L’Union européenne a décidé de suspendre une partie des sanctions qu’elle imposait du temps de Bachar Al Assad à la Syrie. C’est ce qu’elle a annoncé hier à travers un communiqué intitulé : «Syrie : l'UE suspend des mesures restrictives concernant des secteurs économiques clés». «Le Conseil (européen) a décidé aujourd'hui (hier, ndlr) de suspendre un certain nombre de mesures restrictives compte tenu de la situation en Syrie.
Cette décision s'inscrit dans le cadre des efforts déployés par l'UE pour soutenir une transition politique inclusive en Syrie, ainsi qu'un redressement, une reconstruction et une stabilisation économiques rapides», peut-on lire dans le communiqué. Détaillant le contenu de cette décision, le Conseil européen précise qu’il a pris la résolution de «suspendre les mesures sectorielles dans les domaines de l'énergie (y compris le pétrole, le gaz et l'électricité) et des transports», de «retirer cinq entités (la Banque industrielle, la banque du Crédit populaire, la banque de l’Epargne, la banque Coopérative agricole et la Syrian Arab Airlines) de la liste des entités soumises au gel des fonds et des ressources économiques». L’UE a décidé, en outre, «d’autoriser la mise à disposition des fonds et des ressources économiques au profit de la Banque centrale syrienne».
Maintien des restrictions sur les armes et le patrimoine
Cette levée partielle des restrictions consiste également en des «exemptions à l'interdiction d'établir des relations bancaires entre les banques et institutions financières syriennes sur le territoire des Etats membres». Ces exemptions ont été accordées «afin de permettre les transactions liées aux secteurs de l'énergie et des transports, ainsi que les transactions nécessaires à des fins humanitaires et de reconstruction», souligne le communiqué.
Dans le même esprit, l’Union européenne a concédé de «prolonger indéfiniment l'application de l'exemption humanitaire existante». Le Conseil européen a affirmé qu’il «poursuivra ses travaux et évaluera la possibilité de suspendre d'autres sanctions économiques» dans les jours qui viennent. «Il continuera également à suivre de près la situation dans le pays pour s'assurer que ces suspensions restent appropriées», a-t-il ajouté.
Par ailleurs, l’Union européenne a fait savoir que parallèlement à ces mesures, elle «maintient les listes (de sanctions, ndlr) relatives au régime Al Assad, au secteur des armes chimiques et au commerce illicite de stupéfiants».
«Donner un coup de fouet à l’économie syrienne»
Les restrictions qui ont été maintenues concernent également «le commerce des armes, les biens à double usage (comprendre : à usage civil et militaire, ndlr), le matériel de répression interne, les logiciels d'interception et de surveillance, et l'importation/exportation de biens du patrimoine culturel syrien». Les sanctions prises au début de la guerre civile syrienne en 2011 «ont été utilisées comme un outil contre le régime d'Al Assad, responsable de la répression violente de la population civile syrienne», explique le Conseil européen dans le même texte.
A la faveur de «la nouvelle ère» qui s’est ouverte après la chute du clan Al Assad, «tous les Syriens, dans le pays et dans la diaspora, devraient avoir la possibilité de participer à la reconstruction de leur pays», plaide l’UE. L’instance européenne se dit «aux côtés du peuple syrien en cette période de transition», conclut le communiqué.
Pour rappel, la cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, avait maintes fois exprimé son scepticisme vis-à-vis du nouveau pouvoir du fait du passé «djihahiste» d’Ahmad Al Charaa, le chef de la transition syrienne, déclarant que son gouvernement «sera jugé sur les actes» et exhortant les nouvelles autorités au respect des droits des minorités et à adopter une gouvernance inclusive.
Le 27 janvier dernier, l’Union européenne annonçait sa décision de procéder à une levée graduelle des sanctions imposées à la Syrie.
Les ministres des Affaires étrangères des 27 avaient fait part alors de leur résolution d’assouplir le régime de sanctions infligées à Damas depuis 2011. «Nous sommes parvenus à un accord politique pour commencer à alléger ces sanctions», s’était réjouie Kaja Kallas.
Pour elle, le fait de desserrer l’étau sur la Syrie, comme n’a eu de cesse de le revendiquer le nouveau pouvoir damascène, «pourra donner un coup de fouet à l’économie syrienne et l’aidera à se remettre sur pied». «Nous voulons agir rapidement, mais la levée des sanctions pourra être annulée si des mauvaises décisions étaient prises», avait averti Mme Kallas.