Crise au Niger : L’option de la solution diplomatique commence à s’imposer

09/08/2023 mis à jour: 04:31
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A l’instar de nombreux pays africains comme l’Algérie, les États-Unis sont convaincus «qu’il est encore possible de mettre fin au coup d’État» au Niger et veulent en tout cas laisser toutes ses chances à la diplomatie pour résoudre la crise, même si les efforts de Victoria Nuland, la numéro 2 du département d’État américain lundi soir à Niamey «n’ont permis aucune avancée». 

Malgré tout, Washngton affirme que les tentatives de négociations vont se poursuivre. «Il est certain que la diplomatie est le moyen préférable pour résoudre cette situation. C’est la démarche de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), c’est notre démarche et nous soutenons les efforts de la Cédéao pour rétablir l’ordre constitutionnel», a déclaré à ce propos le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken. 

Certains pays européens insistent également sur la nécessité de donner plus de temps à une solution diplomatique. L’Italie et l’Allemagne estiment que les efforts de médiation n’en sont qu’à leurs débuts. Appel partagé par l’Afrique du Sud. Pretoria dit espérer que la Cédéao aura des interactions fructueuses avec le Comité national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) au pouvoir actuellement à Niamey. 
 

Pour le moment, les contacts sont difficiles aussi entre les dirigeants de la Cédéao et le CNSP. Ce dernier a d’ailleurs informé hier la Cédéao, dont une délégation voulait se rendre à Niamey, qu’elle ne pouvait pour l’instant pas venir pour des raisons «de sécurité». «Le contexte actuel de colère et de révolte des populations suite aux sanctions imposées par la Cédéao ne permet pas d’accueillir la dite délégation dans la sérénité et la sécurité requises», indique une lettre officielle du ministère nigérien des Affaires étrangères adressée à la représentation de la Cédéao à Niamey. Une manière sans doute de faire comprendre que la population nigérienne considère la Cédéao comme indésirable. 

«Le report de la mission annoncée» pour mardi (hier, ndlr) «à Niamey s’avère nécessaire, tout comme la révision de certains aspects du programme, dont les rencontres avec certaines personnalités qui ne peuvent avoir lieu pour des raisons évidentes de sécurité, dans cette atmosphère de menace d’agression contre le Niger», ajoute cette lettre datée de lundi.La Cédeao a, rappelle-t-on, menacé d’intervenir militairement au Niger pour rétablir dans ses fonctions le président Mohamed Bazoum, renversé par un coup d’Etat le 26 juillet. 

Cette menace, sous forme d’un ultimatum de sept jours fixé aux militaires nigériens le 30 juillet par les dirigeants de la Cédéao, n’a pas été mise à exécution à son expiration dimanche soir, l’organisation souhaitant visiblement privilégier la voie du dialogue. Surtout que l’option militaire a été décriée partout sur le continent. 

Une intervention militaire au Niger de l’organisation des Etats ouest-africains pour rétablir le pouvoir du président Mohamed Bazoum pourrait être «une catastrophe», a prévenu lundi à Bamako le chef de la diplomatie malienne, opposé à un recours à la force contre les militaires au pouvoir à Niamey. «La force militaire qui a été utilisée dans d’autres pays voisins ou dans d’autres contrées, on en voit les résultats. 

C’est une catastrophe», a déclaré le ministre Abdoulaye Diop en présence de son homologue burkinabè Olivia Rouamba lors d’un événement visant à approfondir les relations bilatérales entre les deux pays. «L’Irak a été envahi pour apporter la démocratie. Vingt ans après, (le pays) se cherche. La Libye... on peut citer encore» d’autres Etats, a dit M. Diop, en allusion au chaos politique et sécuritaire dans ce pays nord-africain après une intervention internationale ayant provoqué la chute Mouammar El Gueddafi. «Le Burkina comme le Mali, nous nous opposons à toute idée d’une ingérence ou d’une intervention militaire extérieure pour répondre à des problèmes politiques internes», a dit M. Diop. Il a dit ne pas pouvoir «comprendre que la Cédéao puisse disposer d’une force militaire pour aller rétablir des autorités déchues» au Niger et que «nous n’ayons jamais reçu une kalachnikov (un fusil d’assaut) pour nous aider» contre les attaques terroristes.

Une source proche de la Cédéao a finalement confié à la presse occidentale qu‘une intervention n’est pas envisagée à ce stade, et la voie du dialogue semble donc toujours sur la table. Un nouveau sommet des chefs d’Etat de la Cédéao sur la situation au Niger est prévu demain (jeudi) à Abuja, capitale du Nigeria qui assure actuellement la présidence tournante de l’organisation régionale. 

En attendant que le contact se rétablissent entre Niamey et la Cédéao, le CNSP continue de placer ses hommes dans les différents rouages de l’Etat. Il a annoncé lundi soir la nomination d’un Premier ministre, Ali Mahaman Lamine Zeine, dans un communiqué lu à la télévision nationale. Ali Mahaman Lamine Zeine fut en 2010 ministre des Finances de l’ancien président Mamadou Tandja. 

Le lieutenant-colonel Habibou Assoumane a également été nommé commandant de la garde présidentielle. 

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