Journée mondiale de l’eau : Le monde a de plus en plus soif

23/03/2023 mis à jour: 01:53
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U ne crise mondiale de l’eau est imminente.» C’est l’auguste ONU qui en fait l’alerte. «Une surconsommation et un surdéveloppement vampiriques, une exploitation non durable des ressources en eau, la pollution et le réchauffement climatique incontrôlé sont en train d’épuiser, goutte après goutte, cette source de vie de l’humanité», avertit le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, dans l’avant-propos d’un rapport publié à la veille de la Conférence des Nations unies sur l’eau, qui s’est ouvert hier à New York. 

Le rapport nous apprend que deux milliards de personnes n’ont pas accès à l’eau potable dans le monde et 3,6 milliards ne bénéficient pas des services d’assainissement gérés de façon sûre. Les bouleversements en série induits par le réchauffement climatique sont de plus en plus observables et touchent de manière dramatique le potentiel mondial en ressources hydriques. 

S’il est connu que des régions du monde, telles que l’Afrique subsaharienne et de grands territoires de l’Asie, sont depuis des décennies aux prises avec la raréfaction chronique de la ressource, des zones jusque-là épargnées, voire privilégiées par la nature, commencent à connaître des contextes de crise qui appellent l’intervention des gouvernements. 

Le sud de l’Europe est désormais une zone qui doit apprendre à composer avec la sécheresse structurelle et à se chercher des solutions. Au 1er mars, le Bureau des recherches géologiques et minières (BRGM) français, dans son bulletin sur la situation en France repris par l’AFP, notait que «l’ensemble des nappes affichent des niveaux sous les normales et 80% des niveaux sont modérément bas à très bas». Le Bureau ajoute que la situation s’est dégradée et que «la reconstitution des stocks d’ici le printemps reste difficilement envisageable sur les nappes réactives (les plus sensibles à la pluie) affichant des niveaux très bas». 


Rationnement en Europe

L’Italie fait face à son tour à la «pire sécheresse depuis au moins 70 ans» En juillet dernier, le principal syndicat d’agriculteurs dans la péninsule tirait la sonnette d’alarme sur la gravité de l’impact sur la filière. Le syndicat déplorait qu’au cours de l’hiver et du printemps précédents, les moyennes saisonnières de neige et de pluie se sont effondrées : entre 60 et 80% de déficit. Le Conseil des ministres italien a dû décréter l’état d’urgence dans plusieurs régions du pays. L’hiver vient de passer et la situation ne s’est pas améliorée. Un plan de rationnement de l’eau potable est envisagé dans la péninsule, alors que l’approvisionnement de 3,5 millions de personnes n’y est plus garanti. 

Pour revenir au continent noir, la situation dans la Corne de l'Afrique est décrite comme «désastreuse» par l’ONU, en cause une sécheresse endémique qui s’est fortement aggravée ces quatre dernières années. Les instances onusiennes spécialisées estiment que près de 21 millions de personnes y sont en situation d’«insécurité alimentaire élevée». 

Stress hydrique permanent 

Notre pays n’échappe pas à ces bouleversements. Le stress hydrique s’installe, même si l’on est encore loin de la cote d’alarme. L’investissement consenti dans le secteur des ressources hydriques arrive à amortir la raréfaction de la ressource mobilisable. 75 barrages sont en exploitation, alors que 10 autres sont en cours de réalisation.

Même si ces ouvrages ne se remplissent plus depuis des années, ils permettent un appoint en AEP et en irrigation qui maintient la situation dans les limites du gérable, certes relativisé parfois par des tensions locales sur l’eau, notamment en été. Il y a également l’apport de plus en plus décisif des stations de dessalement de l’eau de mer (21 en exploitation en attendant 7 autres en cours de réalisation). 

Pour l’année en cours, et au moment où l’on boucle pratiquement une saison des pluies qui confirme une tendance à la baisse des moyennes pluviométriques (un taux de remplissage des barrages à peine au-dessus des 30%), les autorités reconduisent le plan d’urgence adopté en matière d’AEP, soit une économie de la ressource par des restrictions sur la distribution, en espérant un printemps généreux en précipitations.
 

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