En l’absence de trêve et devant l’entêtement criminel israélien à aller jusqu’au bout de son entreprise génocidaire dans l’impunité la plus totale, un statu quo affreux est en train de décimer la population de Ghaza. Aux boucheries de masse qui fauchent chaque jour des contingents entiers d’innocents, s’ajoutent les «martyrs de la faim», comme les appelait dans un communiqué rageur le ministère palestinien des AE.
Cinq jours après la proclamation d’un cessez-le-feu immédiat dans la bande de Ghaza par le Conseil de sécurité, Israël continue à faire fi des injonctions onusiennes, défiant une nouvelle fois de façon criante le droit international.
La journée d’hier qui marquait le 175e jour de la guerre contre Ghaza, les forces d’occupation sionistes ont commis de nouvelles tueries, menant des raids intensifs dans la ville de Ghaza ainsi qu’au centre et au sud de l’enclave palestinienne.
«Nos correspondants ont rapporté que l’aviation et l’artillerie de l’occupant ont poursuivi leurs raids et leurs violents bombardements aujourd’hui vendredi (hier, ndlr) sur diverses parties de la bande de Ghaza, ciblant les maisons, les rassemblements de personnes déplacées et les rues, faisant des centaines de martyrs et de blessés, ignorant les recommandations du Conseil de sécurité et sa résolution qui appelait à un cessez-le-feu immédiat pendant le mois de Ramadhan qui est entré dans son 19e jour», rapportait hier le Centre palestinien d’information (CPI).
D’après la même source, «dix citoyens ont été tués lors d’un raid israélien visant une voiture dans la région d’Al Sanafour, à l’est de Ghaza». Une dizaine d’autres Palestiniens «sont tombés en martyrs et d’autres ont été blessés, dont des policiers, dans un bombardement sioniste qui a visé le club sportif d’Al Shujaiya», toujours à l’est de la ville de Ghaza.
L’agence Wafa a fait savoir de son côté que cinq civils ont trouvé la mort ce vendredi et 20 autres ont été blessés suite à un autre raid aérien qui a visé la zone industrielle de la ville de Ghaza.
71 morts en 24 heures
A Al Maghazi, au centre de la bande de Ghaza, six personnes dont un père et trois de ses fils, ont péri dans un bombardement aérien ayant ciblé une habitation appartenant à la famille Moussa indique le Centre palestinien d’information.
A Khan Younès, «de violents affrontements ont éclaté entre la résistance et les forces d’occupation dans la région d’Al Shahaida et à l’est d’Abassan Al Jadeeda», poursuit la même source. L’artillerie a pilonné également des zones urbanisées de la localité d’Al Qarara, au nord de Khan Younès.
Le Centre palestinien d’information précise par ailleurs que «les forces d’occupation sionistes poursuivent leur agression contre le complexe médical d’Al Shifa et ses environs, à l’ouest de Ghaza, pour la douzième journée consécutive, procédant à des exécutions, des arrestations, des actes de torture et des déplacements forcés de résidents».
«Les forces de l’occupant poursuivent également leur agression contre les hôpitaux Al Amal et Al Nasser et leurs environs à Khan Younès pour la sixième journée consécutive», ajoute la même source.
Au cours de la nuit de jeudi à vendredi, au moins 12 personnes ont été fauchées par le bombardement d’une habitation appartenant à la famille Mouammar, au sud de Khan Younès, nous apprend l’agence Wafa.
Lors de cette même nuit infernale, l’aviation israélienne a déversé un déluge de feu sur des zones d’habitation près de la tour Al Wihda, à Haï Al Nasr, à l’ouest de la ville de Ghaza, ainsi qu’à Tell Al Hawa, ce qui a entraîné la mort de plusieurs Ghazaouis et en a blessé beaucoup d’autres, selon Wafa.
Les forces d’occupation ont également ouvert le feu sur un groupe de citoyens au lieudit «Le camp de la plage», un camp de réfugiés palestiniens situé sur le littoral de Ghaza, causant des blessures assez graves à plusieurs d’entre eux. Jeudi soir toujours, l’aviation sioniste a déclenché une série de raids meurtriers contre des secteurs urbains de la ville de Nusseirat, au centre de la bande de Ghaza, tandis que des unités d’artillerie ont pilonné plusieurs quartiers.
A Jabaliya, au nord du territoire dévasté, une femme a été tuée et d’autres innocents ont été blessés dans une frappe menée contre la mosquée Saâd Ibn Abi Waqas.
En tout, pas moins de 7 tueries ont été recensées par le ministère de la Santé dans la bande de Ghaza en vingt-quatre heures, entre jeudi soir et vendredi. Ces attaques ont fait 71 morts et 112 blessés, précise la même source. Le bilan total provisoire des victimes palestiniennes enregistrées depuis le 7 octobre s’élève ainsi désormais à 32 623 morts et 75 092 blessés.
L’OMS dénonce les attaques contre les hôpitaux
Nous le disions : l’armée israélienne continue à concentrer ses opérations sur quelques-uns des principaux hôpitaux de la bande de Ghaza. Depuis le 18 mars, elle assiège de nouveau le complexe médical Al Shifa, à Ghaza-City, et une opération similaire est menée dans et autour des hôpitaux Al Nasser et Al Amal à Khan Younès.
Pour justifier son action, l’armée israélienne a affirmé avant-hier dans un communiqué cité par l’AFP, qu’elle a éliminé environ 200 combattants palestiniens dans le périmètre de l’hôpital Al Shifa, depuis le début de cette vaste offensive il y a 11 jours. Elle avance en outre que ses hommes «ont essuyé des tirs depuis l’intérieur et l’extérieur du bâtiment abritant les urgences de l’hôpital Al Shifa».
Elle ajoute que ses troupes «ont évacué les civils, les patients et les équipes médicales vers des installations médicales alternatives mises en place par l’armée pour permettre la poursuite des traitements médicaux appropriés».
Le Croissant-Rouge palestinien a alerté de son côté que l’hôpital Al Amal «a cessé de fonctionner complètement». Les civils qui s’y trouvaient ont été évacués. L’armée israélienne soutient là encore avoir éliminé des dizaines de résistants palestiniens dans le secteur d’Al Amal en ajoutant que ses troupes ont «trouvé des engins explosifs et des obus de mortier».
Le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a appelé jeudi Israël à mettre un terme à ses attaques contre les hôpitaux de la bande de Ghaza. «Avec seulement 10 hôpitaux sur 36 partiellement fonctionnels, le système de santé de Ghaza survit à peine.
Le 26 mars, l’hôpital Al Amal de Khan Younès a cessé de fonctionner en raison des hostilités soutenues dans et autour de l’établissement. Une fois de plus, l’OMS exige la fin immédiate des attaques contre les hôpitaux de Ghaza et appelle à la protection du personnel de santé, des patients et des civils». a-t-il déclaré sur le réseau X.
L’armée israélienne compte toujours lancer une grande offensive terrestre sur la ville de Rafah, plus au sud, malgré les avertissements de la communauté internationale, y compris les Etats-Unis, prévenant l’entité sioniste des conséquences dramatiques d’une telle attaque.
Le Premier ministre israélien vient encore de réaffirmer son intention de «démanteler les derniers bastions de Hamas à Rafah». «Nous tenons le nord de la bande de Ghaza ainsi que Khan Younès (au sud). Nous avons coupé en deux la bande de Ghaza et on se prépare à entrer à Rafah», a-t-il annoncé jeudi, selon l’AFP, devant des familles de soldats détenus en otages dans la bande de Ghaza.
18 personnes tuées à cause des «largages humanitaires»
En l’absence de trêve, et devant l’entêtement criminel israélien à aller jusqu’au bout de son entreprise génocidaire dans l’impunité la plus totale, un statu quo affreux est en train de décimer la population de Ghaza.
Aux boucheries de masse qui fauchent chaque jour des contingents entiers d’innocents, s’ajoutent les «martyrs de la faim» comme les appelait, dans un communiqué rageur, le ministère palestinien des Affaires étrangères. Selon le Bureau des Nations unies pour les affaires humanitaires (OCHA), plus de 1,1 million de personnes à Ghaza sont confrontées à un niveau d’insécurité alimentaire aiguë.
«Le temps presse et des obstacles à l’accès à l’aide existent toujours dans la bande de Ghaza», a averti l’OCHA jeudi dans un communiqué.
De son côté, le porte-parole des Nations unies, Stéphane Dujarric, a déclaré dans une conférence de presse qu’il n’y avait pas suffisamment de vivres à Ghaza en déplorant les problèmes récurrents des opérations d’acheminement de l’aide «dus à la situation sécuritaire et au manque de coopération et de coordination», rapporte l’APS.
Le porte-parole de l’ONU a relayé un témoignage saisissant du chef de l’OCHA en Palestine, Andrea Di Domenico, qui a constaté dans un hôpital du nord de la bande de Ghaza que ce dernier reçoit chaque jour environ 15 enfants souffrant de malnutrition. Selon le PAM, 70% du nord de Ghaza fait face à une «faim terrible».
Le Programme alimentaire mondial n’a pu envoyer que 11 convois d’aide au nord de Ghaza ce mois-ci, a regretté M. Dujarric. «Le principal problème est le manque d’approvisionnement alimentaire, (...) le manque de carburant et le nombre insuffisant de camions», a-t-il souligné.
Le mouvement Hamas a déploré de son côté les morts causés par les largages de l’aide humanitaire par voie aérienne. Mardi 26 mars, le ministère de la Santé de Ghaza nous apprenait que 18 personnes ont péri, 12 par noyade et 6 dans une bousculade, en essayant de récupérer des colis humanitaires parachutés.
Hamas a appelé à cesser ces largages qui ne font paradoxalement qu’accentuer les souffrances des Palestiniens en voulant leur porter assistance, et à ouvrir plutôt les passages terrestres pour permettre l’arrivée des convois d’aide par route.
Malgré les mises en garde contre les risques que représentent désormais ces largages qui chutent en mer, les Etats-Unis ont annoncé qu’ils maintenaient ce mode opératoire.
«Les parachutages d’aide sont l’un des nombreux moyens que nous utilisons pour fournir l’aide dont les Palestiniens de Ghaza ont si désespérément besoin et nous allons continuer à le faire» tout en «travaillant sans relâche pour augmenter l’arrivée d’assistance humanitaire par voie terrestre», a expliqué mardi un porte-parole de la Maison-Blanche.
La ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, a plaidé quant à elle «pour étendre massivement les livraisons de vivres à Ghaza en facilitant le passage des camions», indique l’AFP.