Faut-il laisser tomber l’UNRWA ?

01/02/2025 mis à jour: 12:18
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Israël continue de faire la loi au Proche-Orient prenant unilatéralement des décisions, en violation des lois internationales. Jeudi, il a encore imposé son diktat en interdisant toute activité à l’UNRWA, un crime impardonnable parce que cette organisation est un instrument irremplaçable qui a été créé en 1949 par l’ONU pour prendre en charge les réfugiés palestiniens chassés de leurs terres et de leurs maisons par les occupants israéliens. 

Elle fera des miracles. L’UNRWA a de tout temps été très mal vue part les Israéliens. C’est un témoin gênant qui observe les injustices israéliennes perpétrées à l’égard d’un peuple désarmé qui ne fait que survivre, mais qui s’accroche bec et ongles à la terre de ses ancêtres. Le Hamas va lui donner le prétexte pour se débarrasser de l’encombrante organisation. Le 7 octobre 2023, il s’attaque à des Israéliens qui faisaient la fête, prenant des dizaines d’entre eux en otage. 

Quelle aubaine pour Israël ! Les dirigeants israéliens coutumiers des coups bas et ne ratant jamais les occasions qui se présentent à eux. Ils affirment que parmi les assaillants, certains d’entre eux sont des salariés de l’UNRWA. Ils parlent même de 19, mais ne donnent aucun nom, ni des images des pseudo-terroristes. L’UNRWA est contrainte de faire sa propre enquête. Elle licencie 9 employés sur la base de déclarations israéliennes. 9... sur 33 000 employés. 

L’occasion est trop belle pour Netanyahu qui charge l’organisation de tous les maux et décide d’ordonner purement et simplement la cessation de toutes ses activités. La manœuvre est tellement grossière qu’elle tétanise la communauté internationale qui se trouve pieds et poings liés. 

Aucun pays ne marche dans la combine, car considérant que l’UNRWA, avec son expérience de 70 ans, est un outil irremplaçable pour l’organisation multiforme de l’aide aux réfugiés palestiniens. Surtout personne ne croit que les dirigeants israéliens iront jusqu’au bout de leur logique. Mais l’affaire est tombée en pleine campagne électorale américaine. Joe Biden soutient aveuglément et sans conditions Israël dans sa guerre sanglante contre les civils palestiniens. Mais il y avait plus pro-Israélien que lui pour faire de la surenchère. Donald Trump est là pour dire qu’il faut «nettoyer» la terre de ces encombrants Palestiniens.

 Non seulement il est d’accord pour la liquidation de l’UNRWA, mais il soutient le plan de l’extrême droite israélienne qui travaille pour l’annexion de la Cisjordanie. Il va plus loin en proposant la déportation des Ghazaouis en Egypte et en Jordanie sans même prendre la peine de demander l’avis des dirigeants égyptien et jordanien. 

C’est un tollé de par le monde face à son projet de déportation digne des Nazis. Même les pays qui avaient soutenu Israël inconditionnellement condamnent ce crime contre l’humanité en gestation. Car sur le terrain, les Israéliens agissent. Ils refont en Cisjordanie ce qu’ils ont fait à Ghaza. Ils ordonnent aux Palestiniens de Jénine de quitter la ville qui va être bombardée par l’aviation et des missiles gracieusement offerts par les Etats-Unis. Les colons se déchaînent contre les Palestiniens désarmés. Les snipers répandent la terreur. 

L’armée n’y va pas de main morte. Selon des témoignages rapportés par l’envoyée spéciale de France 24, les militaires israéliens pénètrent dans les foyers des Palestiniens et leur ordonnent : «Partez d’ici et ne revenez pas. Vous n’êtes pas chez-vous ici.» A croire que le 7 octobre est de la poudre aux yeux, pour préparer le terrain à un plan criminel plus vaste visant à annexer Ghaza et la Cisjordanie à Israël. Un plan diabolique pour ajouter de l’injustice sur l’injustice. D’ailleurs, Trump a convoqué pour mardi prochain Netanyahu à Washington sans doute pour mettre au point les derniers détails de la «solution finale» pour les Palestiniens. C’est pour cela que les deux complices sont d’accord pour liquider l’UNRWA, une organisation qui a travaillé pour la dignité du peuple palestinien et alléger le poids lié au déracinement et à l’exil.

 Grâce au travail de cette organisation, l’analphabétisme est inexistant chez les Palestiniens qui ont su exploiter cette opportunité pour se faire respecter et imposer la reconnaissance de leurs droits sur la scène internationale. Ils ne perdent ni l’espoir ni leur dignité. Ceux qui retournent dans le nord de Ghaza précisent qu’ils veulent retrouver leurs maisons, même si sont  détruites, et cela leur suffit pour l’instant. Mais ils n’accepteront jamais d’aller vivre hors de la terre de leurs ancêtres. Ils sont convaincus que l’UNRWA ne pourra pas mourir. Un signe ? La Norvège a versé 24 millions de dollars à l’Organisation, sa quote-part. 

Il suffit que le monde arabe sorte de sa léthargie et dire non au complot de Trump et de Netanyahu pour enrayer le climat de capitulation qui flotte dans l’air. 

Ce n’est pas un psychopathe comme Netanyahu qui va dicter sa loi au monde. Dans le cas contraire, l’ONU, l’Unesco, l’Unicef et toutes les autres organisations n’ont plus qu’à faire leur deuil. Le mal aura gagné. Mais l’ONU a décidé de relever le défi : l’UNRWA vivra. 

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