Érigée dans le quartier du coudiat en hommage aux maîtres du malouf à Constantine : La fresque de la honte

16/03/2025 mis à jour: 04:53
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Ce n’est pas de cette manière qu’on rend hommage à ces maîtres de la culture dans la ville ! - Photo : El Watan

Cela fait des années que cette fresque, qui se trouve pourtant en plein centre-ville, s’est complètement dégradée, sans susciter la moindre réaction de la part des responsables locaux.

L’image est choquante. Pourtant, elle se trouve en plein centre-ville de Constantine, à quelques pas de la place Colonel Amirouche (ex-La pyramide), juste à l’entrée du célèbre quartier du Coudiat, en face de la mosquée El Istiqlal, sur le boulevard de la Liberté, par lequel passent des centaines de touristes étrangers emmenés vers le musée national Cirta pour découvrir l’histoire et les vestiges de la cité du Vieux Rocher, mais personne ne s’est aperçu, malheureusement, de cet ultime «outrage» causé aux maîtres du malouf et de la culture dans la ville de Constantine.

Pourtant, encore une fois, cela dure depuis des années, et personne n’a osé réagir parmi les élus du peuple, les autorités locales et autres représentants de la culture qui se sont succédé dans la ville. On semble même banaliser un fait qui, sous d’autres cieux, aurait provoqué un véritable scandale. 

Des habitants du quartier du Coudiat et du centre-ville, ayant pris attache avec El Watan pour dénoncer ce qu’ils qualifient de «véritable mascarade» qui perdure, affirment qu’ils ont vraiment mal au cœur de voir passer sous silence cette image désolante et indigne de ces maîtres de la culture dans la ville du Vieux Rocher.

«Comment les autorités ont-elles osé laisser cette fresque se dégrader à ce point, c’est du mépris pour ces hommes qui ont donné ses lettres de noblesse au malouf à Constantine, en Algérie et même à l’étranger, pour connaître ce triste sort, c’est vraiment regrettable de le dire», dénoncent nos interlocuteurs.

Pour l’histoire, la fresque de sept mètres de long sur environ deux mètres de hauteur a été réalisée en 2002, puis érigée sur un mur situé juste à l’entrée du quartier du Coudiat dans le but de rendre hommage à cinq grands maîtres du malouf et d’autres genres musicaux, tels el mahdjouz, el hawzi, el aroubi, les zdjouls et le medh.

Des citoyens s’interrogent

Il s’agit, selon l’ordre de présentation sur la fresque de gauche à droite, des cheikhs Omar Chaqleb, de son vrai nom Chennoufi Omar (1902-1946), Hsouna Ali Khodja (1896-1971), Kaddour Darsouni (1927-2020), Mohamed-Tahar Fergani (1928-2016) et Abdelmoumen Bentobal (1928-2004), dont les portraits ont été placés au-dessous de l’expression «Constantine ville de la science et de la culture», inscrite entre deux blasons de la ville.

Depuis, que reste-t-il de cet hommage ? Une image hideuse d’une fresque dont une partie s’est décollée au-dessus du portrait de Abdelmoumen Bentobal, alors que les portraits se sont effacés avec le temps, notamment ceux de Mohamed-Tahar Fergani, Hsouna Ali Khodja et Omar Chaqlab, et les noms sont devenus illisibles, ce qui dénote de la mauvaise qualité du travail, qui n’a pas résisté aux aléas climatiques. «Ce n’est pas de cette manière quee l’on rend hommage à ces maîtres ; c’est vraiment honteux», déplorent des habitants de la ville.

Des citoyens s’interrogent encore sur le fait que des opérations d’aménagement et d’embellissement ont été réalisées sur la place Colonel Amirouche et certaines rues situées aux alentours, y compris au quartier du Coudiat, sans que cette fresque «délabrée» n’attire l’attention des responsables.
 

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