Les prix du pétrole et du gaz sont au plus haut suite aux opérations militaires russes en Ukraine. Hier, les cours du pétrole évoluaient aux alentours de 100 dollars, après le bond spectaculaire enregistré jeudi, à plus de 105 dollars pour le Brent, un seuil jamais égalé depuis 2014, suite aux attaques russes contre l’Ukraine.
Le marché gazier est aussi en ébullition suite aux craintes d’approvisionnement, ce qui a enflammé les prix sur les plateformes européennes. Sur le TTF (Title Transfer Facility) des Pays-Bas, les cours de référence du mégawattheure (MWh) ont bondi de 69% à 142 euros, après avoir atteint 138 euros lors de la séance de cotation, alors que sur la plateforme du Royaume-Uni, les cours ont augmenté de plus de 30%, au plus haut niveau depuis deux mois. Des cours qui risquent de rester au plus haut sur les marchés du gaz, où aucun pays ne peut remplacer les volumes que la Russie fournit à l’Europe.
La flambée du pétrole, qui se poursuit depuis des semaines, pousse ainsi le brut au-dessus du seuil de rentabilité pour presque tous les producteurs, ce qui laisse entrevoir la perspective d’importants excédents budgétaires, notamment pour les plus gros producteurs, mais aussi pour les économies les plus modestes, si les prix restent élevés.
UNE OCCASION POUR L’ALGÉRIE
Une occasion pour l’Algérie de procéder aux investissements nécessaires, en vue d’une véritable relance économique, d’éviter les erreurs du passé, de reconstituer ses réserves de change, mais surtout d’accélérer la diversification économique, pour sortir de l’engrenage des hydrocarbures et se préparer à affronter, avec plus de sérénité, un épisode «moins heureux» sur le front pétrolier et gazier.
La courbe de cotation de l’or noir continue de s’amplifier en raison des craintes de perturbations de l’approvisionnement mondial en gaz et pétrole, même si aucune sanction occidentale ne touche les flux de pétrole et de gaz russes, le pays étant le deuxième producteur mondial de brut et le plus important fournisseur de gaz de l’Europe, avec plus de 40% des approvisionnements des pays du Vieux Continent. La situation en Ukraine maintiendra, selon des analystes, à maintenir les prix élevés, dans une fourchette de 90 à 110 dollars, dans un environnement de demande en hausse et d’offre limitée à l’échelle mondiale. Les marchés pétroliers sont particulièrement vulnérables aux chocs d’approvisionnement au vu de la diminution des stocks mondiaux de pétrole, au plus bas depuis sept ans.
LES états-unis POURRAIENT LIBÉRER des stocks stratégiques de pétrole
Face à l’envolée des prix, l’administration américaine a indiqué qu’elle pourrait chercher à libérer des stocks stratégiques de pétrole. Une initiative déjà appliquée ces dernières semaines, mais sans grand impact, au vu des fondamentaux du marché et des facteurs géostratégiques qui continent de peser sur la courbe de l’or noir. De plus, la Chine a signifié qu’elle ne s’impliquerait pas dans cette démarche, au vu des raisons conjoncturelles actuelles de la flambée des prix. Si le Japon et l’Australie ont indiqué qu’ils pourraient faire partie d’une libération de réserves internationales, la Chine a déclaré qu’elle n’avait pas l’intention d’intervenir dans l’immédiat sur les marchés pétroliers. Un porte-parole de Pékin a précisé qu’il n’envisagerait une telle décision que lorsque la situation géopolitique se sera stabilisée.
Dans ce contexte, les pays consommateurs regardent vers l’Opep+ espérant un accroissement des augmentations de production, notamment de la part des grands producteurs de brut du Golfe, mais tout porte à croire, au vu de différentes déclarations des membres de l’alliance, que cette option est à écarter, la prochaine réunion de l’Opep+, prévue début mars, devant reconduire le programme en cours depuis des mois. La réticence de l’Opep à répondre aux demandes occidentales de libérer plus de brut est aussi motivée par les possibles répercussions d’un dénouement des discussions indirectes entre les Etats-Unis et l’Iran sur le nucléaire, à Vienne, ce qui pourrait conduire à la levée des sanctions sur les ventes de pétrole iranien et à l’augmentation de l’offre mondiale.
Les analystes affirment que le Brent devrait rester au-dessus de 100 dollars le baril jusqu’à ce que des approvisionnements alternatifs importants soient disponibles à partir du schiste américain, ce qui est improbable à court terme, au vu du déclin des forages, ou de l’Iran en cas d’accord sur le nucléaire.