Les Etats-Unis vont nouer des relations avec la junte militaire au Niger, reconnaissant de fait la prise de pouvoir de l’armée lors d’un coup d’Etat en juillet, a rapporté hier le Financial Times. «Nous nous engageons dans la région de manière cohérente avec nos lois afin de pouvoir continuer à garantir la sécurité dans la région», a dit Judd Devermont, directeur des Affaires africaines au Conseil de sécurité nationale, cité par le Financial Times et repris par Reuters.
Alors que le spectre d’une intervention militaire de la Communauté économique de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) n’est pas tout à fait écarté, le Niger se voit progressivement privé de l’aide internationale.
Le fait d’avoir été admis comme médiateur dans la «crise politique interne» au Niger est, en soi, une victoire diplomatique pour notre pays. En effet, l’Algérie, qui a toujours prôné le dialogue politique pour résoudre les conflits et les crises politiques plutôt que l’intervention militaire, était attendue au tournant, notamment par les pays membres de la Cédéao et la France.
Après avoir mis en garde contre toute intervention militaire aux conséquences chaotiques pour la région, et averti qu’elle allait «répondre à toute menace susceptible de porter atteinte à la sécurité et à l’intégrité de notre pays», l’Algérie a fermé son espace aérien aux avions qui participeront à l’opération militaire que s’apprête à mener la Cédéao contre le Niger.
Les pays d’Afrique de l’Ouest ont reporté vendredi une réunion prévue hier sur le déploiement d’une force d’intervention pour rétablir le président Mohamed Bazoum renversé par un coup d’Etat au Niger. Prévue à Accra, cette réunion a été renvoyée sine die pour «des raisons techniques», selon des sources militaires régionales, selon l’AFP.
Des milliers de partisans des militaires au pouvoir au Niger, regroupés au sein du Conseil national pour sauvegarde de la patrie (CNSP), se sont rassemblés hier dans le calme près de la base militaire française à Niamey, en scandant des slogans hostiles à la France.
La Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), opposés au coup d’Etat au Niger, donne enfin la priorité à la diplomatie pour résoudre la crise après avoir un temps brandi la menace d’une intervention militaire.
L’Algérie, qui a opportunément condamné la violation de l’ordre constitutionnel au Niger, pays avec lequel elle partage une frontière de près de 1000 kilomètres, a toujours privilégié un traitement politique et diplomatique des situations de crise dans la région. Dans cet esprit, le processus d’Alger adopté pour le règlement de la crise malienne propose une approche globale, graduelle et consensuelle et jouit à ce jour de la confiance de l’ensemble des acteurs .
A l’instar de nombreux pays africains comme l’Algérie, les États-Unis sont convaincus «qu’il est encore possible de mettre fin au coup d’État» au Niger et veulent en tout cas laisser toutes ses chances à la diplomatie pour résoudre la crise, même si les efforts de Victoria Nuland, la numéro 2 du département d’État américain lundi soir à Niamey «n’ont permis aucune avancée».
Les dirigeants de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) vont à nouveau se réunir jeudi pour évoquer la situation au Niger, deux semaines après le renversement du président Mohamed Bazoum et la fin dimanche de leur ultimatum exigeant le retour à l'ordre constitutionnel sous peine d'utiliser la «force».
Le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ahmed Attaf, a reçu hier un appel téléphonique du Haut représentant de l’Union européenne pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité, Josep Borrell, lors duquel ils ont évoqué les développements de la situation au Niger. L’entretien téléphonique a porté, selon un communiqué du ministère, sur «les développements inquiétants en République du Niger».
Après la Centrafrique, la Mali et le Burkina Faso, c’est au tour du Niger d’annoncer la rupture de sa coopération militaire avec la France.