C’est un secret de polichinelle : la Turquie a joué un rôle-clé dans la chute du régime de Bachar Al Assad grâce au soutien apporté par Ankara à l’opposition syrienne. La Turquie entretenait des liens directs avec Hayat Tahrir Al Sham (HTS), le groupe islamiste qui était à la tête de la coalition armée qui a fait tomber Al Assad. Qui plus est, elle a accueilli plusieurs opposants et nombre d’organisations politiques syriennes qui ont été contraints à l’exil durant la guerre civile pour fuir les exactions du régime syrien.
Après s’être engagées à respecter les libertés et promis de «garantir les droits de tous», les nouvelles autorités syriennes ont annoncé, avant-hier, vouloir contribuer à la «paix régionale» et construire des «partenariats stratégiques» avec les pays de la région, alors que Washington a abandonné l’offre de récompense pour l’arrestation d’Ahmed Al Sharaa.
Le ballet diplomatique dans la capitale syrienne se poursuit. Après les chancelleries européennes, principalement le Royaume-Uni, l’Allemagne et la France, qui ont envoyé chacune, ces derniers jours, une délégation à Damas, c’est au tour des Américains de faire le pas vers les nouvelles autorités syriennes incarnées par Hayat Tahrir Al Sham (HTS) et son chef Ahmad Al Sharaa.
Même si les Occidentaux continuent à se montrer prudents à l’égard d’Ahmad Al Sharaa, ce chef islamiste timide et réservé qui a fait tomber Al Assad, en répétant qu’ils le jugeront sur les actes, on assiste ces derniers jours à un véritable ballet diplomatique dans la capitale syrienne.
Le groupe A3+ au Conseil de sécurité a plaidé, mardi à New York, pour le respect de la souveraineté de la Syrie et de l'intégrité de son territoire, appelant à un cessez-le-feu global dans le pays.
Peu à peu s’estompe l’émotion suscitée par la chute de Bachar Al Assad et se mettent en place de nouveaux jeux géopolitiques dans lesquels est intégrée la nouvelle Syrie libérée par le mouvement Hayat Tarhir Al Sham, conduit par Mohammad Al Joulani.
Après avoir porté les armes contre le régime d’Al Assad jusqu’à le faire tomber au bout de 13 ans de guerre civile, les insurgés syriens troquent leur uniforme de guérilleros contre une tenue civile comme l’a fait leur chef, Ahmad Al Sharaa, et s’évertuent maintenant à remettre «le politique» en marche. Ils le savent, la tâche de la restauration (voire de la refondation) de l’Etat syrien est extraordinairement complexe.
On s’attendait à tout, sauf à ça ! Qu’un haut fonctionnaire de l’Organisation des Nations unies fasse preuve d’autant d’aveuglement et de discrimination à l’égard des Palestiniens qui subissent un véritable génocide, ordonné par Benyamin Netanyahu et les suprémacistes racistes de son gouvernement.
Alors que les langues se délient et que les témoignages se multiplient sur les circonstances dans lesquelles Bachar Al Assad a fui la Syrie suite à la chute de Damas aux mains des insurgés, le président déchu est sorti pour la première fois du silence qu’il s’est imposé depuis sa fuite.
Huit jours après la chute du dictateur syrien Bachar Al Assad, les langues se délient peu à peu, livrant des détails précis sur la façon dont le Président déchu a réussi à se faire exfiltrer de Damas.
L’envoyé spécial des Nations unies en Syrie, Geir Pedersen, a exhorté, hier, les puissances étrangères à œuvrer pour éviter l’effondrement des institutions syriennes, alors que de nouvelles frappes israéliennes ont visé des sites militaires à Damas et sa banlieue.
Les Syriens ont fêté hier dans une formidable communion le premier vendredi sans le dictateur Bachar Al Assad et son armée de tortionnaires l Les images diffusées de ces rassemblements populaires donnaient à voir des foules impressionnantes à Damas, à Halab, à Hama, à Homs, à Lattaquié, à Souaida, à Deraa… l Partout était célébrée avec ardeur l’unité retrouvée du peuple syrien.
Les appels se sont multipliés au lendemain de la chute de l’ex-président Bachar Al Assad, afin de préserver les preuves des crimes de l’ex-régime. Etablie en 2011, la commission d’enquête des Nations unies sur la Syrie a demandé, dimanche, à Hayat Tahrir Al Sham (HTC) et aux autres groupes armés de «faire très attention à ne pas perturber les preuves de violations et de crimes» en s’emparant des prisons, a rapporté le journal français Le Monde.
Israël s’acharne comme jamais sur la Syrie. On aurait pu penser qu’il accorderait un peu de répit à ce peuple qui sort d’une dictature sanglante qui lui a été imposée depuis 53 ans par le clan Al Assad.
On assiste depuis la chute de Bachar Al Assad à des scènes inquiétantes de violence vengeresse en Syrie : pendaisons sur la place publique, exécutions sommaires de membres de l’armée syrienne filmées et diffusées sur les réseaux sociaux ou encore l’incendie, mardi soir, du tombeau de Hafez Al Assad. Des scènes qui montrent que le rétablissement de la sécurité, la démilitarisation des milices et la mise en œuvre d’une justice transitionnelle sont l’un des grands défis qui attendent le premier gouvernement post-Al Assad.
Après avoir pris le contrôle de la zone tampon à la lisière de la partie du plateau du Golan occupé, en «violation» de l’accord de désengagement de 1974, selon l’ONU, Israël a mené des attaques massives contre les installations militaires syriennes.
Le tout premier chef de gouvernement de l’ère post-Al Assad, Mohammad Al Bashir, avait déjà été désigné en janvier 2024 pour diriger le gouvernement autonome d’Idleb appelé «Houkoumat al Inqadh» (Gouvernement du salut). Cette administration autonome avait été mise en place en 2017 alors que ce gouvernorat du Nord s’était complètement détaché du pouvoir central de Damas. C’est donc fort de cette expérience que cet ingénieur électronicien de formation a été choisi pour diriger la transition en Syrie.
Après l’émotion, un voile d’inquiétude. Car, comme souvent, la question est de savoir qui mettre à la place du dictateur supprimé, et comment trouver une «recette constitutionnelle» qui contente tout le monde, avec un calendrier, une feuille de route, un agenda clair l En parlant d’agenda, l’histoire des «printemps arabes» a démontré combien ce mot d’agenda peut être plein d’équivoque. Car, souvent, il fait penser à des factions servant un «agenda étranger». C’est d’ailleurs l’un des gros tests sur lesquels sont attendus Hayat Tahrir Al Sham et ses alliés : comment éviter que la Syrie soit mise sous «tutelle».
En 2011, de nombreux Syriens ont décidé de prendre le chemin de l’exil, quand Bachar Al Assad a réprimé dans le sang les manifestants qui demandaient son départ pendant la période des Printemps arabes.
La libération des geôles de Bachar Al Assad de dizaine de milliers de prisonniers de tous bords et de toutes tendances a provoqué des liesses de joie dimanche et hier, certes en Syrie, mais aussi un peu partout dans le monde où les réfugiés syriens sont établis.