Le Hezbollah a nié toute implication dans les tirs de roquettes qui ont été à l’origine des représailles israéliennes. Dans un communiqué publié samedi, le parti chiite libanais a fait remarquer que «les allégations de l’ennemi israélien s’inscrivent dans le cadre des prétextes avancés pour poursuivre ses attaques contre le Liban, et qui n’ont pas cessé depuis l’annonce du cessez-le-feu».
Regain de tension au Liban où l’entité sioniste mène depuis samedi des frappes meurtrières qui ont ciblé plusieurs localités du Sud en riposte à des tirs de roquettes attribués au Hezbollah. La journée d’avant-hier a été particulièrement sanglante, avec pas moins de 8 morts enregistrés suite aux raids israéliens.
«Des tirs de roquettes depuis le Liban-Sud en direction de Metoula, dans le nord d’Israël, ont provoqué samedi un déferlement de feu israélien, avec deux vagues de frappes distinctes, en début d’après-midi et dans la soirée, qui ont fait au moins huit morts, dont une fillette de nationalité syrienne», rapporte le quotidien libanais L’Orient-Le-Jour. Hier, l’armée israélienne est revenue à la charge en déclenchant une nouvelle série de raids.
Selon l’agence nationale d’information libanaise (ANI), un drone israélien a visé un véhicule civil dans la ville de Aïta Al Chaab, tuant une personne. «La frappe israélienne de ce matin (hier, ndlr) à Aïta Al Chaab a tué Hassam Nehmé E Zein. Son café avait été ciblé pendant la nuit par des tirs d’artillerie. Selon des habitants, il s’était rendu sur les lieux ce matin pour inspecter les dégâts quand un drone l’a pris en chasse avant de tirer un missile sur son véhicule», détaille L’Orient-Le-Jour.
Et de préciser : «C’est le neuvième mort dans les frappes israéliennes de ce week-end après les huit victimes de samedi, dont au moins un membre confirmé du Hezbollah, Redouane Salim Awada, tombé à Qlaylé, dans le caza (département, ndlr) de Tyr. Cinq autres personnes, dont un Syrien et sa fille, ont été tuées à Touline, dans le caza de Nabatiyé, et deux autres à Tyr».
Le Hezbollah nie toute implication dans les tirs de roquettes
Les dernières attaques israéliennes, notamment les raids de samedi, constituent «l’escalade la plus violente depuis l’entrée en vigueur du cessez-le-feu en novembre», note l’AFP. Le Hezbollah a nié toute implication dans les tirs de roquettes qui ont été à l’origine des représailles israéliennes.
Dans un communiqué publié samedi, le parti chiite libanais a en effet «démenti toute implication dans le lancement de roquettes depuis le sud du Liban vers les territoires palestiniens occupés». Le mouvement de résistance libanais considère que «les allégations de l’ennemi israélien s’inscrivent dans le cadre des prétextes avancés pour poursuivre ses attaques contre le Liban, et qui n’ont pas cessé depuis l’annonce du cessez-le-feu».
Le Premier ministre libanais, Nawaf Salam, a mis en garde contre «la reprise des opérations militaires à la frontière sud, car, a-t-il prévenu, elles risquent d’entraîner le pays dans une nouvelle guerre qui serait désastreuse pour le Liban et les Libanais». «Seul l’Etat a le pouvoir de décider de la guerre et de la paix», a-t-il martelé.
Nous apprenons par ailleurs que Nawaf Salam a saisi la coordinatrice de l’ONU au Liban, Jeanine Hennis-Plasschaert, pour demander à ce que les Nations unies «redoublent leur pression internationale sur Israël, pour qu’il se retire totalement des territoires libanais toujours occupés», soulignant que «cette occupation constitue une violation de la résolution 1701 de l’ONU et des accords de cessation des hostilités approuvés par le précédent gouvernement en octobre dernier, que le Liban s’est engagé à respecter».
L’armée israélienne dit «avoir intercepté trois roquettes lancées vers Metula, dans le nord du pays et a riposté avec des obus d’artillerie et des tirs de mitrailleuse sur les caza de Nabatiyé et Marjeyoun au Liban-Sud», indique L’Orient-Le-Jour. Jusqu’à présent, «aucun groupe n’a revendiqué les tirs vers Israël», ajoute le journal francophone libanais.
«Une mise en œuvre complète du cessez-le-feu»
Cette escalade de tensions a replongé le pays dans le cauchemar de la récente guerre entre le Hezbollah et Israël. Les hostilités ont commencé pour rappel le 8 octobre 2023 lorsque le Hezbollah a ouvert un «front de soutien» à Ghaza.
Quelques jours à peine après l’opération spectaculaire des pagers et des talkies-walkies piégés lancée par Israël, l’entité sioniste a lancé une vaste offensive militaire contre le Liban qui a duré du 23 septembre au 27 novembre 2024, faisant des centaines de morts et de blessés.
«Les affrontements ont fait plus de 3800 morts et près de 15 000 blessés, essentiellement des civils côté libanais, alors qu’une centaine de soldats et de civils israéliens ont perdu la vie», indique RFI en dressant le bilan de l’ensemble de la séquence, soit du 8 octobre 2023 au 27 novembre 2024. Le point d’orgue de cette séquence a été l’assassinat du leader historique du Hezbollah, Hassan Nasrallah, le 27 septembre dans un bombardement massif de son QG à Beyrouth.
Réagissant à la nouvelle escalade des dernières quarante-huit heures, plusieurs personnalités politiques libanaises ont pris la parole pour appeler à préserver le fragile cessez-le-feu dans la région. Le chef du parti Forces Libanaises Samir Geagea dira selon des propos rapportés par l’agence de presse libanaise ANI : «Nous avons lutté ces dernières années pour établir un véritable Etat au Liban, et nous avons gagné ce pari en reconstruisant l’Etat tout en élisant un nouveau président de la République (Joseph Aoun, ndlr), en désignant le Premier ministre Nawaf Salam et en formant le gouvernement.»
Et le chef des Forces libanaises d’exprimer son étonnement de voir «lancer de nouvelles roquettes vers Israël», déplorant le fait que «l’Etat est encore absent, ce qui menace de (…) causer davantage de pertes humaines et matérielles».
De son côté, Walid Joumblatt, ancien leader du Parti socialiste progressiste, a publié un post sur la plateforme X dans lequel il fera remarquer : «La guerre récente a prouvé que les tirs de roquettes dans le cadre du rapport de forces politique et militaire actuel n’apporteront que destruction et dévastation. Nous insistons donc sur la mise en œuvre des résolutions internationales et de l’accord d’armistice et sur l’extension de la souveraineté de l’Etat sur l’ensemble du territoire libanais.»
Le Secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmed Aboul Gheit, a réaffirmé pour sa part le soutien de l’organisation panarabe au Liban en mettant l’accent sur la nécessité d’une «mise en œuvre complète de l’accord de cessez-le-feu» entre le Hezbollah et Israël. «Les autorités libanaises ont signalé près de 1100 violations de la trêve par l’armée sioniste, ayant fait au moins 92 martyrs et plus de 285 blessés», affirme l’APS.