Le Haut représentant de l’Union européenne (UE) pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borrell, a mis en garde contre les déplacements forcés de Palestiniens dans la bande de Ghaza et contre la politique du «deux poids, deux mesures» à l’égard de l’enclave palestinienne, théâtre d’agressions sionistes barbares depuis plus de trois mois.

«La priorité absolue est désormais d’empêcher de nouveaux déplacements forcés en dehors de la bande de Ghaza, ce qui est illégal au regard du droit international et moralement inacceptable», a dit Borrell.

«Si les problèmes sont complexes, la guerre n’est inévitable que pour ceux qui ont un intérêt politique à la perpétuer (…) Tandis que nous recourons au droit international en Ukraine, nous ne pouvons pas ignorer cela à Ghaza», peut-on lire dans la tribune qu’il a signée dans le journal Le Monde. 

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